"Mon enfance est une enfance absolument absente des livres" : épisode 1/5 du podcast Arlette Farge, une historienne de la marge

Arlette Farge en 1999.
Arlette Farge en 1999. ©Getty - Frédéric SOULOY/Gamma-Rapho
Arlette Farge en 1999. ©Getty - Frédéric SOULOY/Gamma-Rapho
Arlette Farge en 1999. ©Getty - Frédéric SOULOY/Gamma-Rapho
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Premier entretien d'"A voix nue" avec Arlette Farge qui revient sur son enfance modeste tenue à l'écart des livres et raconte comment après avoir fait des études de droit qu'elle n'avait pas choisies, elle bifurque vers l'histoire de la criminalité au 18ème siècle.

Avec
  • Arlette Farge historienne spécialiste du 18e siècle, directrice de recherches en histoire au CNRS

L'historienne Arlette Farge, invitée d' "A voix nue", est interrogée sur son enfance qu'elle a passée dans les Ardennes dans les années 1940. Sa réponse est sans détours : "[Mon enfance] ne ressemblait à rien. D'ailleurs je n'en ai pas de souvenirs, et c'est un handicap." Et de poursuivre, "c'est une enfance absolument absente des livres" du fait du milieu modeste de ses parents. Seule fille de la famille, c'est grâce à l'intervention de ses deux grands frères qu'elle peut suivre des études supérieures alors que sa mère la voyait rester à la maison ou bien exercer la profession d'orthophoniste. Ses études, Arlette Farge ne les choisit pas, ce sera du droit, matière imposée par sa mère. "C'était un bonheur fou" de rentrer à l'université se souvient-elle et peu importait le cursus. Elle se voit alors juge pour enfants mais sur les conseils d'une professeure, elle finit par bifurquer vers l'histoire.

En 1969, elle part à l'université Cornell à Ithaca dans l'Etat de New York et se retrouve en plein dans les luttes des étudiants noirs pour leurs droits civiques et dans le combat des féministes américaines. A son retour en France, Arlette Farge participe à des réunions féministes mais le fait d'être mère est très mal vu par le groupe et elle se sentait stigmatisée et exclue, "comme un curé qui se marie !

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C'est l'historien Robert Mandrou, disciple de Lucien Febvre, qui la prend sous ses ailes pour sa thèse. De lui, elle dit aimer particulièrement son esprit iconoclaste, moqueur, d'une grande liberté, il était "infernal et génial". Sa thèse était consacrée au vol d'aliments à Paris au 18ème siècle, le sujet a pris de surprise le milieu universitaire de l'époque qui ne se préoccupait pas de l'histoire de la criminalité. "Il m'est même arrivé de ne jamais la mettre dans ma bibliographie parce que ça fait rire tout le monde !", confie-t-elle encore amusée de cette situation.

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