

Né en 1955 Christian Schiaretti grandit dans un Paris ouvrier, où la culture est réduite à portion congrue, mais où il découvre fasciné la grande littérature.
- Christian Schiaretti metteur en scène, a dirigé le Théâtre national populaire de Villeurbanne jusqu'en 2019.
Christian Schiaretti naît dans une famille parisienne recomposée, dans une atmosphère ouvrière et libertaire. Sa mère est une femme indépendante et féministe, une des premières à accoucher à la Clinique des Lilas, pionnière dans la pratique de l’accouchement sans douleur. Il grandit avec elle et son compagnon, qui travaille aux Halles, dans le 11e arrondissement de Paris, quartier Voltaire, resté dans les années soixante un “faubourg” ouvrier et populeux. C’est pour lui un lieu d’épanouissement et de violence, comme l’école, où son patronyme italien lui vaut d’être classé parmi les “rastaquouères”.
J'étais dans un milieu plutôt libertaire. Ma mère s'était mise en rupture familiale avec l'ensemble de sa famille puisqu'elle vivait avec quelqu'un avec un enfant pas reconnu, mais qui portait le nom de son premier mari. Je ne sais pas si vous voyez ce que ça veut dire.
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"Je me suis réfugié dans un placard pour échapper à la promiscuité que je subissais"
A l’abri dans un placard, seul endroit où on peut s’isoler dans les petits logements qu’il habite avec sa famille, Christian Schiaretti commence à lire, en prenant la littérature par le seul ordre qui lui paraisse légitime: l’ordre chronologique. Il dévore les Grecs anciens, la farce médiévale, le roman, sans hiérarchie aucune, et avec le même appétit.
Rétrospectivement, il considère avec un étonnement sans cesse renouvelé cette expérience intellectuelle première, à laquelle son milieu et son existence d’alors ne le poussaient pas. Dans sa famille, dans son quartier, on ne lisait pas, on n’allait pas au théâtre, un peu au cinéma parfois, mais les choses de l’esprit ne faisaient pas partie du quotidien. Dans l’ensemble il conserve de son enfance des souvenirs plutôt joyeux: la violence sociale existait certes, la misère n’était pas loin, mais la famille restait soudée et les amitiés fortes.
J'avais par-devers moi peut être, une sorte d'intuition dans ce rapport aux mots, dans cette espèce de macédoine multiculturelle, j'avais peut être une conscience du mot fort. (...) J'explique cette conscience de la langue qui est très présente chez moi parce que je vis dans un dans un milieu qui ne maîtrise pas le mot. Donc, j'ai un rapport très fort à cela et je crois aussi à la conscience qu'il y a un monde ailleurs.
Une série d'entretiens proposée par Lucile Commeaux, réalisée par Franck Lilin. Prise de son : Georges Thô. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.
Bibliographie
Christian Schiaretti, Pour en finir avec les créateurs, Atlande, 2014.
Liens
- Son discours d’inauguration du TNP en 2011
- La Masterclasse de Christian Schiaretti, animée par Aude Lavigne, en 2020, France Culture
- Un grand entretien donné à Erudit
Pour aller plus loin sur le théâtre populaire
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