François Morel nous accueille dans sa maison – qui abrita autrefois des chevaux – en région parisienne. Un grand jardin, dont s’occupe surtout son épouse, et au mur, nombre de dessins - de Bosc, de Chaval, dont il aime l’économie de moyens assortie d’une grande puissance d’évocation.
- François Morel Comédien, metteur en scène, auteur et chanteur
Le terme que lui-même préfère pour se définir, c’est « fantaisiste » - ses références en la matière sont nombreuses : Robert Lamoureux, Darry Cowl, Roger Pierre et Jean-Marc Thibaut, Francis Blanche… Gosciny, Sempé, Vialatte figurent aussi dans son panthéon.
Il est né à Saint Georges des Groseillers – « chaque fois que je cite le nom de cette commune dans une de mes chroniques, je sens que ça plaît beaucoup » et y a passé les dix-huit premières années de sa vie.
Maman avait des lapins, de temps en temps elle en tuait un et lui enlevait son pyjama, on trouvait ça normal. L’école était juste à côté, l’église n’était pas loin, quand papa était énervé, il disait qu’’on ferait mieux d’y ranger du foin, ce serait plus utile’, et maman allait régulièrement à la messe le dimanche.
Un père travaillant à la SNCF, qui faisait les 3 x 8 et militait à la CGT, une mère au foyer qui travaillera à mi-temps « dans les bureaux, à la caisse agricole de l’Orsonnière, à Flers , où elle allait en Solex », une fois ses enfants élevés. En août 2020, dans un billet intitulé « il n’y a pas d’âge pour être orphelin », il évoque de façon touchante la mort de sa mère.
Je crois que je ne pouvais pas faire autrement. Mon actualité, c’était la disparition de ma mère. Ma ligne, à chaque fois que je dis des choses personnelles, c’est que ça parle aussi aux auditeurs, que ce soit quelque chose qu’on puisse partager. J’ai donc traité, l’espace d’une vie - 17 aout 1926 -24 aout 2020 -, toutes les choses qui s’étaient passées entre ces deux dates, comment la France et le monde avaient évolué.
Enfant timide ?
En classe, au début de l’année, je l’étais, oui, mais quand j’étais en confiance c’était autre chose. Ce n’était pas un cadeau d’être assis à côté de moi parce que je faisais souvent rigoler mon voisin qui se faisait engueuler par les frères – parce que j’étais chez les frères, qui pouvaient être violents, à l’époque – et moi j’avais une tête d’enfant de chœur, qui faisait que j’étais tranquille.
Les premier pas au théâtre, c’est au « mille club » du village, une espèce de maisons des jeunes et de la culture :
C’est là que j’ai commencé à faire du théâtre en amateur, à dire des poèmes de Tardieu, de Prévert […] C’était aussi de belles découvertes, j’avais beaucoup aimé par exemple un spectacle de Jean-François Panet, […] qui mélangeait des sketches de Robert Lamoureux et de Jacques Martin avec des poèmes de Blaise Cendrars … J’aimais beaucoup ce métissage entre des textes très littéraires et des textes drôles, et je pense que ça m’a inspiré toute ma vie de comédien.
Après une maîtrise de lettres, il ose passer le concours de l’école de la Rue Blanche.
Le Conservatoire me paraît trop loin socialement ; je me dis ‘la rue Blanche, c’est pas mal ; ce n’est pas loin de Saint-Lazare – quand on arrive de Caen c’est pratique – et c’est là où étaient passés des gens que j’admirais et que j’admire toujours : Guy Bedos, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort’.
Et voilà François Morel en route pour embrasser la carrière de comédien.
Une série d'entretiens produite par Odile Conseil, réalisée par Anne-Pascale Desvignes. Prise de son : François Rivalan. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.
Pour aller plus loin
- Le site internet de François Morel
- Son billet hebdomadaire sur France Inter
- « Papa », le billet du 27 avril 2012
- « Il n’y a pas d’âge pour être orphelin », le billet du 28 aout 2020
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Coordination