Le cinéma associatif lutte pour sa survie

Depuis septembre 2019, étudiants, voisins, ex-salariés, collectifs artistiques et réalisateurs occupent illégalement le cinéma La Clef dans le 5ème arrondissement de Paris. Une résistance culturelle s’organise autour d'un acte militant qui implique tout un quartier pour préserver le dernier cinéma associatif de la capitale.

Avec Emmanuel Ethis, sociologue du cinéma et président du Haut conseil à l'éducation artistique et culturelle, nous évoquons le rôle et l'importance des cinémas associatifs dans les villes. 

Le cinéma associatif est tout à fait essentiel dans le monde du cinéma. Beaucoup ont connu, à une certaine époque du lycée, les ciné-clubs. Ce qui en est resté, c'est l'initiative qui consiste à programmer quelque chose pour ses pairs et essayer de les intéresser pour partager avec eux : c'est inhérent à l'essence même du cinéma. C'est avant tout un désir de partager ce qui est pensé comme un spectacle collectif. Emmanuel Ethis

Et ce n'est pas que la programmation qui compte dans le cinéma associatif. C'est aussi le climat, le lieu, le fait de pouvoir échanger et converser. En réalité, le cinéma n'a jamais vécu que pour le cinéma : on vient au film aussi pour pouvoir en parler ensuite. On échange des avis, des critiques, et on réfléchit ensemble grâce à ce bel outil de représentation qu'est le cinéma. Dans le cadre d'un cinéma associatif, on sait que ce rendez-vous fonctionnera à chaque fois, ce qui est moins le cas dans des cinémas multiplexes, par exemple. Le cinéma associatif garantit un lieu de rendez-vous et d'échange. Emmanuel Ethis

Le cinéma est l'un des plus beaux outils de la démocratisation culturelle. Accessible sans difficulté, pour un prix modique, c'est généralement un lieu de retrouvaille pour une population qui se croise dans les salles de cinéma. Ainsi, un cinéma peut caractériser un quartier. C'est le cas du cinéma La Clef. Emmanuel Ethis