Premier entretien avec le réalisateur Yves Boisset qui retrace son enfance à Paris pendant la guerre et se souvient de ses premières émotions de cinéma.
- Yves Boisset Réalisateur et scénariste
Dans cette première partie de la série "A voix nue", Yves Boisset raconte sa première fois au cinéma quand il était enfant. Il ne savait pas du tout à quoi s'attendre, il pensait que "le cinéma, c'était des images qui bougeaient sur un mur, un peu comme une bande dessinée où on serait passé d'une image à une autre sur un mur [...] un petit peu comme ces petits carnets qu'on feuilletait et où le défilement des images entre les doigts donnaient l'illusion du mouvement." Son premier vrai contact avec le cinéma a été "mouvementé". Il raconte qu'il a été "très choqué, très frappé" par une scène de fusillade dans une salle de cinéma plongée dans le noir, tellement traumatisé alors que c'était encore la guerre, qu'il en a fait une jaunisse. Ses parents, refroidis par cette mauvaise expérience, ont attendu très longtemps avant de l'y emmener à nouveau.
De la Libération, Yves Boisset, né en 1939, en garde des souvenirs très précis car il habitait le sud de Paris vers la Porte de Vanves, un quartier qui a été largement bombardé par les Alliés. "J'ai assisté à des scènes terrifiantes qui m'ont vraiment, vraiment beaucoup marqué", raconte-t-il en se remémorant une scène de femme nue tondue et trainée dans la rue. "Le climat de la guerre était quand même un climat extrêmement tendu et lourd de menaces diverses"__, conclue-t-il.
Parce que l'ambiance avec ses parents n'était pas au beau fixe, Yves Boisset décide de quitter le domicile familial à 17 ans alors qu'il était encore en hypokhâgne à Louis-le-Grand. Cherchant un petit boulot et aimant bien écrire il se présente au journal "Paris Jour" où on lui confie la rubrique des chiens écrasés, lui faisant faire le tour des commissariats le soir pour prendre connaissance des faits divers. "Je faisais un petit Simenon avec des faits divers", se plaît-il à raconter.
J'ai compris en faisant les commissariats à quel point les faits divers étaient le reflet d'une société, que les faits divers en disaient beaucoup sur l'état d'une société à un moment donné. Et ça m'a passionné_._
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