

Avant de découvrir l'exposition "Ex Africa" du musée du quai Branly le 21 février à 21h sur Culturebox, la plasticienne Myriam Mihindou exprime au micro de Marie Sorbier son ressenti face aux oeuvres africaines exposées dans l'institution muséale.
- Myriam Mihindou artiste plasticienne pluridisciplinaire
L'exposition du Musée du quai Branly Ex Africa sera vernie dimanche 21 février 2021 sur la chaîne de télévision gratuite Culturebox, en attendant d'être accessible au public. Elle tire son titre d'un écrit de l'historien romain Pline l'Ancien : ex Africa semper aliquid novi, qui signifie qu'il y aurait toujours quelque chose de nouveau en provenance de l'Afrique. Au micro de Marie Sorbier, l'artiste plasticienne Myriam Mihindou explique comment elle se situe dans ce rapport de fascination, au sens anthropologique du terme, que génère l'Afrique chez les Occidentaux.
L'Afrique est un vivier solide et dynamique, en transmutation permanente, plein de force de proposition.
Myriam MihindouPublicité
Née à Libreville, au Gabon, Myriam Mihindou vient d'un territoire équatorial qu'elle caractérise par sa puissance, tant par sa géographie que par sa végétation luxuriante et les nombreux rituels qui y ont lieu encore aujourd'hui. Un pays et des rituels où l'oralité est particulièrement importante, permettant selon la plasticienne de semer des graines fécondes de représentations dans l'imaginaire collectif.
L'oralité est au coeur de ce vivier, car elle est une dynamique vivante. En tant qu'artiste, la première chose que je mets en place, c'est un espace de parole. La parole fait chair, elle syncrétise le corps et le langage.
Myriam Mihindou
Quand je vais au musée du quai Branly et que je vois ces instruments muets à l'entrée, ça me glace les os. J'aimerais les entendre, j'aimerais qu'ils me racontent. Ça me semble être un non-sens manifeste.
Myriam Mihindou
Muséifer une culture où l'oralité occupe une place fondamentale est possible, explique Myriam Mihindou, par un effort de transmission et le déploiement, via les objets et oeuvres exposés, d'espaces de parole.
Il faut revenir dans la grande maison des hommes. L'oralité concerne tout le monde, il s'agit d'une transmission de mémoires communes qui doivent passer par la parole.
Myriam Mihindou
En 2003, dans le Saloum, région du nord de la Gambie, Myriam Mihindou a récolté de nombreux témoignages de personnages âgées, mettant ainsi en place une authentique transmission de savoirs, couvrant plusieurs domaines comme la psychothérapie, la pharmacie, mais aussi la danse, la musique, les contes.
Des institutions comme le musée du quai Branly exposent également des objets venant de pays africains qui ont une forte charge mystique ou rituelle. Leur déplacement dans l'espace muséal les déchargerait-ils de leurs capacités ?
J'ai vécu au Gabon jusqu'à mes 22 ans, et je n'ai vu que les masques danser. J'ai vu ces objets uniquement en situation active. Il faut redonner à ces objets leur fonction de parole et de transmission, et se pencher sur la question des interprétations de ces paroles. Activer ces objets, c'est leur redonner la parole, et la démocratiser.
Myriam Mihindou
Myriam Mihindou fait partie des artistes exposés dans le cadre de l'exposition Ex Africa. Présentant des oeuvres qu'elle a produites elle-même, l'artiste amène dans l'espace muséal des objets artistiques qu'elle considère comme des vecteurs de parole, inscrivant ainsi sa pratique dans la lignée de la tradition orale de son pays d'origine.
Parmi ses installations dans l'exposition, une oeuvre intitulée Trophée s'articule autour d'un motif récurrent et chargé d'histoire : la fleur de lys. Myriam Mihindou, qui crée notamment à partir de ses rêves et visions, s'est vue pour ce travail inspirée par des souvenirs d'enfance où la fleur de lys se faisait présente.
Lorsque j'étais enfant, je passais devant la palais présidentiel du Gabon, qui était bordé d'une barrière surmontée de fleurs de lys. Derrière cette barrière, il y avait des lions féroces que j'avais pour habitude de regarder. J'ai commencé à faire des recherches sur la fleur de lys, pensant qu'elle était attribuée à un seul territoire. Je me suis rendue compte qu'il y a une entière tradition d'esclavage où revenait la fleur de lys. Dans cette exposition, c'est comme si je tendais un miroir pour réviser et comprendre les filiations, reprendre l'Histoire à la source, afin de réfléchir ensemble à la question de la restitution.
Myriam Mihindou
L'équipe
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