"La culture, beaucoup de gens croient que c'est nécessaire comme on se lave les dents, deux fois par jour." : épisode 8/5 du podcast Pierre Bergé : un temps pour tout

Pierre Bergé dans le jardin Majorelle à Marrakech à l'occasion de l'exposition "Yves Saint Laurent et le Maroc" en 2010.
Pierre Bergé dans le jardin Majorelle à Marrakech à l'occasion de l'exposition "Yves Saint Laurent et le Maroc" en 2010. ©AFP - Abdelhak Senna
Pierre Bergé dans le jardin Majorelle à Marrakech à l'occasion de l'exposition "Yves Saint Laurent et le Maroc" en 2010. ©AFP - Abdelhak Senna
Pierre Bergé dans le jardin Majorelle à Marrakech à l'occasion de l'exposition "Yves Saint Laurent et le Maroc" en 2010. ©AFP - Abdelhak Senna
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Troisième temps de la série "A voix nue" avec Pierre Bergé, ou L'art de faire. L'homme d'affaires y parle de ce qu'il a su construire (la maison de couture Yves Saint Laurent, sa collection d'art) et de ses actions militantes comme sur le mariage homosexuel ou encore le mécénat.

Avec

Rediffusion de l'émission du 31.08.2016.

Peut-on qualifier un homme par ses actes ? Par la trace visible, palpable de ce qu’il a bâti ? Nous retrouvons Pierre Bergé pour observer avec lui ce par quoi sa vie a trouvé certaines de ses définitions : engagements, constructions, affaires. L’entrepreneur, créateur de la Maison de Couture Yves Saint-Laurent aujourd’hui devenue Fondation, l’initiateur du Sidaction, l’inventeur de journaux (Globe, Courrier International, Têtu), le mécène d’artistes ou de causes scientifiques est un homme du « faire ». Cet art du faire est le sujet de notre troisième rencontre avec un homme très occupé qui a mis, comme le suggèrent certains, son « génie dans les affaires ».

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Troisième entretien de la série "A voix nue" avec Pierre Bergé qui raconte l'ascension spectaculaire d'Yves Saint Laurent à laquelle il a participé. Il revendique "une part pas seulement de rêve mais d'idéologie" qui l'accompagne dans cette aventure. Il n'agit pas étape par étape, il s'agit plutôt de : "Viser son but, s'y tenir... on n'y arrive pas toujours, c'est certain mais on arrive au plus près". Il ne se voit aucun "génie des affaires" et affirme ne pas avoir "le syndrome de l'attaché-case" !

Si je n'avais pas été là, cette maison de couture Yves Saint Laurent ne serait pas là. [...] Cette maison de couture, évidemment c'est moi qui l'ai faite mais je l'ai faite pour être à son service donc je l'ai modelée à ce qu'il pouvait faire, à lui, à sa création. J'ai décidé depuis le début de plier la gestion à la création et non pas faire le contraire.

Pierre Bergé évoque leur grande collection d'art, "c'est une addiction" reconnaît-il et par la suite "on devient un expert soi-même et ça c'est formidable". Parmi ses autres champs d'action, il s'exprime également sur son militantisme homosexuel et sa défense du mariage gay au nom de l'égalité.

Sur le mariage gay, moi je n'étais pas pour le mariage. Je me suis pacsé avec Yves Saint Laurent. Je n'étais pas pour le mariage parce que c'est une institution bourgeoise et je ne vois pas l'utilité de prendre chez les hétérosexuels ce qu'ils ont de bourgeois pour l'appliquer aux homosexuels. [...] Et puis j'ai entendu les slogans et j'ai surtout entendu répéter inlassablement "Egalité ! Egalité ! Egalité" et j'ai compris que j'aime ou j'aime pas ce n'est pas important, c'est une question d'égalité. Et c'est pour cela que je suis devenu militant de cette cause.

Pour clore l'entrevue, Pierre Bergé donne sa définition du mécénat, "c'est aider les gens sans espoir de retour".

La culture, beaucoup de gens croient que c'est nécessaire comme on se lave les dents, deux fois par jour, donc il faut avoir un peu de culture, faut aller s'ennuyer dans un spectacle ou écouter de la musique... pour moi c'est pas comme ça la culture, pour moi il faut la vivre la culture, elle doit faire partie de vous, elle doit faire partie de votre vie, elle doit être indispensable... Indispensable est le mot.

Par Joëlle Gayot. Réalisation : Anne Perez-Franchini.

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