Second volet de cet entretien avec Carla Bruni dans lequel l'ex-mannequin star donne son regard sur la beauté telle qu'elle l'a côtoyée à différents moments de sa vie, sur les podiums, à l'Elysée, aujourd'hui sur les réseaux sociaux.
- Carla Bruni Auteur compositeur interprète
Elle devient dès 19 ans l'une des top-modèles les plus célèbres dans le monde. Dans cette deuxième partie, elle parle du pouvoir de la beauté, des années sida où elle voyait mourir chaque jour un proche. Son frère, Virginio, est mort du sida. Elle évoque la position de Première dame, où l’apparence est sans cesse scrutée, son mépris pour les déferlantes de haines sur les réseaux sociaux, devenus les nouveaux tribunaux. Elle parle de la difficulté de vieillir, du pouvoir fragile de l’apparence physique : "la beauté, ça se désagrège".
Elle est aujourd'hui l'un des visages les plus connus du monde de la mode. Dès l'adolescence, Carla Bruni doit vivre avec cette beauté, qui fait sa force :
Le regard des hommes ne m'a jamais pesé. À l'adolescence, j'ai ressenti une certaine vulnérabilité, mais ce qui me rendait vulnérable, c'était de ne pas avoir de regard. Je ne ressentais pas un regard relié à un désir sexuel, par exemple. Carla Bruni
Mais elle qualifie cette beauté de "pouvoir injuste" et éphémère :
La beauté se désagrège, ça ne reste pas. Je ne me trouve pas spécialement belle, mais j'étais contente quand on m'a dit que je ferais peut être partie des gens beaux. (...) Mais j'imagine qu'il y a des filles que ça étouffe. Ma beauté ne m'a pas pesé du tout. Maintenant, elle est partie, j'en pleure tous les jours. Carla Bruni
Mannequin à 19 ans, Carla Bruni devient très vite autodidacte, pour son plus grand plaisir :
Même si j'avais beaucoup d'affection pour mes parents, j'avais vraiment envie de devenir indépendante. J'aurais fait n'importe quoi d'autre pour gagner ma vie, si je n'avais pas été mannequin. Carla Bruni
La mode c'est un métier de groupe. Ils jugent vos vêtements, mais c'est tout. On peut venir de n'importe où, parler n'importe quelle langue, être de n'importe quelle couleur... Dans le monde de la mode c'est accepté. Ce qui n'est pas accepté c'est d'être ennuyeux ou mal habillé. Carla Bruni
J'ai échappé au harcèlement par hasard, je me suis dirigée vers des agences de femmes. L'alcool et la drogue, j'y ai échappé par hasard, encore une fois. Je n'ai pas le goût de l'autodestruction, mais celui de la fête. J'ai le goût du sommeil aussi, je suis une marmotte. J'ai eu de la chance d'avoir beaucoup de travail tout de suite, et c'était impossible pour moi de me lever à 6 heures du matin pour travailler, et de faire la fête la veille. Kate Moss m'appelait "boring Bruni". Carla Bruni
Fin des années 1980, début des années 1990, ce sont aussi les années sida, auxquelles elle assiste, et qui va particulièrement toucher le monde de la mode :
On était aux premières loges, beaucoup de personnes sont parties tout de suite. C'est devenue une pandémie très vite. Tous les jours, on perdait quelqu'un. C'est inoubliable, la terreur que ça nous a inspiré à tous. Carla Bruni
Le virus du sida va également toucher son frère, Virginio, qui en meurt en 2006. Carla Bruni évoque sa disparition avec retenue :
Il a attrapé le sida très tôt, et pour une raison qui m'échappe encore aujourd'hui, il ne l'a dit qu'à moi dans la famille. J'ai souffert de la maladie de mon frère, qui a porté un jugement moral. Carla Bruni
C'est difficile de parler de lui. J'ai toujours peur qu'il y ait quelque chose de lui qui m'entende. J'ai fait une chanson sur lui qui s'appelle "Salut Marin", en faisait bien attention, pour que ça ne le gêne pas. Parce que la principale caractéristique de mon frère, c'était la pudeur. Il était très charmant, réservé et solitaire. Carla Bruni
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