À l'occasion de son spectacle "Fraternité, conte fantastique" au Théâtre de l'Odéon, et de la reprise de "Saigon" en avril 2022, la metteuse en scène, autrice et réalisatrice, Caroline Guiela Nguyen, revient au micro d'Arnaud Laporte sur son processus de création et ses méthodes de travail.
- Caroline Guiela Nguyen Auteure et metteuse en scène
Caroline Guiela Nguyen est née à Nice en 1981 d’une mère vietnamienne et d’un père pied-noir. Après des études de sociologie et d’arts du spectacle à l’université de Nice ; elle entre en 2006 au Théâtre National de Strasbourg (TNS) pour se consacrer à la mise en scène. Elle y crée sa compagnie « Les Hommes approximatifs », un collectif pluridisciplinaire destiné aux créations collectives dont le but est de raconter des histoires à partir du plateau et des acteurs. Dès lors, « Les Hommes approximatifs » intègrent des comédiens professionnels et amateurs, de tous les âges, d’origines différentes, aux espaces culturels et spirituels différents. Une diversité est fondamentale pour raconter des histoires selon Caroline Guiela Nguyen.
Le récit de l'intime au miroir de l'Histoire
Caroline Guiela Nguyen s’empare de questions sociales souvent considérées comme « tabous », et n'hésite pas à dévoiler l’intime, ou bien les histoires ordinaires traversées par la grande Histoire. Par réalisme, elle veut interroger la complexité de la nature humaine. Par ailleurs, la sphère familiale, le déracinement et l’exil sont les terrains d’expérimentation privilégiés de Caroline Guiela Nguyen. Ses histoires de famille ont façonné son rapport au monde et elle tente d’élucider ce mystère dans son théâtre. Pour Caroline Guiela Nguyen, l’imaginaire est le lieu de la politique ; le théâtre et le cinéma permettent de continuer à imaginer l’humain par la puissance du récit. Caroline Guiela Nguyen utilise donc la fiction pour exploiter en profondeur des thèmes universels comme la puissance des liens par delà l’absence et le temps, l’amour, la mémoire, ou encore la fraternité.
Je pense que c'est extrêmement important que de grandes écoles, comme le Théâtre National de Strasbourg, existent et qu'elles puissent à l'intérieur faire exister des gens qui viennent d'horizons très différents. Je suis arrivée à l'école du TNS et j'ai tout découvert. J'ai passé ma vie dans la bibliothèque à regarder des VHS de Chéreau, de Langhoff, de Pina Bausch, de tout ce que j'avais eu l'impression d'avoir raté, qu'on ne m'avait pas transmis.
J’ai la nécessité de représenter le réel et à la fois je me lance le défi en faisant "Fraternité, conte fantastique" d’aller vers un conte. On peut raconter l’Histoire en passant par la fiction, ce n’est pas du théâtre documentaire. Je sens bien que dans notre travail, on est à la fois extrêmement soucieux d’être lestés par le réel et en même temps j’ai une foi et un amour absolu pour la fiction.
Une écriture de plateau
Cinéphile, le travail de Caroline Guiela Nguyen est inspiré du cinéma. Lors de séances d’improvisations avec sa compagnie, elle aime filmer pour mieux capturer les moments de vie. Le soir, elle écrit le spectacle à partir de ce qu’il s’est produit sur le plateau. Son imaginaire secoué par un lieu, met en mouvement des situations et stimule une écriture de plateau en lien avec ses comédiens et comédiennes. Associée à l’Odéon, Théâtre de l’Europe et à la Schaubühne à Berlin, Caroline Guiela Nguyen ne fait pas de théâtre documentaire mais entend créer de la fiction à partir d’histoires récoltés. Elle met en scène Andromaque en 2007, Se souvenir de Violetta en 2011, Ses mains et Le Bal d’Emma en 2012, Elle brûle en 2013 nommée au Molière du metteur en scène d'un spectacle de théâtre public, Le Chagrin en 2014 qui reçoit le Grand Prix Italia de la création radiophonique, catégorie fiction ; Mon grand amour en 2016 et Saigon en 2017, nommée au Molière de l'auteur francophone vivant en 2018.
Il y a une chose que je répète souvent aux acteurs quand ils sont en improvisation, quand ils jouent, c’est que la réponse est dans l'autre. J'aime beaucoup cette phrase parce que cela me permet de déterminer ce que j'aime chez l'acteur. J'ai toujours du mal avec les acteurs qui remplissent le cadre, où tout d'un coup un acteur va arriver et va prendre l'entièreté du cadre. Ce que j’aime et je pense que c'est la raison pour laquelle je fais du théâtre, c'est que le théâtre, c'est l'autre. L'autre au plateau. C'est l'autre qui va permettre que ce que je suis, ce que j'écoute, ce que j'entends prennent corps.
On passe du temps à improviser et je passe du temps à les écouter, à essayer de comprendre leur rythme de phrases, leur langue, leurs façons, leurs expressions. Comment ils parlent, comment cela se répond. Tout est filmé et après j’écris.
- Son actualité : "Fraternité" du 18 septembre au 17 octobre au Théâtre de l'Odéon (Berthier)
- Projection du court-métrage "Les Engloutis" mercredi 13 octobre, 20h30 au cinéma Le Nouvel Odéon, Paris 6e
Tournée : 28 au 31 octobre — Centro Dramatico Nacional, Madrid 8 & 9 novembre — Le Parvis, Scène nationale Tarbes-Pyrénées 23 au 26 novembre — MC2 : Grenoble, Scène nationale 1er & 2 décembre — Théâtre de l’Union, CDN du Limousin 8 au 11 décembre — Théâtre National Wallonie-Bruxelles 15 au 18 décembre — Théâtre de Liège 6 au 15 janvier — Célestins, Théâtre de Lyon 23 février au 3 mars — Théâtre National de Bretagne, Rennes 9 au 11 mars — La Comédie, CDN de Reims 17 au 19 mars — Châteauvallon, Scène nationale 24 au 26 mars — La Criée, Théâtre national de Marseille 4 & 5 avril — Schaubühne, Berlin 9 & 10 avril — Thalia, Hambourg 26 & 27 avril — São Luiz Teatro Municipal, Lisbonne 11 au 13 mai — La Rose des Vents, Lille 300 / Le Grand Sud
Sons diffusés pendant l'émission :
- Extrait d'Ariane Mnouchkine
- "Si c'était le dernier" de Diam's
- Extrait de Joël Pommerat
- Extrait du spectacle "Fraternité" mis en scène par Caroline Guiela Nguyen
L'équipe
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