Entre les postes ministériels occupés par son père sous la présidence de Bourguiba, le débat d’idées qui remplissait constamment la maison familiale ouverte à tous, et le mariage de sa tante paternelle avec Habib Bourguiba, Hélé Béji a baigné dans la politique.
- Hélé Béji Ecrivain et essayiste, fondatrice et présidente depuis 1998 de la société littéraire « le Collège international de Tunis ».
"J'ai vécu toute ma vie avec l'idée que la famille et la société, c'était une seule et même chose"
Fille d’un père avocat, tunisien, qui avait fait ses études de droit à Paris, et d’une mère française et institutrice, Hélé Béji a quitté Tunis pour vivre en Europe lorsqu’elle a eu 10 ans. Elle a habité en Italie et en Allemagne, où son père fut ambassadeur. Ces années d’un exil consenti lui a permis d’intégrer et d’apprécier un mode de vie et de penser européen. Elle était incitée à ce mouvement par le fait que la modernité était « une tradition familiale ».
Je pense qu'on peut très bien aimer la tradition comme moi, tout en n'étant pas croyant, mais parce que j'en ai reçu le meilleur.
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L’éducation dispensée aux enfants Ben Amar (tel est le nom de jeune fille d’Hélé Béji) était permissive, tout en accordant une importance haute à la civilité, à la politesse. Hélé Béji fut poussée par ses parents à lire, à étudier, et à partir à la découverte du vaste monde. La maison familiale, située dans la médina de Tunis, était d’ailleurs en permanence ouverte aux amis et aux débats d’idées. Hélé Béji l’habite aujourd’hui encore. Elle en décrit l’architecture et l’atmosphère dans ce premier volet.
C'est un système de vie que l'on transporte avec soi, à Rome ou Allemagne c'était pareil, c'était une maison "peuplée". (...) Avec un va et vient permanent, c'était le peuple des amis de mes parents. (...) Je n'ai pas de souvenirs de toute ma vie d'avoir pris un repas seul avec mes parents.
Son père aidait le FLN dans la lutte en faveur de l’indépendance en Algérie tout en tenant un discours francophile. Un amour de la France a constitué Hélé Béji ; elle possède du reste la double nationalité. Elle a plongé dans la littérature française à l’adolescence, suivant ainsi les traces de ses parents, très cultivés. Baudelaire, Rabelais, Hugo, la philosophe Simon Weil, devinrent ses maîtres.
Une série d'entretiens proposée par Virginie Bloch-Lainé, réalisée par Angélique Tibau. Prise de son : Frédéric Cayrou. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.
Liens
Collège International de Tunis
Bibliographie sélective
- Hélé Béji, Dommage, Tunisie. La dépression démocratique, « Tracts », Gallimard, 2019.
- Hélé Béji, Islam Pride, Gallimard, 2011.
- Pierre Birnbaum, La Leçon de Vichy, Seuil, 2019.
- Jean Birnbaum, Un Silence religieux. La gauche face au djihadisme, Seuil, 2016.
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