

La culture n'est pas à l'arrêt en Autriche, où les musées sont accessibles au public, comme le Sigmund Freud Museum de Vienne qui vient de rouvrir ses portes. Sa directrice scientifique Daniela Finzi en détaille les particularités muséographiques au micro de Marie Sorbier.
- Daniela Finzi Directrice scientifique du Sigmund Freud Museum de Vienne
Contrairement à l'affirmation récente de la ministre de la Culture selon laquelle l'Europe culturelle est à l'arrêt, en Autriche, à Vienne, les musées sont ouverts, et deux d'entre eux rouvrent au public après une longue période de rénovation. C'est le cas de la maison de Sigmund Freud, où il vécut pendant 47 ans avec sa famille. Daniela Finzi, la directrice scientifique du Sigmund Freud Museum, explique au micro de Marie Sorbier les choix d'une muséographie axée vers le vide et l'absence.
Muséographie du vide
Un des enjeux principaux de la rénovation de ce musée, qui a ouvert en 1971 à Vienne à l'adresse où Freud a passé toute sa vie, était de travailler avec le vide. C'était une tâche cruciale, Freud a dû quitter l'Autriche après l'Anschluss, emmenant avec lui tous ses biens et son intérieur, sa bibliothèque, ses figurines antiques, et son divan qui est devenu le symbole de la psychanalyse.
Daniela FinziPublicité
C'est avec l'accord de sa fille, Anna Freud, que certaines des possessions du fondateur de la psychanalyse, alors rassemblées à Londres, sont envoyés au musée Sigmund Freud à Vienne lors de son ouverture en 1971. Si une documentation photographique très détaillée réalisée par le photographe Edmund Engelman en 1938 permet de savoir comment était meublé le cabinet de Freud, la direction du musée n'a pas voulu se livrer à une reconstitution exacte, mais plutôt représenter une vacuité tout aussi caractéristique de l'histoire du psychanalyste et de son pays.
On ne peut pas faire comme si l'Anschluss et la participation active de l'Autriche au IIIème Reich n'avaient pas eu lieu.
Daniela Finzi
Ainsi, dans la salle du musée qui était le cabinet de Freud, on remarque avant tout les traces au mur d'un tapis qui se situait derrière le divan et les trous des clous qui le tenaient. Le divan lui-même est simplement évoqué au moyen d'une petite photo monochrome. Des détails propres à une muséographie de l'évocation plutôt que de la démonstration, qui invitent à la réflexion sur l'absence et la présence, à l'image de la psychanalyse elle-même.
Il s'agit d'évoquer pour commencer à imaginer. Le visiteur arrive avec ses propres envies et images de Freud, de son cabinet, de son divan. S'il quitte ce musée en ayant eu le temps d'imaginer et d'entrer dans son rêve, ayant vu une trace, un reste, et non pas le tout, je pense que la visite est réussie.
Daniela Finzi
La visite virtuelle du musée Sigmund Freud de Vienne est disponible ci-dessous :
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Le musée tente ainsi de permettre au visiteur de voir et sentir l'espace, à mesure qu'il se promène dans une maison de 400m2, faite en deux appartements, typique de l'architecture viennoise de la fin du 19ème siècle. Quant à la possibilité d'ajouter à l'expérience un support numérique, il n'en était pas question pour la direction du musée.
On veut que le visiteur se retrouve dans cet espace, qu'il voit les jeux de lumière, les murs, les marches, la vue par la fenêtre : tous les éléments qui n'ont pas bougé pendant toutes ces années.
Daniela Finzi
Au delà du vide, le musée offre à voir une collection d'objets, ainsi que des livres. Il s'agit notamment de nombreuses premières éditions traduites dans autant de langues, témoignant du rapide rayonnement des théories psychanalytiques de Freud. Si les objets personnels de ce dernier sont à Londres et que la majorité de ses correspondances se trouve dans la bibliothèque du Congrès, à Washington, Anna Freud a souhaité lier le musée de Vienne à une bibliothèque. Faisant appel à ses collègues de l'Association internationale de psychanalyse, la fille de Sigmund Freud a constitué une bibliothèque d'archives unique.
Ce sont des livres d'une beauté, d'une clarté et d'une vivacité incroyables. Il fallait qu'on travaille avec eux, car le livre est la matérialisation de la théorie de Freud, un moyen de l'exposer. Nous avons continué de recevoir des livres, des premières et deuxièmes éditions dans toutes les langues : anglais, français, suédois, japonais, slovaque, hongrois, russe... Cela montre la dissémination de la psychanalyse sur le plan mondial et forme un geste envers nos visiteurs internationaux, confrontés à des très beaux titres dans leur langue maternelle.
Daniela Finzi
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