

Etudiant pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie, trentenaire en mai 68, Alain Corbin demeure pourtant durant toute sa carrière à l’écart des événements et des engagements politiques. Il est élu professeur à la Sorbonne en 1986 après l’avoir été à l’université de Tours.
Alain Corbin (historien, spécialiste de l'histoire des sens).
Etudiant pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie, trentenaire en mai 68, Alain Corbin demeure pourtant durant toute sa carrière à l’écart des événements et des engagements politiques dont il est le contemporain. Il est élu professeur à la Sorbonne en 1986 après l’avoir été à l’université de Tours.
Alain Corbin n’a pas fait ses études à Paris. Il n’est pas non plus passé par l’Ecole normale supérieure. Mais ces différences avec beaucoup des grands universitaires qui lui sont contemporains ne l’ont pas empêché de bénéficier d’une reconnaissance institutionnelle. En sortant d’un internat extrêmement sévère, une fois le bac obtenu, il refuse de s’enfermer dans les classes préparatoires. Et comme il le dit dans nos entretiens, dans le bocage normand, il n’avait jamais entendu parler de ce cursus d’excellence. L’histoire et celle du XIXè siècle en particulier sont ses passions : il s’inscrit pour l’étudier à l’université de Caen. Une fois agrégé, il est nommé professeur dans un lycée de Limoges en 1959, et très vite, le voici appelé en Algérie.
Le choix entre l’indépendance de l’Algérie ou l’Algérie française n’est pas une question pour lui : Alain Corbin n’est pas politisé, et il est prévenu contre le Parti communiste que rejoignent tant d’intellectuels de sa génération. L’historien Pascal Ory a d’ailleurs écrit à propos de Corbin qu’il n’avait pas le sens de la lutte des classes mais qu’il y avait en lui, grâce à son enfance en Normandie auprès des paysans, « une imprégnation religieuse et un sens du tragique ». Il a aussi un rapport apaisé à son milieu social et au catholicisme. De retour d’Algérie en 1960, Alain Corbin reprend sa place à Limoges et traverse mai 68 sans y prendre part. L’université de Tours le nomme professeur en 1975, et la Sorbonne, (ce que l’on appelle aujourd’hui Paris I), en 1986.
Par Virginie Bloch-Lainé, réalisation, Massimo Bellini, prise de son, Yann Fressy.
Bibliographie
- Historien du sensible, entretiens d’Alain Corbin avec Gilles Heuré, La Découverte, 2000
- Alain Corbin, une histoire des sens, préface de Pascal Ory, coll. « Bouquins », Robert Laffont, 2016, anthologie regroupant Le Miasme et la jonquille, Le Village des cannibales, Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot
- Alain Corbin, un tour de France des émotions, revue Critique n°865-866, 2019
- Alain Corbin, Sois sage, c’est la guerre, Flammarion, 2014
- Alain Corbin, Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu, 1798-1876, Flammarion, 1998
- Alain Corbin, Les Conférences de Morterolles, Flammarion, 2011
Pour aller plus loin
- L’histoire entre rêve et plaisir, entretien avec Alain Corbin, par Ivan Jablonka , le 8 novembre 2013, La vie des idées
- Portrait d’Alain Corbin en collectionneur par Judith Lyon-Caen, Critique 2019/6-7 (n° 865-866)
- Ne rien refuser d’entendre, entretien avec Alain Corbin, 3 avril 2006, Vacarme 35
- Un historien du bocage sur le sentier de la Terre, Alain Corbin, entretien réalisé pour la revue Pierre Birnbaum, Dominique Kalifa et Philippe Roger, Critique 2019/6-7 (n° 865-866)