Premier volet de la série "A voix nue" consacrée à Joël Pommerat, un écrivain de plateau qui ne dissocie jamais le texte de sa mise en volume sur les planches. Il revient ici sur l'émergence de sa vocation théâtrale et le contexte familial dont il s'est affranchi pour choisir "la voie artistique".
Dans ce premier épisode de la série "A voix nue" que lui consacre France Culture en 2013, Joël Pommerat revient sur ses débuts, ou plutôt la vie qui précède les débuts de cet artiste dont les pièces se jouent désormais à guichet fermé. De Chambéry, où il a grandi, jusqu'à Paris, où il démarre discrètement au Théâtre de la Main d'Or, il raconte à 50 ans la "montée à Paris" comme "un rêve de vie artistique, un peu mythologique".
Joël Pommerat, qui disait en 2006 "J'ai écrit pour pouvoir penser", évoque dans cette émission sur son contexte familial, et la naissance de sa vocation théâtrale, qu'il explorait par la fiction dans sa pièce Grâce à mes yeux, remontée en 2011 sous forme d'opéra.
"J'ai réalisé au moment où mon père mourrait que j'étais libéré de son injonction [de devenir instituteur, ndlr]. Et ça fait un peu bizarre de se sentir libéré de la mort d'un de ses parents, même si c'est ce que j'ai ressenti. Du coup, la voie artistique et la réalisation de ce rêve plus enfoui est bien entendu teintée de quelque chose de l'ordre de la culpabilité [...] Au moment où je décide d'arrêter mes études puis d'aller à Paris pour être acteur, je sais que je me serais opposé à lui pour réaliser cela d'une manière extrêmement brutale, violente. Cette violence ne se réalise pas concrètement mais de manière virtuelle, de manière fantasmatique, onirique elle a existé et existe encore. J'ai fait des rêves pendant presque des dizaines d'années de retour de mon père et moi, pétrifié de le voir parce que je sais que j'ai fait l'inverse de ce qu'il voulait pour moi. Je l'ai trahi."
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