"J'aime les artistes économes" : épisode 2/5 du podcast Pierre Bergé : un temps pour tout

Pierre Bergé en 2015 dans son bureau à Paris.
Pierre Bergé en 2015 dans son bureau à Paris. ©AFP - Stéphane de Sakutin
Pierre Bergé en 2015 dans son bureau à Paris. ©AFP - Stéphane de Sakutin
Pierre Bergé en 2015 dans son bureau à Paris. ©AFP - Stéphane de Sakutin
Publicité

Pierre Bergé se livre dans ce deuxième opus intitulé L'art du temps de la série "A voix nue" où il convoque ses amis trop tôt disparus et s’épanche sur le temps passé, ses goûts culturels et son amitié avec François Mitterrand.

Avec

Par Joëlle Gayot. Réalisation : Anne Perez-Franchini. Avec la collaboration de Claire Poinsignon.

Né le 14 novembre 1930 sur l’Ile d’Oléron, Pierre Bergé grandit dans une famille aimante. Son père est fonctionnaire, sa mère institutrice. L’adolescent n’a qu’une idée en tête : venir à Paris. Ce qu’il fait à l’âge de 18 ans. Démarre alors un tourbillon étonnant de rencontres qui, très vite, le propulsent au cœur de milieux littéraire, artistique, intellectuel et politique. Le temps intime de Pierre Bergé rejoint le temps public. Il milite, il s’engage, il noue avec François Mitterrand une amitié indéfectible. De l’enfance charentaise aux meetings de l’ancien Président de la République, cette vie défile sous nos yeux. C’est l’art du temps, passé, présent, à venir, un temps étroitement conjugué à l’Histoire.

Publicité

Dans ce deuxième entretien d' "A voix nue", Pierre Bergé livre sa tristesse devant la disparition d'amis, "il y a des jours où la nuit tombe plus tôt que d'habitude, la nuit gagne" mais il revendique de nouvelles amitiés fortes. Il évoque aussi sa naissance en 1930 entre les deux guerres : "Bien sûr ça a fait de moi un militant" affirme t-il.

De ses goûts littéraires il parle de sa passion pour Flaubert qui "ne s'embarrasse pas d'histoire" et écrit "avec une économie de moyens". Lui-même confie avoir souhaité devenir écrivain et journaliste tout en refusant de passer le baccalauréat : "Je n'ai pas le bac mais j'ai acheté le journal Le Monde" clame t-il avec un brin d'ironie.

J'aime le temps passé parce qu'il permet de mesurer celui d'aujourd'hui. J'aime le temps passé parce que j'aime les souvenirs mais je n'aime pas le temps passé pour se plaindre d'aujourd'hui.

Pierre Bergé s'explique sur son désengagement politique en terme d'action mais pas en terme d'idées. Il raconte sa rencontre avec François Mitterrand par l'intermédiaire de Jack Lang et comment leur amitié a été scellée, grâce à la poésie. "On ne décide pas de devenir l'ami du Président de la République. [...] et si l'on devient un ami très proche du Président Mitterrand, c'est parce qu'il l'a voulu et c'est parce qu'il l'a décidé.", insiste t-il. Lorsqu'il évoque ensuite le droit d'inventaire émis par Lionel Jospin, il s'étrangle : " Ce ne sont pas des propos d'un homme politique, ce sont des propos d'huissier".

Evidemment que j'étais un homme heureux à vingt ans. J'étais inquiet de mon avenir et de tout ce que vous voulez, mais vingt ans c'est le plus bel âge de la vie et je ne laisserai personne dire que vingt ans ce n'est pas le plus bel âge de la vie. C'est l'âge auquel on croit à tout, c'est l'âge de l'amour, c'est l'âge des ambitions, c'est l'âge des rêves. C'est un âge formidable... c'est une posture Nizan, c'est une posture cette phrase.