

Articuler et mettre du plomb dans sa voix sont les leitmotivs d'Ivan Levaï, qui s’est soumis à l’exercice de la revue de presse matinale pendant près de quarante ans. Patron de rédaction, il valorise l’honnêteté mais il a la modestie de reconnaître que sans la chance, le journaliste n'est rien.
- Ivan Levaï Journaliste, ancien directeur de l’information à France Inter.
Ce ténor de la radio, capable de mettre un charme fou dans sa voix, la modulant de l’enthousiasme à l’emportement est devenu " le pape de la revue de presse ". Un exercice auquel il s’est adonné pendant près de quarante ans. Par goût ? Elle le protégeait surtout des foudres et des censeurs, que ce soit dans le privé ou dans le public, reconnait-il.
L'enseignement, ça aide beaucoup pour le micro. Vous avez beaucoup d'instituteurs, d'institutrices, d'anciens professeurs, d'avocats, tous ces métiers où l'on apprend à articuler, à poser sa voix, et à considérer que la parole est une musique.
Publicité
"Si vous devez vous soumettre à quelqu'un, c'est à la vérité"
Les pressions ? Il est trop honnête pour les nier. Comme la part de chance dans tout parcours journalistique, au côté du flair, du talent et de l’audace. Même si l’on comprend au détour d’une phrase qu’il a toujours été un travailleur insatiable, aux horaires de stakhanoviste, accro à l’info et aux journaux dont il se repaît, stylo en main et qui ont toujours encombré jusqu’à sa chambre à coucher.
Si la pression du pouvoir politique, marchand ou syndical est trop forte, qu'elle vous écrase et qu'elle transforme l'indépendant que vous devez être, que vous devenez un soumis, que vous ne travaillez pas pour la vérité ou pour la justice et l'indépendance, alors il vous faut le courage de dire non, de démissionner et perdre votre poste.
Plus qu’à l’objectivité, Ivan Levaï croit à l’honnêteté et à l’éthique journalistique qu’il pratique avec exigence et qu’il a insufflé à ses journalistes.
Un journaliste doit être capable de se lever tôt et de se coucher tard et de faire son boulot, et même de travailler sur une semaine sans dormir toute la nuit. J'en connais qui l'ont fait.
Ses colères lui ont valu le surnom "d’Ivan le terrible" mais il les assume, car l’autorité doit aussi s’imposer, selon lui.
Lorsque j'étais directeur de l'information de Radio France, ce n'est pas rien. Quand vous êtes là, si vous n'avez pas d'autorité, on passe à côté de vous, on ne vous écoute pas, on ne vous entend pas, et j'attends aussi de l'autorité du président de la République. Je suis content d'ailleurs de me taire sur mes vieux jours parce que qui parle trop, qui communique trop, risque de ne plus être entendu.
Une série d'entretiens proposée par Caroline Bonacossa, réalisée par Doria Zenine. Prise de son : François Rivalan. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.
Bibliographie
- Ivan Levaï, La République des mots, Michel Lafon, 2001.
- Ivan Levaï, Vous devriez mettre une cravate bleue, Michel Lafon, 2002.
- Ivan Levaï, Une minute pour conclure, Le Cherche Midi, 2016.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Coordination