Le père/les pairs : la mémoire juive : épisode 3 du podcast Nicole Lapierre, une intellectuelle extra-territoriale

Nicole Lapierre en 1968
Nicole Lapierre en 1968 - Archives privées Nicole Lapierre
Nicole Lapierre en 1968 - Archives privées Nicole Lapierre
Nicole Lapierre en 1968 - Archives privées Nicole Lapierre
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Nicole Lapierre décide de recueillir des récits de la vie à Plock en Pologne. Elle en vient à reconstituer "une certaine organisation de la mémoire" d’un monde yiddish détruit, avec pour point de départ le silence entre les deux générations.

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À une époque où se développe une recherche dite qualitative en sociologie, Nicole Lapierre décide de recueillir des récits de la vie à Plock, ville de Pologne qui présente un double avantage : son père y est né, et c’est une ville moyenne qui, avant la guerre, abritait une forte population juive, qui a donné lieu à une forte diaspora ensuite.

Elle commence par des entretiens en France dans les Landmannschaften, sociétés d’originaires, puis, remontant des réseaux de relations (en Israël, Australie, Pologne, Argentine, France), elle qui occupe la place des enfants à qui rien n’a été raconté, en vient à reconstituer "une certaine organisation de la mémoire" d’un monde détruit, le monde d’hier avec ses rituels, ses fêtes, comme dans la littérature yiddish. "Cette recherche, au départ, c'était l'idée que rien ou si peu n'avait été transmis, pas seulement dans ma famille, mais dans beaucoup de familles juives. J'avais décidé simplement de pallier ce manque de récits, d'aller les recueillir au fond, de restituer de cette manière le passé qui n'avait pas été raconté", explique Nicole Lapierre.

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Le point de départ de sa thèse, qui deviendra Le silence de la mémoire, est le silence entre les deux générations. Dans Le silence de la mémoire, le défi n’est pas de citer et d’analyser des entretiens, mais de créer un récit choral, en se mettant elle-même en scène à la première personne, sans gommer le fait qu’elle est complètement impliquée.

Après l’excellent accueil fait à ce livre paru en 1989, elle refuse de se spécialiser dans les études juives, sans cesse hantée par l’idée de "penser ailleurs".  Cette idée du déplacement, de l’esquive, la conduit à écrire Causes communes, qui entend montrer comment des minorités opprimées (les Noirs et les Juifs), avec des histoires différentes, peuvent faire cause commune.

Changer de nom paraît en 1995. Ce travail sur des gens voulant reprendre leur nom d’origine et se heurtant au système français, reçoit un énorme écho.

Une série d'entretiens proposée par Hélène Frappat. Réalisation : Anne Perez-Franchini. Attachée de production : Daphné Abgrall. Prise de son : Jean-Pierre Gerbault. Coordination : Sandrine Treiner.

Pour aller plus loin

Bibliographie sélective

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