

Troisième entretien d' "A voix nue" avec la réalisatrice Margarethe von Trotta qui évoque les débuts de son parcours dans le nouveau cinéma allemand à la fin des années 60 et comment d'actrice pour des réalisateurs célèbres, elle est passée de l'autre côté de la caméra malgré le machisme ambiant.
- Margarethe Von Trotta cinéaste, scénariste et comédienne
La scénariste et réalisatrice Margarethe von Trotta raconte dans ce troisième entretien d'"A voix nue" son entrée à la fin des années 60 dans le noyau du nouveau cinéma allemand, d'abord en tant qu'actrice : "C'était comme si j'avais prévu qu'à travers ce chemin là, j'arriverai là où je voulais finir, en tant que metteur en scène." Elle commence par jouer dans les films de Rainer Werner Fassbinder dont elle deviendra l'actrice fétiche, jusqu'à son mariage avec le réalisateur Volker Schlöndorff en 1971. Elle commence alors à coréaliser des films comme "L'Honneur perdu de Katharina Blum" avant de se lancer seule dans l'écriture de scénario et la réalisation avec "Le Second Éveil de Christa Klages" sorti en 1978.
N'ayant pas suivi d'études cinématographiques contrairement à d'autres cinéastes allemands, Margarethe von Trotta explique que c'est par l'observation qu'elle a appris la mise en scène, c'est pour cela qu'elle a accepté, confie-t-elle, "des rôles pas très importants seulement parce que je voulais connaître le metteur en scène et regarder et observer comment il fait." Elle raconte ce qu'était ce groupe des nouveaux cinéastes allemands apparu en 1965, chaque réalisateur était différent des autres même s'il y avait des combats communs. "Chacun était vraiment un individu, mais c'était quand même plus ou moins une même génération. Ils ont vécu l'après-guerre, ils ont vécu le silence d'après guerre, cette chape de plomb. On a tous ressenti ça.__" Ils se revendiquaient de la Nouvelle Vague française mais avec un sous-texte très politique lié au passé de l'Allemagne.
Avec la construction du mur, on a quand même compris ce que c'était, l'Allemagne, et on avait ce besoin de s'exprimer, de jeter ça aussi un peu hors de nous. Et chacun l'a fait d'une autre manière, avec d'autres moyens.
De son mariage en secondes noces avec le cinéaste Volker Schlöndorff, après un premier mariage avec un homme qui refusait de la voir faire du cinéma, elle dit que "c'était déjà un pas vers la libération. C'était une nouvelle cage, mais dans cette cage, je pouvais voler". Pourtant, lui aussi à sa manière, n'était pas content de la voir voler de ses propres ailes car il perdait ainsi une excellente assistante pour ses films. En 1977, en insistant auprès des producteurs, elle parvient à les convaincre de lui faire confiance, elle qu'on appelait "Madame Schlöndorff" et à qui on faisait remarquer qu'être scénariste et comédienne des films de son mari, cela marchait très bien. "Je suis quand même arrivée à ouvrir la cage totalement", conclut-elle avec un certain amusement.
Par Perrine Kervran. Réalisation : Clotilde Pivin. Prise de son : Jessica Foucher. Avec la collaboration de Claire Poinsignon.
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