

Nicole Lapierre entre en 1965 à la Faculté de Nanterre. Elle participe au Mouvement du 22 mars en 1968. Après une maîtrise de philo sur "La théorie léniniste de l’organisation" avec Henri Lefebvre, elle rencontre Edgar Morin en 1967 et participe au "groupe de diagnostic sociologique".
- Nicole Lapierre directrice de recherche au CNRS
Nicole Lapierre entre en 1965 à la Faculté de Nanterre, déjà enceinte de son fils à dix-huit ans. Elle participe au Mouvement du 22 mars en 1968, occupant le bureau du doyen toute la nuit avec, entre autres, Daniel Cohn-Bendit. Elle milite à la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, notamment aux côtés de Daniel Bensaïd. C’est aussi la période où elle découvre Cuba, le tiers-mondisme, Reich, le mouvement féministe et, plus généralement, le grand mouvement d’émancipation de la société. "Nous étions aux antipodes des histoires de mémoires, de familles. Ça viendra pour certains beaucoup plus tard. On était dans l'internationalisme, la révolution, l'émancipation des peuples. Il n'y avait pas beaucoup de place pour une réflexivité sur notre judéité. Elle était là comme une petite musique ou un accent", analyse Nicole Lapierre.

Après une maîtrise de philo sur La théorie léniniste de l’organisation avec Henri Lefebvre, Nicole Lapierre rencontre Edgar Morin en 1967. Alors elle "abandonne le ciel des idées pour l’anthropologie", participant à "la sociologie du présent", dans le "groupe de diagnostic sociologique" créé par Morin, à rebours des grands courants de la sociologie de l’époque. Elle travaille notamment sur le fait divers de Bruay-en-Artois, découvrant à cette occasion l’anthropo-sociologie et la méthode ethnographique. "Le chercheur, l_'enquêteur n'est pas en surplomb dans une tour d'ivoire en train de regarder au balcon la société. Non, il en fait partie"_, explique l'anthropologue.
Puis, à l’occasion d’un contrat de recherche sur la vieillesse, elle semble partie pour devenir une sociologue du vieillissement. C’est à ce moment qu’elle dit à Edgar Morin qu’elle a envie de travailler sur la mémoire juive. À quoi il lui répond : "Tu pourrais faire une carrière dans la vieillesse, mais vas-y, la recherche doit être libidinale!"
Une série d'entretiens proposée par Hélène Frappat. Réalisation : Anne Perez-Franchini. Attachée de production : Daphné Abgrall. Prise de son : Jean-Pierre Gerbault. Coordination : Sandrine Treiner.
Pour aller plus loin
- Publications, entretiens, articles sur le site de l'IIAC-CNRS
- Le mouvement du 22 mars sans les clichés : qui étaient ces militants de 1968 ? Par Chloé Leprince, 22 mars 2018, France Culture.
- Nicole Lapierre, "La part juive", Communications, 2008/1 (n° 82), p. 95-106
- Déplacés, déplacer, entretien avec Nicole Lapierre. Revue Vacarme, n°47, 18 avril 2009
- Pap Ndiaye, "Frères militants". À propos de : Nicole Lapierre, Causes communes. Des Juifs et des Noirs, Stock. La Vie des idées , 19 juin 2012.
- Éloge de la bâtardise. Entretien avec Nicole Lapierre. Ivan Jablonka La Vie des idées, 28 mai 2010.
Bibliographie sélective
- Le Silence de la mémoire, Paris, Plon, 1989 ; édition revue et augmentée, Paris, Biblio Essais, 2001
- Le Livre retrouvé (traduction du manuscrit en yiddish de Simha Guterman, édition critique précédée d’une introduction et suivie de deux études), Paris, Plon, 1991 ; nouvelle édition 10/18, 2001
- Changer de nom, Paris, Stock, 1995 ; édition revue et augmentée, Paris, Gallimard, Folio Essais, 2006
- Pensons ailleurs, Paris, Stock, 2004; édition revue, Paris, Gallimard, Folio Essais, 2006
- Causes communes. Des Juifs et des Noirs, Paris, Stock, 2011
- Sauve qui peut la vie, Paris, Seuil, 2015, prix Médicis essai 2015
- Faut-il se ressembler pour s'assembler ?, Paris, Editions du Seuil, 2020
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