"Paul Klee réenchante le monde en donnant de l’esprit à la matière"

Senecio de Paul Klee réalisé en 1922
Senecio de Paul Klee réalisé en 1922 ©Getty - DEA PICTURE LIBRARY/De Agostini
Senecio de Paul Klee réalisé en 1922 ©Getty - DEA PICTURE LIBRARY/De Agostini
Senecio de Paul Klee réalisé en 1922 ©Getty - DEA PICTURE LIBRARY/De Agostini
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À l’occasion de la prochaine rétrospective « Paul Klee, entre deux mondes » au Musée d'art moderne de Lille ; ainsi que de la publication du livre « Paul Klee, jusqu’au fond de l’avenir », l’essayiste Stephane Lambert revient au micro de Marie Sorbier sur l'engouement autour de ce peintre.

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Stephane Lambert, essayiste, poète et romancier, a publié de nombreux livres sur les peintres. Le dernier  « Paul Klee jusqu’au fond de l’avenir »  vient de paraître aux éditions Arléa. Il explique au micro de Marie Sorbier les effets de la peinture de Klee chez le spectateur dans notre époque contemporaine.

Si le peintre suisse, Paul Klee, résonne indéniablement avec son temps, il réussit à toucher quelque chose d’essentiel qui se réactualise à toutes les époques. Dans notre monde contemporain, les informations prolifèrent jusqu’à saturation, et les perspectives deviennent sombre et incertaines. Dès lors, la force des grands artistes comme Paul Klee, souligne Stephane Lambert, ramène notre regard vers des choses essentielles, des questions primordiales ; et à la fois, ils élargissent également nos horizons.  L’œuvre de Paul Klee est de celles qui ré enchantent le monde en donnant de l’esprit à la matière. 

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L'art a la vertu de rendre des possibles plus grands et d'élargir les limites de l'humanité.

Le titre de l’ouvrage de Stephane Lambert « Paul Klee jusqu’au fond de l’avenir » est emprunté de Maurice Merleau-Ponty « La première des peintures allait jusqu'au fond de l'avenir. », qu’il cite par ailleurs en exergue de son livre. Cette notion de profondeur métaphysique dans le travail de Paul Klee le touche immédiatement. Pour Stephane Lambert, Paul Klee est un artiste dont on sent aussitôt une densité frappante comme si elle entrait directement en communication avec quelque chose qui est en nous. Elle retisse un lien dans la profusion de nos existences. L’œuvre de Paul Klee rappelle ce fond primordial, primitif, d’humanité. 

À la lecture de son ouvrage, le regard du spectateur occupe une place importante :  celui qui regarde fait le tableau. « L’action de voir émet autant qu’elle reçoit des informations ». En proposant aux lecteurs son propre regard, puisqu’il écrit avec le pronom personnel « je », Stephane Lambert tente de partager par le sensible une part du mystère de Klee.

Il écrit à la première personne du singulier, comme un peintre fait son autoportrait. C’est une manière de partir de son ressenti de se raccrocher au ressenti universel, de se défaire de son individualité pour trouver des sensations communes. L’œil donne une raison d’être, une puissance sémantique à ce que l’on voit. Nous n’attribuons pas le même sens à une même chose observée et chacun nourrit l’œuvre de son vécu et de sa personne.

Lors de ses visites au musée de Berne où sont exposées les œuvres de Paul Klee, Stephane Lambert confie avoir été épuisé de les regarder sur le long terme. En effet, selon lui, l’énergie que crée cette relation du regard avec l’œuvre nous épuise et épuise également les œuvres. Les œuvres doivent être changés tout les six mois, pour ne pas les épuiser, elles doivent se reposer.  

Dans son livre, « Paul Klee jusqu’au fond de l’avenir », il y a de nombreuses reproductions, des tableaux de Klee en couleur, ce qui permet de créer un dialogue avec l’œuvre. Il essaie de ne pas les décrire de manière objective. On se promène comme dans un labyrinthe, les œuvres se mettent à parler également et viennent amplifier la portée des mots.  

Fictions / Perspectives contemporaines | 08 - 09
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Actualité : « Paul Klee jusqu’au fond de l’avenir » de Stéphane Lambert, paru aux éditions Arléa.

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