La Villa Albertine, le Museum of fine arts de Houston, Pasolini selon Lili Reynaud Dewar : épisode 1/5 du podcast Un voyage artistique au Texas

Museum of Fine Arts, Houston, Texas
Museum of Fine Arts, Houston, Texas - © MFAH
Museum of Fine Arts, Houston, Texas - © MFAH
Museum of Fine Arts, Houston, Texas - © MFAH
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Pour ce premier temps d'un voyage en arts outre-Atlantique, rencontre avec le créateur de la Villa Albertine, résidence d'artistes française aux Etats-Unis, puis direction Houston pour y retrouver Gary Tinterow, directeur du Museum of Fine Arts, et l'artiste Lili Reynaud Dewar.

Avec
  • Lili Reynaud Dewar artiste plasticienne

Avant d'aller à la rencontre des résidents, Arnaud Laporte a rencontré le créateur de la Villa Albertine, ce nouveau programme porté par les services culturels de l'ambassade de France aux États-Unis, qui permet à des artistes de toutes disciplines, mais aussi à des chercheuses et chercheurs d'aller à la rencontre de territoires et de partenaires du monde de l'art et de la culture aux États-Unis. Il nous en explique la genèse et le fonctionnement.

La Villa Albertine, une Villa au don d'ubiquité

"La Villa Albertine est née au début de la pandémie, quand l'activité du service culturel de l'ambassade de France aux États-Unis s'est retrouvée à terre. Nous sommes allés chercher dans la grande histoire de ce soft power français, ce concept puissant des villas de la Villa Médicis, de la Villa Kujoyama, de la Casa Vélasquez pour l'appliquer à l'échelle américaine. Une Villa aux États-Unis doit être dans la continuité de cette tradition française. C'est la France qui, la première, par l'intermédiaire de Colbert, sous Louis XIV au XVIIᵉ siècle, a créé la première résidence d'artistes de l'époque moderne." Gaëtan Bruel

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"La valeur de cette résidence se situe dans l'accompagnement que nous apportons aux équipes de la Villa Albertine. Venir aux États-Unis aujourd'hui en résidence est moins pour s'enfermer dans les quatre murs d'un studio que pour se déplacer, pour s'immerger, pour rencontrer." Gaëtan Bruel

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5 min

"La Villa Albertine, qui accompagne déjà 170 créateurs, penseurs et professionnels de la culture, fait appel, pour la deuxième année et les suivantes, à une candidature ouverte à tous. Les critères sont simples : avoir un lien avec la France, parler anglais tout en étant à l’aise dans le contexte américain, détenir un projet de recherche qui justifie cette exploration, et enfin, venir avec une institution partenaire.Gaëtan Bruel

Le Museum of Fine Arts ouvre grand ses portes aux œuvres d'arts du monde entier

Arrivé à Houston Texas, quatrième plus grande ville des États-Unis, Arnaud Laporte s'entretient avec Gary Tinterow, directeur du Museum of Fine Arts.

Un modèle économique assuré par le rôle des mécénats : "Chaque musée américain est différent, mais il y a des principes communs, presque tous les musées aux Etats-Unis trouvent leurs financements dans des mécènes publics. (...) Au lieu que ce soit l'État qui nous donne de l'argent, ce sont les citoyens qui se substituent et depuis 100 ans, les grands mécènes investissent leurs fonds dans le musée.Gary Tinterow

"Dancing girl" de Muhammad Baqir, perse, actif entre 1740s–1800s, peint en Iran, huile sur toile,151.1 x 81.3 cm
"Dancing girl" de Muhammad Baqir, perse, actif entre 1740s–1800s, peint en Iran, huile sur toile,151.1 x 81.3 cm
- © Museum of Fine Arts, Huston

Bien que les modèles économiques soient différents de part et d'autre de l'Atlantique, la mission du service public reste inchangée : "Le service public est fondamental. C'est le grand plaisir de la vie, de voir des gens différents de la ville qui cherchent et trouvent des choses intéressantes. Et ce qui est très important chez nous, c'est que notre ville serait l'une des plus diversifiée de toutes les grandes villes des États-Unis, représentant à peu près la démographie de la nation entière. (...) C'est très important que nos collections représentent les intérêts, les cultures, les religions et les espoirs de tous ces gens." Gary Tinterow

Gary Tinterow souligne l'importance que son musée accorde aux arts d'Asie depuis 20 ans, à l'art arabe depuis 15 ans, ainsi qu'à l'art juif, tout récemment. "On a pris la décision de consacrer des galeries à l'art de l'Asie. Depuis 20 ans, on emprunte des oeuvres aux collections de la Corée, du Japon et on fait des acquisitions sur le marché de l'art d'oeuvres Indiennes, afin de représenter toutes les cultures, notamment l'art islamique. Depuis mon arrivée, il y a dix ans, on emprunte beaucoup à la collection Al-Sabah, au Koweït, qui nous a prêté 300 chefs d'œuvre de l'art islamique, de l'Espagne à l'Indonésie, sur une période allant du VIIIème siècle jusqu'au XIXᵉ siècle.(...) Aussi nous conservons la plus grande collection d'art latin - de l'art de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale - ainsi qu'une collection qui s'enrichit de plus en plus de l'art fait par des Noirs aux États-Unis." Gary Tinterow

Artiste australien indigène des îles du Pacifique ou des Premières Nations inconnu, peuple de la Nouvelle-Irlande, "Helmet Mask (tatanua)", 1884–1895, nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Bois, peinture, coquilles d'opercules, enduit à la chaux, fibres végétales, écorce, écorce tissu, rotin et corde, 38,7 × 24,1 × 30,5 cm
Artiste australien indigène des îles du Pacifique ou des Premières Nations inconnu, peuple de la Nouvelle-Irlande, "Helmet Mask (tatanua)", 1884–1895, nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Bois, peinture, coquilles d'opercules, enduit à la chaux, fibres végétales, écorce, écorce tissu, rotin et corde, 38,7 × 24,1 × 30,5 cm
- © Museum of Fine Arts, Huston

La figure de Pasolini, dans les yeux de Lili Reynaud Dewar

Arnaud Laporte se rend dans Mandell Street, dans la petite maison occupée le temps de sa résidence par Lili Reynaud Dewar, qui a reçu le Prix Marcel Duchamp en 2021.

"Quand j'étais invité à proposer une pièce pour le prix Marcel Duchamp, j'ai eu envie de montrer ce film. Sauf que j'ai dû complètement tout réadapter pour en faire une installation vidéo dans laquelle il y a une espèce de circulation, de contagion de la parole. (...) Il y a quatre projections toutes blanches qui au fond, éclairent l'espace dans lequel on se trouve. On est en immersion avec ses protagonistes qui déclament des choses très intenses, et parfois, au fond, la salle s'allume et on se rappelle qu'on est en train de regarder tout ça. C'est un peu un simulacre, mais on est dans un musée, on regarde une œuvre d'art et j'aime bien ce rappel un peu sociologique : Qui est-on ? Quand est-ce qu'on regarde quelque chose ? Dans quelles conditions ?" Lili Reynaud Dewar

Par les temps qui courent
45 min

Marquée pendant son séjour à Rome par "Pétrole", elle poursuit à la Villa Albertine la rédaction d'un film, "Gruppo Petrolio", d'une quinzaine d'heures, qui s'inspire de cet ouvrage, mi fable mi journal d'investigation, de Pierre Paolo Pasolini, traitant de questions sociales, politiques et économiques. Le film mettra en scène plusieurs groupes de jeunes gens préparant des actions contre des emblèmes du capitalisme écocide.

Ce qui la fascine, c'est la dimension critique de Pasolini : "Les descriptions qu'il fait, que ce soit des personnages politiques, des jeunes militantes, des industriels, des rues, des vêtements, des jeunes, des façons de se comporter, des soirées bourgeoises sont tellement méticuleuses et acerbes, que nul n'est épargné.Lili Reynaud Dewar

Fragments pasoliniens : "Inachevé, ce livre est aussi un endroit où Pasolini met un nombre incalculable de choses qui n'avaient peut être pas pour but d'avoir une forme finie. Mais ces formes sont assez fascinantes, comment les artistes utilisent des formes pour qu'elles ne soient pas finies. (...) L'analyse que porte Pasolini de la technologie, du progrès, de l'industrialisation, de l'extraction des ressources, etc, vous pouvez vous en servir pour regarder Grenoble (où le tournage a lieu). C'est ça le projet. Lili Reynaud Dewar

Sons diffusés lors de l’émission :

Lightnin' Hopkins, “Woke up this morning” Album : « Lightnin' Strikes », Vol. 1 ℗ 1971 © Everest Records™

- Melvil Sparks, "Texas Twister" Album : Texas Twister (1973) | Label : Eastbound

DJ Screw, "Sailin' Da South" (feat. E.S.G.) Album : 3 'n the Mornin' (1996) | Label : BIGTYME RECORDZ

Générique : Neil Young, BOF Dead Man : Guitar solo 2 & John Cage , Early electronic and tape music : Variations 1

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