

Depuis la fin des années 80, Hervé Di Rosa défriche, définit et collectionne « les arts modestes ». Il les a aussi diffusés, dans une boutique puis dans une galerie, porté par l’idéal d’un art accessible au plus grand nombre.
- Hervé Di Rosa artiste et président du M.I.A.M
"L'art modeste c'est une fédération des territoires"
C’est en entendant le lapsus d’une fillette qui parlait du musée d’art modeste au lieu du musée d’art moderne qu’Hervé Di Rosa a « trouvé » cette expression pour qualifier ce territoire qu’il explore depuis la fin des années 80.
Les arts modestes, c’est une notion qui échappe toujours plus quand on tente de s’en saisir. C’est un regard, des territoires, des propos ou des objets qui sont au-delà de la notion de goût, et dépourvus de toute ironie.
L'art modeste c'est la fédération des marges, c'est tout ce qui est marginal dans toutes les expressions visuelles et autres, parce que de l'art modeste, on peut le trouver au cinéma, au théâtre, dans la littérature. C'est tout ce qui se définit mal.
Ce qui m'intéresse, c'est comment à travers les âges, sur tout support, on crée une humanité.
Pour les définir, Hervé Di Rosa a dessiné de nombreuses cartes géographiques de ces mondes imaginaires, un ensemble d’œuvres à part dans ses recherches.
Que ces personnages deviennent en eux-mêmes des êtres tangibles dans notre univers physique.
Il en est lui-même un collectionneur compulsif, d’ailleurs son atelier est jonché d’objets d’art modeste : des figurines, des masques, des ex-votos, des vierges de perles, des enseignes peintes, des souvenirs pour touristes…
Je suis fasciné, par exemple, par les papiers de montage qui se trouvent à l'intérieur des œufs en chocolat, qui quelques fois sont des œuvres graphiques qui m'époustoufle.
Il y aussi ces objets de merchandising des grands blockbusters américains, ces figurines que je collectionne sont des œuvres en elles mêmes et n'ont plus aucun rapport avec le film. C'est à ce moment là que ça devient de l'art moderne.

En 1988, il ouvre la première Boutique de l’art modeste, 23 rue du Renard à Paris, dans laquelle il diffuse les objets produits par sa société, Diro SARL, créée avec son frère Richard et le critique d’art Hervé Perdriolle.
Puis la boutique se transforme en 1989 en Galerie de l’art modeste, qui produit des expositions sur place, et des événements hors les murs. Le projet avait toujours été conçu comme temporaire. Il ferme en 1994.
C'était un projet complètement délirant. Vendre des objets qu'on produisait ou que l'on co-produisait. Nous sommes arrivés jusqu'à 400 références d'objets, des dizaines de chaussettes, de bérets, d'assiettes, de toys.
Une série d'entretiens proposée par Anaël Pigeat, réalisée par Guillaume Baldy. Prise de son : Sébastien Huel. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.
Liens
Musée International des Arts Modestes à Sète
Bibliographie sélective
- Hervé Di Rosa Autour du monde, Jean Seisser, éditions Fage /Angel Art Servanin, 2019.
- En toute modestie : archipel Di Rosa. Exposition. Sète, Musée international des arts modestes. 2017, catalogue, éditions Fage, 2017.
- Plus jamais seul : Hervé Di Rosa et les arts modestes. Exposition. Paris, La Maison rouge. 2016-2017, catalogue, éditions Fage, 2016.
- Le tour des mondes d'Hervé Di Rosa__, Hervé Di Rosa, Patrick Amine, Robert Bonacorsi, Actes Sud Beaux Arts, 2013.
- Hervé Di Rosa journal modeste, Patrick Amine, Les cahiers dessinés, éditions Buchet/Chastel, 2007.
L'équipe
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