

Premier entretien avec l'éditeur spécialiste des films français, René Chateau qui revient sur ses premières séances dans les cinémas de quartier puis dans les cinéclubs et ses premiers chocs cinéphiles. Enfant issu d'un milieu modeste, le cinéma lui a ouvert les portes d'un autre destin.
- René Chateau Editeur vidéo
Dans ce premier entretien d'"A voix nue", l'éditeur René Chateau s'explique sur le logo de sa maison d'édition qui représente une panthère noire. Il s'agit entre autres d'une référence à Bagheera dans Le Livre de la jungle et il dit surtout bien aimer l'aspect solitaire de l'animal, une image qui lui correspond bien. Il revient ensuite sur sa jeunesse dans les années 1950 et sa fréquentation assidue des cinémas de quartier, "cinq fois moins chers que ceux des Champs Elysées", se souvient-il. Et surtout, comme il n'avait pas la télévision chez lui, il "découvrait les films de cinéma sur un grand écran et non pas sur une boîte à conserve." Ce qu'il apprécie aussi des films de cette époque, c'est qu'ils étaient "dirigés vers le spectateur, pour le séduire, pour l'emballer" contrairement à maintenant où "un quart de la production est dirigé vers la critique puisque c'est un cinéma qui est complètement financé par les subventions." De ce verdict sévère, il sauve malgré tout Pedro Almodovar et Quentin Tarantino.
Pour être sélectionné aujourd'hui pour le festival de Cannes, faut faire chiant sinon vous n'êtes pas sélectionné.
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Avec son franc parler, René Chateau s'en prend au système d'avance sur recette "basé sur le racket" des films à gros succès parce que populaires pour financer "des films ch... et mortels qui ont une bonne critique dans Libération et Télérama !"
L'exception culturelle française, elle est basée sur le racket. Le principal du fric qu'on distribue, c'est qu'on l'a piqué aux Américains.
Venant d'un milieu populaire, il dit avoir toujours voulu en sortir. Après avoir travaillé dès l'âge de 14 ans et pendant dix années dans le bâtiment, "je ne voulais pas rester là-dedans!", confie t-il. Le cinéma a été sa porte de sortie. Il a bien connu l'époque bouillonnante des cinéclubs où les disputes entre cinéphiles de différentes revues n'étaient pas rares. "La cinéphilie était ardente à ce moment là !"
Par Matthieu Conquet. Réalisation : Anne-Pascale Desvignes. Prise de son : Ivan Turk. Avec la collaboration de Claire Poinsignon.
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