

Naître en Algérie d’un père algérien et d’une mère française, tous deux instituteurs, apprendre à écrire les prénoms des bonnes de la maison, Fatima et Aïcha, souffrir du rejet des garçons arabes et des filles de colons.
Leïla Sebbar (écrivaine).
Leïla Sebbar est née en Algérie en 1941, d’un père algérien et d’une mère française, tous deux instituteurs. Elle grandit à Hennaya, près de Tlemcen, puis à la cité du Clos Salembier, à Alger. Son père est directeur de l’école des garçons, sa mère institutrice, et avec son frère ainé et ses deux sœurs cadettes, ils vivent dans la maison de l’école.
Très tôt, elle apprend à lire et écrire en français, elle écrit même un premier roman à 7 ans, qu’elle auto-publie. Son père ne lui enseigne pas sa langue, l’arabe, et c’est à partir de ce manque, que plus tard, elle écrira.
J'ai écrit une histoire pour enfants qui s'inspirait de "Boucle d'or". (...) Je voulais une petite héroïne blonde et c'était ma première fugueuse. Je me suis aperçue que par la suite dans mes livres, j'ai mis en scène beaucoup de fugueuses parce que que j'ai été trop longtemps enfermée_,_ je pense. Dans cette Algérie coloniale, les filles ne sortaient pas. Elles sortaient accompagnées.

Etre fille d’un couple mixte, à la veille de la guerre d’indépendance algérienne, ce n’est pas si facile : Leïla Sebbar se sent différente et les garçons arabes, avec leurs insultes, ainsi que les filles de la colonie, avec leurs questions inquisitrices sur ses origines, renforcent le sentiment d’isolement. Elle se réfugie dans les livres.
Parce que c'était le début de la guerre, j'ai su qu'être la fille de ce qu'on appelait un couple mixte, et il y en avait très peu en Algérie à ce moment là, c'était pratiquement un délit. Etre la fille d'une Française, ça voulait dire pour les filles Algériennes que j'étais du côté du colonisateur et être la fille d'un d'un arabe, ça voulait dire que j'étais du côté des fellaghas. Et donc, je n'étais admise ni d'un côté ni de l'autre.
Une série d'entretiens proposée par Pauline Maucort, réalisée par Doria Zenine. Prise de son : Nicolas Mathias. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.

Remerciements à toute l'équipe de la Société des Gens de Lettres qui nous ont ouvert le salon Colette où nous avons enregistré cette série d'entretiens. Et particulièrement à Hervé Monceaux, Alexis Monceaux et David Robin.
Remerciements aux éditions Bleu Autour, en particulier le précieux concours de Patrice Rotig, d'Emmanuelle Boucaud, de Laëtitia Bernadon, de Sébastien Pignon de Mathias Sabourdin.
Pour aller plus loin
- Leïla Sebbar : la mémoire traversière. Diacritik, Catherine Simon, 29 novembre 2016.
- Correspondances entre Nancy Houston et Leïla Sebbar. Présentée par Martine Jacob, diffusée sur RCF Limousin.
- Leïla Sebbar " Je ne parle pas la langue de mon père ", Confluences Méditerranée, 2003/2 (N° 45), p. 171-184.
- La nuit rêvée de … Leïla Sebbar. Par Geneviève Hutin. France Culture.
- La revue Sorcières sur le portail Persée-Féminismes en revue.
- Les cahiers du GRIF sur le portail Persée.
Bibliographie sélective
A paraître au printemps "Lettre à mon père" et "Leïla Sebbar & Isabelle Eberhardt", aux éditions Bleu autour.
- Dans la chambre , Editions Bleu autour, 2019
- Sous le viaduc, Editions Bleu autour, 2018.
- A l’école en Algérie, Editions Bleu autour, 2018.
- L’Orient est rouge, Editions Elyzad, 2017.
- Je ne parle pas la langue de mon père , Editions Bleu autour, 2016.
- Une enfance dans la guerre, Editions Bleu autour, 2016.
- L’enfance des français d’Algérie avant 1962, Editions Bleu Autour, 2014.
- Le pays de ma mère, voyage en Frances, Editions Bleu autour, 2013.
- Ecrivain public, Editions Bleu Autour, 2012.
- L’Arabe comme un chant secret, Editions Bleu autour, 2010.
- Shérazade, 17 ans, brune, frisée, les yeux verts, Editions Bleu autour, 2010.
- Femmes d’Afrique du Nord, Editions Bleu autour, 2010.
- Les femmes au bain, Editions Bleu autour, 2009.
- Voyage en Algéries autour de ma chambre , Editions Bleu autour, 2008.
- Isabelle l’Algérien , Editions Al Manar, 2005.
- Fatima ou les algériennes au square, Editions Stock, 1981.
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