"Se connaître de nom, c'est se connaître bien peu" : de Colombe Lipsztejn à Nicole Lapierre : épisode 1 du podcast Nicole Lapierre, une intellectuelle extra-territoriale

Famille Lipsztejn. Nicole sur les genoux de son père
Famille Lipsztejn. Nicole sur les genoux de son père - Archives privées Nicole Lapierre
Famille Lipsztejn. Nicole sur les genoux de son père - Archives privées Nicole Lapierre
Famille Lipsztejn. Nicole sur les genoux de son père - Archives privées Nicole Lapierre
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Nicole Lapierre est née Nicole Colombe Lipsztejn en 1947 à Paris. Réfugiés en zone libre sous un faux nom pendant la guerre, ses parents et sa sœur Francine échappent à la déportation. À son entrée au lycée, son père Izraël Lipstejn change son nom en Jean Lapierre.

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Nicole Lapierre est née Nicole Colombe Lipsztejn en 1947 à Paris. Son père est médecin généraliste dans le 15ème arrondissement "un homme fou de sciences et de France", tandis que sa famille maternelle, arrivée de Varsovie au début du XXe siècle, a fait fortune dans les plumes. Son enfance se déroule dans le milieu de la bourgeoisie juive laïque et elle "comprend" assez tard, à l'occasion d'une chamaillerie à l'école, qu’elle est juive. Pendant la guerre, réfugiés en zone libre sous un faux nom, ses parents et sa sœur Francine (née en 1939) échappent à la déportation. 

Changer de nom : double assignation

À son entrée au lycée Jules Ferry, sa famille déménage dans le 9ème arrondissement et son père Izraël Lipstejn change son nom en Jean Lapierre, pour "protéger les enfants". Nicole Lipstejn devient ainsi Nicole Lapierre. Elle garde un seul souvenir de cette période : en terminale, une professeure, portant un numéro tatoué sur le bras, la convoque pour lui dire : "C’est honteux, pour les Juifs de changer de nom”. Nicole Lapierre explique que la France est très attachée au patrimoine onomastique et souligne la difficulté à changer de nom : "Il y a cette idée que celui qui change de nom n'est pas fier de ses origines et en même temps, si ses origines sont stigmatisées, on trouve aussi qu'il n'est pas bien du tout. C'est typiquement une double contrainte."

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Bien plus tard, devenue anthropologue, elle va faire du changement de nom l'un de ses sujets de recherche.

Une série d'entretiens proposée par Hélène Frappat. Réalisation : Anne Perez-Franchini. Attachée de production : Daphné Abgrall. Prise de son : Jean-Pierre Gerbault. Coordination : Sandrine Treiner.

Pour aller plus loin

Bibliographie sélective