La géographie est-elle une discipline de combat ?

La géographie, une approche du monde sans frontières ?
La géographie, une approche du monde sans frontières ? ©Getty -  Klaus Vedfelt
La géographie, une approche du monde sans frontières ? ©Getty - Klaus Vedfelt
La géographie, une approche du monde sans frontières ? ©Getty - Klaus Vedfelt
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A l'occasion de la parution de la collection "Les pionniers de l'écologie" (Editions Le Pommier), dont un ouvrage d'Elisée Reclus, nous revenons sur les liens entre anarchisme et géographie qu'incarnait ce penseur, avec le géographe libertaire Philippe Pelletier.

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Une nouvelle collection des Editions Le Pommier intitulée "Les pionniers de l'écologie" nous invite à reconsidérer les écrits de grands penseurs des siècles passés comme prémices de l'écologie philosophique et politique qui gagne aujourd'hui en terrain et en visibilité. Parmi ces penseurs, Elisée Reclus avec un récit, " Voyage à la Sierra Nevada de Sainte-Marthe. Paysages de la nature tropicale", des aventures en Colombie du géographe communard et père de la pensée anarchiste en Colombie, alors âgé d'à peine 25 ans. L'occasion pour Affaire en cours de revenir sur une discipline dont la proximité avec les théories et mouvements libertaires est souvent méconnue, avec un de ses practiciens, le géographe libertaire Philippe Pelletier, professeur à l'Université Lyon 2 et spécialiste d'Elisée Reclus. 

Les géographes à la genèse de la doctrine anarchiste

L'anarchisme en tant que tel, est réellement élaboré en tant que doctrine au cours des années 1880, à partir de la Première Internationale et après la mort du philosophe russe qui inspira cette pensée, Bakounine. Ce corps de doctrine a été constitué largement de géographes, parmi lesquels Elisée Reclus.              
Derrière l'idée du rapport philosophique entre géographie et anarchisme, il y a deux éléments :              
Le premier est que la géographie n'est pas une philosophie de l'histoire et que l'anarchisme, par essence, ne donne pas de sens à l'histoire.              
Le deuxième est que la géographie est un moyen d'étudier les milieux et les ressources pour pouvoir faire régner la justice sociale.              
Philippe Pelletier

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Elisée Reclus, militant voyageur

Plutôt qu'en homme de lettres, et même si bien sûr c'est un écrivain, il faut considérer Elisée Reclus comme un savant et un militant du mouvement anarchiste. Mais aussi savoir qu'il était un grand voyageur, un transmetteur, un pédagogue.            
Philippe Pelletier

Ce que j'aime particulièrement dans sa pensée, c'est qu'il revient à une idée d'absence de philosophie de l'histoire, en avançant celle d'une balance entre le progrès et le "régrès". C'est-à-dire que le cours des choses n'est pas forcément programmé ou déterminé. Il y a aussi la volonté des hommes et des femmes qui façonne les phases historiques, et ces phases sont faites de progrès et de régrès, y compris sur le plan social et politique. Philippe Pelletier

La géographie peut-elle servir dans les luttes sociales ?

La géographie, parce qu'elle est à la croisée de plusieurs autres disciplines, que ce soient l'écologie, l'économie ou les sciences politiques, nous donne une vision plurielle du monde. On parle de système Terre tout en intégrant les variétés de milieux environnementaux, humains, sociaux et culturels. Cette pluralité fait sens. La géographie, et l'anarchisme du point de vue de Reclus, et du mien, peuvent alors apporter quelque chose, car ce sont des pensées du lien. Des pensées pour trouver des solutions aux difficultés entre êtres humains, entre eux et leurs milieux. Pour penser cette relation, on peut appeler la géographie un combat. Philippe Pelletier

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