« Sont-elles si importantes, les premières années de la vie ? » : épisode • 4/5 du podcast L’odyssée de Jean-Michel Ribes

Jean-Michel Ribes et ses parents à la Baule, été 1952.
Jean-Michel Ribes et ses parents à la Baule, été 1952. - Archives privées Jean-Michel Ribes
Jean-Michel Ribes et ses parents à la Baule, été 1952. - Archives privées Jean-Michel Ribes
Jean-Michel Ribes et ses parents à la Baule, été 1952. - Archives privées Jean-Michel Ribes
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Cette interrogation de Jean-Michel Ribes se poursuit ainsi : "Le mois de Juillet chez mon père, le mois d’août chez ma mère, le reste de l’année à me recoller". Une enfance déchirée, la pension Montcel, un beau-père attentif et une mère aimante mais un père indifférent, une blessure toujours ouverte

Avec
  • Jean-Michel Ribes Directeur du Théâtre du Rond-Point, dramaturge, metteur en scène, réalisateur

Jean-Michel Ribes naît dans un milieu bourgeois. Il n’est pas de ces hommes de culture à l’enfance misérable qui se sont élevés grâce à la vie artistique, dit-il.  Même s’il a très douloureusement vécu la séparation de ses parents, son beau-père, le peintre Jean Cortot, et sa mère, « ma mère, cet océan »,  lui font connaître très tôt artistes et intellectuels, figures de la vie parisienne des années 60. 

Les traces de cette enfance protégée et difficile à la fois, restent gravées en lui : sa grand-mère, Suzanne Castelli, et la maison Miramontès, les vacances au Pyla avec son père, ce père lointain, grand bourgeois de droite, champion du monde de tir aux pigeons,  député et ministre éphémère sous Georges Pompidou. « Ce n’est pas tant la chasse qui me plaisait, c’est d’être avec mon père dont je sentais que j’étais enfin le fils ».

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Ma fantaisie me vient de ma grand mère car c'était quelqu'un d'un fou rire permanent. Elle me servait de cobaye pour une expérience qui m'a permis de comprendre par la suite que lorsqu'on est ni celui qui court le plus vite, ni le plus beau, ni le plus fort en géographie, déclencher le rire permet de se frayer un chemin dans une société qui ne nous avait pas réservé la meilleure place. (...) Tout d'un coup, de me faire accepter par elle, c'était mon arme à moi, c'était mon petit petit don, je n'en avais pas d'autre.

Jean-Michel Ribes et sa grand mère maternelle Suzanne Castelli, vers 1948-1949
Jean-Michel Ribes et sa grand mère maternelle Suzanne Castelli, vers 1948-1949
- Archives privées Jean-Michel Ribes

"Les sentiments, le rapport immédiat, l'amour, les émotions, c'est ce qui me parle le plus"

« Mon père, si peu présent et qui l’est tellement en moi ». C’est encore lui qui le place en internat à la pension Montcel, parce qu’il était monté sur les planches, pension dans laquelle la discipline est stricte et éprouvante, mais qui lui permettra de se lier à vie avec Gérard Garouste, son complice et ami. 

Mon père était quelqu'un de très intelligent, très sensible, et avec qui j'aurais dû et j'aurais pu entretenir une formidable complicité car il m'aimait beaucoup mais il était empêché par son statut presque de bourgeois. Il ne supportait pas ce que faisais et ce que j'étais. (...) Parfois, il m'emmenait à la chasse, ce n'était pas la chasse qui me plaisait mais c'était le moment le plus merveilleux parce que là, j'étais seul avec lui. Il n'y avait pas le déguisement de la société, le déguisement du paraître.  

Les amis ! C’est son véritable univers, sa famille, ceux de l’enfance – Garouste, Khorsand-avec lesquels il effectue un voyage mémorable dans les Balkans, jusqu’en Turquie, en Renault 4L, « le seul vrai voyage de notre vie » ; ceux du théâtre ensuite, les très proches, Roland Blanche, Topor, Grunberg ; ceux qui l’accompagnent durant toutes ces années de théâtre, Jean Carmet, Jacques Villeret, Claude Régy, Pelletier, Jean Mercure, et beaucoup d’autres ; ceux qu’il met en scène dans ses films, ou en voyageant à travers le monde; des grandes figures de la littérature, de la scène, mais aussi des politiques, auxquels il se lie, que ce soit Bertrand Delanoé, ou François Hollande, avec qui il a le rire en partage.

La porte d'entrée de notre amitié avec Garouste, Topor, Villeret, Blanche, ça a été le sens de l'humour et le second degré.  La manière dont on envisageait le monde et la distance qu'on prenait, ça a été le ciment de notre amitié.

Jean-Michel Ribes (au centre), Olivier Coutard (à gauche) et Gérard Garouste (à droite), au pensionnat du Montcel, en 1964
Jean-Michel Ribes (au centre), Olivier Coutard (à gauche) et Gérard Garouste (à droite), au pensionnat du Montcel, en 1964
- Archives privées Jean-Michel Ribes

La vie de Jean-Michel Ribes est faite de tous ces personnages qui constituent son univers, qu’ils appartiennent à la réalité, acteurs, écrivains, techniciens, réalisateurs, ou à ses pièces de théâtre et à qui il donne vie le temps d’une représentation. Personnages réels ou imaginaires, vivants et morts, parmi lesquels il se meut, essayant de donner une unité, une cohérence, à ses « Mille et un morceaux », titre de son ouvrage le plus autobiographique.

L’amitié plus que l’amour, dont il se méfie : « Pour moi, amour dit désastre » et auquel il préfère l’affection : « Enfin, un mot qui dit la vérité ». 

Reste sa fille Alexie, l’un des grands bonheurs de sa vie.

Une série d'entretiens produite par Jérôme Clément. Réalisée par Anne Perez-Franchini. Prise de son : Thibault Nascimben. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.

Jean-Michel Ribes et sa fille Alexie
Jean-Michel Ribes et sa fille Alexie
- Archives privées Jean-Michel Ribes

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