Redécouvrir les plantes sauvages

Conium maculatum, également appelée ciguë maculée, ciguë tachetée ou grande ciguë.
Conium maculatum, également appelée ciguë maculée, ciguë tachetée ou grande ciguë. ©Getty - Valter Jacinto
Conium maculatum, également appelée ciguë maculée, ciguë tachetée ou grande ciguë. ©Getty - Valter Jacinto
Conium maculatum, également appelée ciguë maculée, ciguë tachetée ou grande ciguë. ©Getty - Valter Jacinto
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Le spectacle vivant peut-il nous sensibiliser aux pouvoirs des plantes sauvages ? Thomas Ferrand metteur en scène et chercheur en botanique nous encourage à porter attention aux mauvaises herbes qui poussent au pas de nos portes.

Avec
  • Thomas Ferrand Metteur en scène

Nous passons chaque jour à côtés d’elles sans même daigner les regarder ou apprendre leurs noms, les plantes sauvages ont pourtant bien des choses à nous enseigner. Qu’elles poussent aux pas de nos portes, qu’on les ignore ou bien qu’on les arrache, comment se fait-il que les plantes sauvages aient si mauvaise presse ?

C’est que cherche à savoir Marie Sorbier en interrogeant Thomas Ferrand, metteur en scène, critique et chercheur en botanique qui organise lors de festivals ou de représentations théâtrales des balades sauvages ou des rencontres ayant pour but de sensibiliser le public à ces mauvaises herbes qu’ils piétinent chaque jour.

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Comment ne plus sécher face à un herbier

La nature étant au cœur de l’ensemble des enjeux contemporains majeurs de ce début de siècle, Thomas Ferrand nous incite à ce que l’on s’y intéresse encore davantage, jusque dans les moindres détails, car prendre soin de la nature est aussi une manière de prendre soin de soi.

« J’ai l’impression qu’on souffre aujourd’hui d’un manque d’altérité. On a besoin de s’intéresser au vivant, de savoir composer avec les plantes, car nous ne sommes pas seuls, il y a toute une biodiversité dont il faut prendre soin. Celle-là même qui, de surcroît, est à l’origine de notre alimentation. » Thomas Ferrand

Une alimentation que certaines plantes sauvages peuvent par ailleurs agrémenter. En effet, bon nombre de celles que nous considérons le plus souvent à tort comme des « mauvaises herbes » ont en réalité de nombreuses propriétés gustatives ou olfactives.

« Certaines plantes sont passionnantes en gastronomie. Au pied de chez nous on trouve de la matricaire odorante que l’on arrache en général, pourtant si on la frotte, on se rend compte qu’elle sent la mangue, la banane et la fraise. Le mélilot a un parfum de coumarine, absolument délicieux avec une truite par exemple. » Thomas Ferrand

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Toutefois, la prudence est de rigueur, qu’elles sentent la banane ou non, toutes les plantes ne sont pas comestibles. Pire encore, certaines des plantes les plus dangereuses pour l’homme ressemblent à s’y méprendre à d’autres complètement inoffensives et comestibles.

« Pour savoir lesquelles sont comestibles, pas le choix, il faut faire de la botanique. C’est une science très précise qui permet d’identifier précisément les caractéristiques d’une plante. Il n’y a pas de places pour le hasard car il y a des plantes très toxiques qui sont de la famille de plantes comestibles comme la ciguë par exemple. Et là il faut vraiment faire attention parce qu’on ne se trompe qu’une fois ! » Thomas Ferrand

Des habitudes déracinées

Paradoxalement, la plupart des plantes sauvages comestibles que l’on trouve au plus près de nous, ne se retrouvent jamais dans nos assiettes. Pourtant, nous sommes tous consommateurs d’épices ou de plantes d’origine exotique ou étrangère. La théorie de Thomas Ferrand sur le sujet est la suivante :

« Notre alimentation est culturelle, et nous avons culturellement décidé de nous démarquer des plantes qui poussent spontanément parce qu’elles étaient perçues comme la nourriture du pauvre. Un choix s’est opéré en occident, nous faisant dénigrer tout ce patrimoine sauvage, ce qui n’est pas le cas partout dans le monde (même dans des pays industriels comme la Corée du Sud, le Japon ou la Chine). » Thomas Ferrand

Ce phénomène s’explique en partie à travers l’histoire coloniale européenne, liée à ce que Thomas Ferrand appelle une « habitude culturelle d’agriculture » qui s’est par la suite appliquée aux territoires colonisés :

« Cette habitude est devenue un mouvement de colonisation à la fois des espaces et des espèces. Finalement, l’imposition de modèles agricoles qui n’existaient pas dans ces endroits-là, comme la monoculture par exemple, a induit une perte de savoirs un peu partout dans le monde. » Thomas Ferrand

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« La santé par les plantes, jamais malade ! »

Souvent accompagné de personnes un peu angoissées par les questions écologiques lors de ses balades sauvages, Thomas Ferrand les rassure en nommant les plantes et en leur transmettant son savoir de botaniste. Plus qu’un apaisement, la nature apporte à tout un chacun de nombreux bienfaits quantifiables scientifiquement.

« Être dans un milieu naturel fait vraiment du bien. Cela permet de vivre une vie plus sereine et plus longue. De nombreuses études montrent que prendre des « bains de forêt » est salvateur car les plantes génèrent des molécules bienfaitrices pour nos hormones. » Thomas Ferrand

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  • Retrouvez Thomas Ferrand prochainement lors de balades sauvages à Cherbourg ou encore Poitiers.

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