
Dans ce premier épisode, Claude Ventura, fils de Juifs sépharades grecs, raconte son enfance cachée pendant l’Occupation, sa jeunesse bohème de guitariste de jazz et de blues à Saint-Germain-des-Prés, et ses rêves d’Amérique.
Claude Ventura est né le 4 juillet 1938 à Paris, de parents juifs sépharades de Salonique, en Grèce. Ils venaient de classes sociales différentes, elle fille d’un riche négociant en tissus de la ville haute, lui issu d’une famille très pauvre. Quand son père, journaliste et cofondateur de la Fédération des Jeunesses Communistes Grecques, a été nommé correspondant à Paris du quotidien Le Progrès de Salonique au début des années 30, sa mère l’a suivi et a ouvert un petit commerce de bonnèterie, rue du Faubourg Saint-Antoine. La partie de sa famille restée à Salonique a été déportée par les Nazis et a fini par Auschwitz, ce dont son père ne se remettra jamais. Le petit Claude Ventura, mis à part le souvenir d’une nuit au magasin pour échapper à la rafle du 11e arrondissement (le 20 août 1941), ne réalise pas vraiment ce qui se passe pendant l’Occupation, d’autant que ses parents (et surtout sa mère, qui a toujours refusé qu’ils portent l’étoile jaune) ont eu la présence d’esprit de quitter Paris pour Marseille, puis pour une petite ville du Lot-et-Garonne, Montagnac-sur-Auvignon, où une institutrice que son père avait rencontrée, soldat, au début de la guerre, les a cachés jusqu’à la Libération. Tout cela, il ne l’a jamais raconté dans un documentaire, alors qu’il a filmé tant d’inconnus. Mais ce film sur sa famille, trop longtemps mûri, restera dans sa filmographie virtuelle, « bien meilleure que [sa] filmographie réelle », selon cette éternelle victime du sentiment d’imposture.
American dream
De retour à Paris, s’ensuit une scolarité des plus hasardeuses (sa mère se lamentait quand il rapportait son médiocre carnet de notes d’un très théâtral : « Même Hitler m’a pas fait ça ! »), sauf en français, où il excelle, attirant l’attention de son professeur du lycée Charlemagne, l’écrivain Marcel Schneider. Titulaire de la rubrique musicale dans Combat et spécialiste du romantisme allemand, il l’emmène même, avec quelques autres élèves, chez son ami André Breton (dont Ventura garde un souvenir très désagréable). Après avoir enfin réussi à décrocher ses deux baccalauréats, le jeune Claude s’inscrit aux Beaux-Arts en architecture (mais comprend très vite que ce n’est pas pour lui), aux cours de théâtre de Raymond Gérôme au théâtre du Vieux-Colombier (mais c’était surtout pour être avec les filles), et traîne à Saint-Germain-des-Prés, où il joue dans les caves de la guitare électrique dans un trio de jazz et de blues. C’est avec les Beatles qu’il découvrira plus tard le rock. A l’époque, ses deux idoles étaient Mouloudji et Daniel Gélin, pour leur côté existentialiste, à rebours des belles gueules de l’époque. Il commence alors à découvrir l’Amérique, par les disques, le cinéma et la littérature. De là lui vient un certain goût pour les clichés, qu’il retrouvera lors de ses voyages sur place pour y faire des films : « on a rêvé l’Amérique, et quand on y va, on la retrouve. »
Générique
Une série produite par Antoine Guillot. Réalisation : Séverine Cassar. Attachée de production : Daphné Abgrall. Prise de son : Christophe Goudin. Coordination : Sandrine Treiner.
Filmographie
Télévision
1973 : Italiques
1974 : Extraits du journal de J.-H. Lartigue
1970-1974 : Pop2
1975 : La Vie filmée 1946-1954
1980 : John Lewis
1982-1991 : Cinéma, Cinémas, magazine TV
1982 : Chorus
1981 : Sonny Rollins
1995 : Hank Williams, Vie et mort d'un Cadillac Cow-Boy
1995 : Johnny Hallyday, All Access
1998 : Eddy Mitchell
1998 : Scott Fitzgerald, Retour à Babylone
1999 : Gina, Sophia et moi
2002 : La Femme de papier
2005 : Guy Peellaert, l’art et la manière
2006 : Jacques Monory
Documentaires
1993 : Chambre 12, Hôtel de Suède
1988 : À la recherche de la couleur perdue
2013 : Les Garçons de Rollin
2016 : Fitzgerald - Hemingway, une question de taille (série télévisée Duels)
2000 : En quête des sœurs Papin
L'équipe
