Épisode 4/5 : Cartooning for Peace

Trente-cinq ans de dessins à la une du journal Le Monde oblige à traiter tous les sujets, et notamment les questions internationales. Certes, chaque pays a ses dessinateurs, ils sont très nombreux, et chacun traite à sa façon des sujets nationaux : brocarder les dirigeants est un sport local. Mais la question de la liberté d’expression est universelle, et partout, les trois mots « liberté, égalité, fraternité » ont du sens. Au Paraguay, 25 dessinateurs se sont retrouvés à la table de l’ambassadeur autour de Plantu pour discuter de leur situation. Au Chili, les discussions furent plus vives avec un dessinateur proche de Pinochet, comme en Russie, avec un des soutiens de Poutine, confronté avec des opposants. Quelles que soient leurs opinions, le dessin est l’occasion de vifs échanges. En Turquie, aujourd'hui, cela se passe très mal, comme en Égypte, où en Chine, pays dans lesquels les dessins de caricaturistes sont diffusés sous le manteau, et les dessinateurs parfois persécutés. Ce qui se passe dans un journal finit toujours par arriver à la population.

Il y a aussi des pays où l’on peut aller très loin, l’Angleterre par exemple, avec les caricatures de la reine d’Angleterre. Pour Plantu le plus grand dessinateur est cubain « Boligan, c’est Goya vivant ! » dit-il.

Mais deux temps forts restent plus particulièrement présents à sa mémoire : sa rencontre avec Arafat en 1992, qui le convoqua en pleine nuit pour discuter des caricatures et de ce qu’elles signifiaient, ce qui aboutit à un dessin signé par Arafat avec une frontière entre l’État palestinien reconnu par écrit et Israël, dessin qui fut cosigné plus tard par Shimon Pèrés, lors d’un voyage avec François Mitterrand auquel participait Plantu. C’était avant les accords d’Oslo, comme quoi les dessins peuvent être utiles à la paix.

C’est pourquoi Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, organisa en 2006 une conférence sur le thème « désapprendre l’intolérance », à l’issue de laquelle il convainquit Plantu de créer une association «  Cartooning for Peace » qui réunit aujourd’hui 53 pays et 250 dessinateurs. Rassembler les dessinateurs, soutenir ceux qui sont en difficulté, échanger sur la liberté d’expression dans chacun de leur pays et défendre leur liberté,  tel est l’objectif de cette organisation aujourd’hui présidée par  Kak et qui veille, en protégeant les dessinateurs, sur nos libertés de citoyens.

Générique

Une série d'entretiens proposée par Jérôme Clément. Réalisation : Jean-Philippe Navarre. Attachée de production : Daphné Abgrall. Prise de son : Mai Phuong Tran. Coordination Sandrine Treiner.

Pour en savoir plus

Le site de Cartooning for Peace

Les publications de Plantu dans Le Monde

500 dessins originaux de Plantu issus des collections de la BnF dans GALLICA

Bibliographie

Publications de Plantu aux Editions du Seuil