

Dans ce premier volet d'entretien, François Jacob, Prix Nobel de physiologie et de médecine en 1965, commente les avancées prodigieuses de la science, soucieux des dangers et des dérapages possibles, sévère pour certains de ses collègues, mais surtout curieux de l'avenir, encore et toujours.
Pour le plaisir et parce qu'il s'émerveille, année après année de voir revenir les saisons au jardin du Luxembourg, François Jacob vient chaque matin à pied à l'Institut Pasteur, où il a son bureau depuis plus de cinquante ans. C'est à Pasteur que le jeune étudiant en médecine, destiné par goût à la chirurgie mais contraint d'y renoncer à cause de mauvaises blessures de guerre, découvre un peu par hasard la recherche et la biologie. Une révélation. André Lwof lui ouvre les portes de son laboratoire et lui permet de mener ses premiers travaux sur les bactéries. A l'étage au-dessus se trouve Jacques Monod ; les échanges, passionnés, se font souvent dans les escaliers. Ensemble, en 1965 les trois hommes obtiennent le Prix Nobel de physiologie et de médecine. Il en parle volontiers, mais préfère aujourd'hui commenter les avancées prodigieuses de la science, soucieux des dangers et des dérapages possibles, sévère pour certains de ses collègues, mais surtout curieux de l'avenir, encore et toujours. Rien ce de qui est important dans l'actualité nationale ou internationale ne lui échappe, qu'il s'agisse de la toute-puissance américaine portée par son effort de recherche depuis des décennies ou de la baisse des crédits des organismes français, de la montée du fondamentalisme religieux, de l'avenir de l'Irak ou des succès du front national, le 21 avril 2001. Sur tout cela, François Jacob porte un regard à la fois aigu et distancié, sans se départir de son humour et de son humanité, ses armes pour continuer d'aimer le monde.
Par Dominique Rousset. réalisation : Laetitia Coïa. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. Rediffusion de l'émission du 02/06/03.
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