Depuis plus de vingt ans, la documentariste Ariane Doublet filme les habitants du pays de Caux. A l’occasion de la sortie en VOD et bientôt en DVD de son film Green Boys (2019), elle raconte au micro de Maylis Besserie son parcours et la façon dont ses films prennent vie.
- Ariane Doublet Documentariste
Diplômée de la Fémis en montage en 1992, Ariane Doublet passe quelques années plus tard derrière la caméra et réalise en 1995 son premier court-métrage. Une dizaine d’autres documentaires ont depuis vu le jour. Son dernier film, Green Boys, raconte l’amitié nouée entre un jeune réfugié guinéen et un petit garçon normand, dans un village du pays de Caux. Au micro de Maylis Besserie, elle revient sur les origines de cette vocation et partage sa vision du cinéma documentaire.
De la photographie à la réalisation
Très jeune, Ariane Doublet reçoit de son père – grand reporter à l’AFP – une certaine éducation au regard et se passionne pour la photographie. Elle se destine alors à être cadreuse au cinéma. Après des études de littérature à Paris, elle se forme finalement au montage à la Fémis. En 1995, à l’occasion d’un concours organisé par la région Haute-Normandie pour le centenaire du cinéma, elle passe à la réalisation avec le court-métrage La Petite Parade : elle y filme des paysans normands lors d’une parade autour des animaux de la ferme.
Une région d’attache, le pays de Caux
Bien qu’Ariane Doublet ait grandi à Paris, c’est en effet en Normandie dans le pays de Caux qu’elle a ses racines. Enfant, elle passe ses vacances entre terre et mer dans la maison familiale du petit village de Vattetot-sur-Mer. C’est également dans ce cadre qu’elle réalise l’essentiel de ses documentaires. Ses films se construisent en effet de proche en proche et naissent de rencontres, ou d’événements qui marquent la région. Ainsi, dans La Petite Parade (1995), son premier court métrage, ce sont ses voisins qu’elle filme. Puis, dans Les Terriens (1999), la grande éclipse de 1999 est l’occasion de donner à voir le monde paysan cauchois et son délitement, tandis que l’annonce de la fermeture prochaine d’une usine de la région lui permet de filmer le quotidien d’ouvriers de la betterave dans Les Sucriers de Colleville (2004).
C’est très rare que je filme tout de suite : j’ai besoin de rencontrer les gens, de passer du temps avec eux avant. Puis ma place me vient assez naturellement. A partir du moment où il y a un rapport de confiance avec la personne filmée, on partage quelque chose de très fort. Ce sont des moments extrêmement privilégiés parce que la personne filmée va avoir à l’esprit de donner : il y a une générosité qui se met en place, une façon de se mettre en scène qui est assez formidable à observer.
Un cinéma à hauteur d’Homme
Si l’essentiel de ses films se concentrent donc sur un périmètre restreint, ils trouvent néanmoins une résonnance universelle. Ariane Doublet se plaît en effet à rappeler la phrase de Pessoa : « Dans mon village, il y a le monde entier ».
Par ailleurs, elle cherche à montrer celles et ceux qu’elle filme tels qu’ils sont, en dehors de leurs carcans d’ouvriers, de paysans, de réfugiés... Dans Green Boys, le jeune Alhassane raconte donc son périple pour arriver jusqu’en France mais c’est essentiellement sur l’amitié qui s’est créée entre les deux garçons que le documentaire se concentre. Ariane Doublet donne donc à voir les personnes qu’elle filme dans leur intimité et offre ainsi un cinéma d’une grande sensibilité.
J’ai découvert le montage et l’écriture par l’image. Et autant l’écriture avec un stylo ce n’est pas vraiment mon truc, autant écrire avec les images et la parole c’est vraiment quelque chose que j’aime beaucoup : construire du récit tout en respectant au mieux la personne qui a été filmée, en respectant le rapport qu’il y a eu et arriver raconter tout cela de façon à ce que le spectateur futur puisse l’apercevoir telle qu’elle est et telle que je l’ai rencontrée. C’est un rôle de passeur.
Son actualité : sortie en VOD et bientôt en DVD de son film Green Boys. « Green Boys pourrait être un " Petit Prince " du millénaire de l'exil. Alhassane, 17 ans, a quitté la Guinée et arrive seul en France après un éprouvant périple. Accueilli dans un village en Normandie, il rencontre Louka, 13 ans. Entre les deux garçons une amitié naît et s’invente jour après jour. Ce qui les sépare les lie tout autant que ce qui les unit. Durant l’été, ils construisent une cabane sur la falaise qui surplombe la mer. Comme une zone de liberté, elle sera un lieu secret de l’enfance et le refuge des blessures. »
Sons diffusés pendant l'émission :
- Extrait de La dame Lavabo issu des 24 Portraits d'Alain Cavalier (1987).
- "Azara Al Hay", Rasha
- Extraits du film Green Boys d'Ariane Doublet (2019).
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