

Le crooner à la voix brute et magnétique Bertrand Belin s’associe à La Féline le temps d’une Carte Blanche à l’Opéra Underground et à l’Opéra de Lyon. L’occasion toute trouvée de revenir, en sa présence et au micro d’Arnaud Laporte, sur son parcours, ses imaginaires et son amour pour les mots.
- Bertrand Belin Chanteur, guitariste, auteur, compositeur,écrivain
Depuis son premier album éponyme en 2005 qui avait révélé son charisme de musicien autodidacte et énigmatique, Bertrand Belin trace invariablement sa route avec un même appétit pour l’écriture, qu’elle soit musicale ou littéraire. Il partage les scènes de l'Opéra Underground et l’Opéra de Lyon avec La Féline à l’occasion d’une Carte Blanche, du 13 au 21 novembre. Il confectionne également un nouvel album, à venir en 2022.
On est invité aussi parce qu'on est extérieur à cet univers de l'opéra et à ses murs. Donc il était question de faire arriver là des musiciens et des musiciennes pour la plupart qui ont l'habitude de se produire dans des scènes de musiques actuelles et des clubs. Dans cet écrin pourquoi pas rencontrer un public différent ou faire venir un public différent dans cet écrin ? Il y a ce double enjeu qui est intéressant.
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Du port à la scène
Bertrand Belin, natif de Bretagne, serait surement pêcheur sur des chalutiers aujourd’hui comme les autres hommes de sa famille si la musique ne s’était pas invitée dans sa vie. Dès l’adolescence, il apprend en autodidacte la guitare, sa planche de salut, et troque ainsi la vie maritime contre celle artistique. Il fait ses armes avec son frère aîné dans leur groupe Les Démons puis file à la capitale et se produit avec le groupe de musique cadienne et zydeco Stompin' Crawfish, avec le groupe anglais Sons of the Desert, avant d’écrire, d’accompagner et de composer pour Olivia Ruiz, Bénabar et Néry.
Ce qui m'a conduit à devenir un artiste, c'est d'abord la matérialité de l'instrument de musique, la guitare que j'ai pris sur les genoux et que j'ai gratté lorsque j'avais 12-13 ans. Et puis ensuite, la guitare a entraîné l'interrogation sur l'écriture de chansons, puis l'écriture de chansons m'a entraîné sur la question de l'écriture. L'écriture m'a entraîné sur la possibilité d'écrire autre chose que des chansons. Et puis, en faisant mes classes concernant cette chose des mots et de l'écriture, ça m'a entraîné vers la lecture.
Bertrand Belin prolonge aujourd’hui les joies de la collaboration et des créations collectives avec sa tribu parmi laquelle on compte Vanessa Paradis, Rodolphe Burger, Albin de la Simone, ou encore Barbara Carlotti, JP Nataf, Bastien Lallemand, et bien d’autres.
Entre le crooner et l'artisan
Le musicien accompli sa mue en artiste solo avec un album éponyme paru en 2005 chez Sterne/Sony BMG. Il a signé depuis les albums La perdue en 2007, Hypernuit en 2010 qui ouvre un nouveau chapitre de sa carrière, puis Parcs en 2013 et Cap Waller en 2015, tous deux sur le label Cinq7/Wagram Music. Son sixième et dernier opus en date, intitulé Persona, a marqué une nouvelle phase dans l’inspiration de l’artiste pour sa couleur davantage synthétique et ses textures nouvelles. Comme dans son roman Grands carnivores paru simultanément, Bertrand Belin y dévoile un engagement social plus explicite que dans ses précédentes œuvres.
Petit à petit, je me suis rendu compte que le canal par lequel je m'exprimais était creusé dans une terre particulière.
Héritier d’Alain Bashung et de Dominique A, Bertrand Belin a inventé son propre style, entre rock et pop, avec un grain de son venu du blues, qu’il rehausse d’harmonies sophistiquées empruntées au jazz. Son timbre est grave, ses accroches brutes, sa voix feutrée et son écriture singulière.
L’écriture, à bras le corps
Venu tôt à la musique mais tard au récit, Bertrand Belin pratique désormais plusieurs écritures avec un même appétit. Côté bande originale, il a récemment signé une partie de celle de Tralala des frères Larrieu où il figurait également au casting. Côté romans, il a publié Vrac en 2020, dernier roman d’une petite liste initiée en 2015 avec Requin. Côté musique, Belin a sa propre façon d’empoigner la langue et de travailler les mots comme des matériaux plastiques.
Sartre faisait une petite démonstration assez enfantine, mais qui m'avait bien plus, selon laquelle il y aurait deux types de rapport à l'écriture. Quelqu'un qui a quelque chose à dire et qui va se mettre en quête de mots pour pouvoir l’exprimer, mettre dans une forme ce qu'il avait l'intention de dire. Et puis un autre qui, se promenant sans but, tombe sur les mots, les trouve et se dit tiens, qu'est-ce que je pourrais faire avec ça. Ces deux rapports peuvent ensuite se brouiller un peu. Mais moi, j'appartiens clairement à la deuxième catégorie.
Avec son écriture économe voire elliptique, l’artiste évoque des situations en peu de mots, sortes de squelettes qui doivent trouver leur chair dans l’oreille de ses auditeurs. Le silence et l’épure tiennent une grande place dans ses chansons qui, souvent, ne racontent pas d’histoire mais suggèrent plutôt une atmosphère et des silhouettes.
La musique nous parle sans qu'on sache vraiment ce qu'elle nous dit. Ça passe par d'autres canaux sensibles. Donc moi, quand j'écris une chanson, j'essaie de ne pas faire tout dire aux mots, mais que la façon dont ils sont agencés puissent plonger les gens dans une sensation plutôt que de les renseigner sur une chose.
La vengeance, la nostalgie, la rupture, la misère, l’isolement ou encore le déclassement sont autant de thématiques qui colorent également ses œuvres d’une approche souvent métaphysique et existentielle.
Ses actualités :
- Carte Blanche à La Féline et Bertrand Belin à l'Opéra Underground/Opéra de Lyon du 13 au 21/11.
- Nouvel album à venir en 2022.
Sons diffusés pendant l'émission :
- Les frères Larrieu dans Affaires Culturelles le 7 octobre 2021.
- Extrait de "Cap au pire", de Samuel Beckett, par Denis Lavant.
- Francis Ponge, au micro de Jacques Chancel dans l’émission Radioscopie sur France Inter, en 1980.
- Paul-Otchakovsky Laurens au micro de Virginie Bloch Lainé dans A voix nue, sur France Culture, en 2014.
- The Colorist Orchestra & Howe Gelb featuring Pieta Brown : "More Exes".
- "Vertige des cimes" sur la bande originale de "Tralala" des frères Larrieu, Label : WAGRAM MUSIC - CINQ7.
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