"Traduire l’Hospitalité" la construction d’un navire pour la Méditerranée

Travail commun du PEROU, de VPLP Design et de l'Atelier Marc Ferrand sur la construction d'un navire.
Travail commun du PEROU, de VPLP Design et de l'Atelier Marc Ferrand sur la construction d'un navire. - L’association le PEROU (Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines)
Travail commun du PEROU, de VPLP Design et de l'Atelier Marc Ferrand sur la construction d'un navire. - L’association le PEROU (Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines)
Travail commun du PEROU, de VPLP Design et de l'Atelier Marc Ferrand sur la construction d'un navire. - L’association le PEROU (Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines)
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L'hospitalité sera-t-elle bientôt inscrite au patrimoine immatériel de l'UNESCO? Sébastien Thiéry, docteur en sciences politiques et coordinateur de l'association PEROU, explique les raisons de cette requête.

Avec

Fabriquer l’hospitalité 

Sébastien Thiéry soutient qu'il faut expérimenter de nouvelles tactiques urbaines afin de fabriquer l'hospitalité. En effet, l’association du PEROU (Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines) tente de reconnaître les fabrications à l'œuvre démultipliées sur les territoires français et européens. 

Un des points de départ, c'est la considération de ces chantiers à mille mains à Briançon, à Calais, à Lampedusa, à Rome. Ce sont des fabrications de lieux, de relations et de langues. Par exemple, un arabe calaisien s'est inventé pendant la période de la "jungle" de Calais. 

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Le PEROU a été créé par Sébastien Thiéry et Gilles Clément, paysagiste, jardinier et poète. Ils essayent de fabriquer, d’inventer et de faire pousser les actions du PEROU avec des architectes, des urbanistes, des artistes, et des chercheurs afin de soutenir la prolongation de ces chantiers et de les faire apparaître autrement sur les territoires, mais aussi sur les cartes mentales.  

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"L’imaginaire peut révéler l’hospitalité qui a fui nos métropoles" 

La "jungle" de Calais a été détruite il y a cinq ans. Selon Sébastien Thiéry, ce sont des machines qui ont détruit ces édifices, mais aussi des représentations collectives qui ont précédées les machines et qui ont d'une certaine manière préparé le terrain. 

Nous étions tous d'accord pour se dire que la "jungle" de Calais était une situation indigne, insupportable, immonde, invraisemblable, invivable. Je pense que c'est un endroit crucial de la construction des imaginaires, un rapport au monde, une description de ce qui a lieu mais aussi de ce qui pourrait avoir lieu. À partir de cela, il nous faut collectivement retravailler et rebâtir. Aux fondations de cette "jungle" de Calais, c'était un édifice, une urbanité extraordinaire, surgie de la boue et non pas anéantie par celle-ci, qui était bâtie à la force de ces multiples gestes d'une jeunesse européenne extrêmement vive et magnifique qui était rassemblée là. 

C'est en effet un travail sur l'imaginaire : ces constructions impliquent un déplacement dans les représentations et de repérer l'avenir qu'elles pourraient avoir si elles étaient accompagnées. Selon Sébastien Thiéry, il ne s'agit pas de voir dans le bidonville une catastrophe à venir, mais de se dire qu'une ville est un bidonville qui a réussi. 

Une prise de conscience grâce à l’action collective

En 2021, Sébastien Thiéry a instruit une requête auprès de l'Unesco visant à faire inscrire l'acte d'hospitalité au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Il a également mis en place un chantier naval pour la création d'un navire en Méditerranée. Actuellement, au Centre Pompidou-Metz, Sébastien Thiéry mène un projet de construction et invite chacun à participer à la conception d'un navire de sauvetage.

Un navire aujourd'hui est composé d'innombrables personnes mobilisées pour le faire vivre, le soutenir et le faire naviguer selon Sébastien Thiéry. 

L'équivalent sur Terre de ce qu'il se passe à Briançon, à Calais etc., ce sont des gestes collectifs et articulés qui dessinent un paysage extraordinaire ; non seulement il le rend respirable mais présent à celles et ceux qui cherchent refuge ; et ces gestes qui ont lieu sur mer comme sur Terre, sont un héritage majuscule pour les générations à venir qui vont être confrontées au centuple aux mouvements migratoires.

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Ces gestes d’amitié, de sauvetage, de fraternité, de soin sont un patrimoine qu’il faut protéger et transmettre aux générations à venir selon Sébastien Thiéry.

Une description de ce patrimoine culturel immatériel 

L’Unesco demande une description des gestes, de leur beauté, leur portée et fragilité et il s’agit également de décrire un plan de sauvegarde pour protéger ces gestes et les transmettre aux générations à venir. 

On a commencé à décrire le navire avec des marins sauveteurs de chez SOS Méditerranée et avec l’architecte naval Marc Van Peteghem et le designer Marc Ferrand.

Les pièces nécessaires à la conception de ce navire sont dessinées, y compris les pièces juridiques et économiques, dans la perspective de le mettre à flot en 2024. Cette conception a lieu depuis le Centre Pompidou-Metz mais aussi dans de nombreuses institutions et dans une cinquantaine d’écoles européennes. 

Actualité : Les prochains ateliers, ouverts à tous, ont lieu le 27 octobre, le 3 novembre, dans le cadre du projet Traduire l'hospitalité au Centre Pompidou-Metz. P E R O U (perou-paris.org)