L'enfance au Cameroun : au pays du poisson qui s’ennuie… : épisode 1/5 du podcast Hommage à Manu Dibango, itinéraire musical d’un monstre sacré

Mani Dibango en 1985 en Ethiopie
Mani Dibango en 1985 en Ethiopie ©AFP - JOEL ROBINE
Mani Dibango en 1985 en Ethiopie ©AFP - JOEL ROBINE
Mani Dibango en 1985 en Ethiopie ©AFP - JOEL ROBINE
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À la fois saxophoniste, arrangeur, pianiste, compositeur, chef d’orchestre et chanteur, Manu Dibango a su, au fil de quelques 60 ans de carrière, se faire le précurseur de nombreux genres musicaux en collaboration avec les plus grands artistes de son temps. Retour sur son enfance au Cameroun.

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Dans ce premier volet, Manu Dibango évoque sa famille, son enfance à Douala au Cameroun, sa terre natale, son éducation protestante, ses premiers émois musicaux au temple, la traversée en bateau, à l’âge de 15 ans, pour rejoindre la France et y poursuivre ses études (à Saint-Calais dans la Sarthe), le mélange d’exaltation et de grande solitude à son arrivée.

Champigny-sur-Marne, en banlieue parisienne, dans le Val de Marne. Nous sommes chez Manu Dibango. Dans son salon aux murs jaunes, un piano à queue, un saxophone, des piles de disques et un immense téléviseur pour ne rien rater des grands matchs de foot… Dans son jardin, que nous voyons de la fenêtre, pas l’ombre d’un baobab, mais un parasol en guise d’arbre à palabres pour nous plonger, l’espace de cinq entretiens, dans son histoire. Pour retracer soixante ans de sa carrière de musicien, depuis sa naissance à Douala au Cameroun en 1933, sous la colonisation, jusqu’à aujourd’hui, 80 ans plus tard.

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L’image qui m’est très vite apparue en préparant cette rencontre, c’est celle d’un homme à cheval entre deux continents, l’Afrique natale et l’Europe d’adoption, sans compter l’Amérique qui lui a ouvert les bras et l’a propulsé au rang de star mondiale. C’était en 1972 avec "Soul Makossa", ce tube qui lui colle à la peau.

À cheval aussi entre plusieurs instruments, le piano, le saxophone, l’orgue, sans oublier le vibraphone. Et entre plusieurs styles : du jazz au twist en passant par le reggae, l’afrobeat, les musiques latines et la rumba congolaise, Manu Dibango pratique le nomadisme musical, les patchworks, les passerelles. Dans sa tête, il y a Charlie Parker, John Coltrane, Duke Ellington, Louis Armstrong… et toujours l’Afrique.

N’oublions pas non plus qu’il a accompagné Dick Rivers et Nino Ferrer dont il a été le chef d’orchestre. Et qu’il a enfiévré les nuits de Bruxelles à Harlem, de Kinshasa à l’Olympia. Bref, Manu Dibango est « un musicien du bal planétaire » comme il le dit lui-même.

Reste que pour beaucoup d’entre nous, le père de la world music**,** l’inventeur du cocktail jazz/soul/groove de l’Afrique centrale est aussi un homme d’une grande jovialité, l’homme qui rit d’un rire explosif et communicatif, celui que d’aucuns surnomment "Le Grand, Papa", "Tonton" ou encore "l’éléphant de Douala"…

1) Au pays du poisson qui s’ennuie… 

Dans ce premier volet, Manu Dibango évoque sa famille, son enfance à Douala au Cameroun, sa terre natale, son éducation protestante, ses premiers émois musicaux au temple, la traversée en bateau, à l’âge de 15 ans, pour rejoindre la France et y poursuivre ses études (à Saint-Calais dans la Sarthe), le mélange d’exaltation et de grande solitude à son arrivée.

Discographie sélective :

1972 : O Boso, contient Soul Makossa et se vendra à plusieurs millions d’exemplaires

1974 : Super Kumba (afro)

1976* : Africadelic* (afro)

1979 :* Gone Clear* (reggae)

1982 : Waka Juju  (afro)

1986 :* Afrijazzy* (jazz)

1990 :* Polysonik* (rap)

1989 et 1992 : Négropolitaines , vol. 1 & 2 (afro)

1998 : CubAfrica (afro-cubain)

2005 : Kirikou (conte pour enfants)

2008 : African Woodoo (afro) chez Fremeaux 1

Par Jérôme Sandlarz. Réalisation : Anne-Pascale Desvignes. Prise de son : Julien Bourdais. Avec la collaboration de Claire Poinsignon.