

Jean Audouze aime à décloisonner la pensée pour sonder d’autres univers que celui qu’il explore rationnellement sous le prisme de la science. Mais, en tant que scientifique, croire ou ne pas croire conditionne-t-il le processus de réflexion ?
- Jean Audouze astrophysicien, membre de la commission de littérature scientifique du CNL.
Jean Audouze est un astrophysicien qui a acquis une renommée et une reconnaissance mondiale, depuis ses travaux et la découverte qu’il a contribué à faire connaître. Au fil des décennies il s’est énormément investi pour sa discipline, mais également pour l’éducation, la culture, l’amélioration des politiques de la recherche. Il arpente même la question de la religion et des ses liens avec la science, comme dans son ouvrage L’univers a-t-il un sens, où il dialogue avec Thierry Magnin, prêtre du diocèse de Saint Etienne et physicien à l’université de Lyon. La croyance, qu’elle soit religieuse ou non, est-elle indissociable de l’homme, du savant ? Et comment peut-elle guider la réflexion ?
Si je crois en Dieu ? C’est une question difficile : une partie de moi y croit et une autre n’y croit pas. Et puis, le monde de la religion et celui de la science sont totalement disjoints. Selon moi, aucune preuve scientifique ne pourra montrer l’existence de Dieu. C’est vrai qu’il y a du merveilleux dans l’agencement des structures de la nature. Mais cela relève d’une autre partie de notre cerveau, de notre esprit, le fait de croire ou de ne pas croire. Jean Audouze
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Comme l’histoire des sciences le montre pour nombre de cas de grands savants à l’instar Isaac Newton ou Louis Pasteur, la croyance en un Dieu n’est pas incompatible avec l’activité scientifique. Elle peut être même dynamisante. Mais la religion est un sujet intime et délicat, encore plus dans le cas d’un astrophysicien comme Jean Audouze, dont le métier est justement d’étudier aussi les questions cosmologiques : d’où venons-nous, qui sommes-nous, qu’allons-nous devenir ? Cette question du devenir inquiète particulièrement Jean Audouze, qui dépeint pour ses petits enfants une avenir bien plus rude et complexe que la vie qu’il a connue dans sa jeunesse.
Je suis tracassé pour la jeunesse, et pour mes petits enfants en particulier. Leurs futures conditions de vie ne me paraissent pas faciles du tout. Deux choses m’angoisse en particulier : le changement climatique, et le problème de l’emploi. Aujourd’hui, on ne peut plus du tout envisager une carrière comme je l’ai eue, du bas en haut de l’échelle dans un processus continu. Cela est désormais quasiment impossible. Jean Audouze
Une série d'entretiens proposée par Céline Loozen, réalisée par Rafik Zénine. Prise de son : Yann Fressy. Attachée de production : Daphné Abgrall.
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