Daniel Buren : "Je n'ai toujours pas d'atelier"

Daniel Buren
Daniel Buren ©AFP - Lionel Bonaventure
Daniel Buren ©AFP - Lionel Bonaventure
Daniel Buren ©AFP - Lionel Bonaventure
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A l'occasion de l'exposition "Buren/Parreno: Simultanément travaux in situ et en mouvement" à la Galerie Kamel Mennour, l'artiste plasticien figure de l'art in situ revient au micro d'Arnaud Laporte sur son parcours et son processus artistique.

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Daniel Buren et Philippe Parreno, deux artistes majeurs de la scène artistique contemporaine, ouvrent le nouvel espace de la galerie Kamel Mennour à Paris avec une exposition conjointe. A cette occasion, l'artiste plasticien figure de l'art in situ Daniel Buren revient au micro d'Arnaud Laporte sur son parcours et son processus artistique.

Vues de l’exposition • Exhibition views Daniel Buren – Philippe Parreno « Simultanément, travaux in situ et en mouvement », kamel mennour [5 rue du Pont de Lodi], Paris, 2020
Vues de l’exposition • Exhibition views Daniel Buren – Philippe Parreno « Simultanément, travaux in situ et en mouvement », kamel mennour [5 rue du Pont de Lodi], Paris, 2020
- © Daniel Buren, Adagp © Philippe Parreno

Bandes à part

Intéressé d'abord par le cinéma, Daniel Buren se tourne finalement vers la pratique picturale en se formant à l'École des métiers d'arts de Paris. Après un bref passage à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, il entreprend dès 1960 un processus créatif radical qui interroge le fond et la forme. L'écrit tient également une place importante dans son travail comme il l'explique au cours de l'entretien : 

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Ce qui m'intéresse le plus, ce sont évidemment les travaux visuels que je suis capable de faire. Mais l'écrit fait partie de mon quotidien, j'ai déjà peut-être trop écrit et j'ai à la fois un certain plaisir à le faire. Je sais que ça a très longtemps appuyé mon travail sur des choses que je pensais non pas dire mieux que d'autres, mais d'être le seul à pouvoir les dire.  

Pour tous et toutes, le nom de Daniel Buren est indissociable depuis 1986 des colonnes qui habitent la cour d'honneur du Palais Royal. En réponse à une commande publique, il créé Les Deux plateaux, une œuvre vivement polémique communément appelée "les colonnes de Buren". La même année, Buren représente le pavillon de la France à la Biennale de Venise où il remporte le Lion d'or. En 2012, il est l’artiste invité à l’exposition Monumenta au Grand Palais et en 2016, il crée à la demande de Franck Gehry, L'Observatoire de la lumière, une installation in situ à la Fondation Louis Vuitton.

Il ne s'agit pas du tout d'une appropriation du lieu, ce n'est pas du tout mon lieu. Ce sont des choses qui sont complètement étrangères, mais en même temps qui, par la force des choses, finissent par être en rapport. 

Le Palais Royal, je l'ai effectivement emprunté comme j'emprunte le Guggenheim quand il s'agit d'y faire un travail, ou une petite salle qu'un collectionneur peut me prêter dans son appartement.  Le travail que je vais y faire va introduire dans ce qu'on va regarder tout un tas de choses, y compris des objets qui ne m'appartiennent pas et qui sont empruntés pendant le temps où cette espèce de nœud qui se produit entre quelque chose qui se transforme et qui transforme le lieu et ce lieu-là.

Les Masterclasses
59 min

L'oeuvre In situ 

En 1966, Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni créent le groupe BMPT (cigle formé de leurs initiales) qui se séparera l’année suivante. Buren continue, de son côté, sa recherche de la moindre intervention et du refus du tableau et du cadre. Il se tourne alors vers la rue et initie des affichages sauvages de papier à rayures, un motif issu d'un tissu rayé de bandes verticales de 8,7 cm de largeur déniché au marché de Saint-Pierre.

Au cours de l'entretien, Daniel Buren revient sur la genèse de son concept d’art in situ, c’est-à-dire un art qui interroge son environnement et qui s’adapte à son lieu d'ancrage. Il explique que lorsqu'il était jeune artiste, il visita les ateliers de Picasso, Chagall, Masson et bien d’autres. De retour à Paris, il se rendit dans leurs expositions mais en ressortit systématiquement déçu...  

La déception profonde était dans le fait que toutes œuvres que j'ai pu voir avec leurs auteurs, en discutant de choses et d'autres et sur leurs travaux en même temps, avaient une vie, avait quelque chose de très fort et de touchant qui avait tendance à disparaître complètement en exposition dans une salle bien finie, bien propre, avec les œuvres accrochées aux murs ou au milieu de la pièce. Ça m'a beaucoup travaillé

C'est certainement pour ça que je n'ai pas eu beaucoup de mal lorsque j'ai été dans l'incapacité d'avoir un lieu pour travailler, c'est à dire en fin de 1967, d'abandonner l'idée de l'atelier sans me dire que ce serait pour toujours. Mais 55 années plus tard, je n'ai toujours pas d'atelier et je pense que jamais de ma vie je n'en aurai

Il serait vain de faire un portrait de Daniel Buren en dressant la liste des expositions qu’il a réalisées : du Musée d’Art Moderne de Paris au Musée Guggenheim de New York, on en dénombre 2600 entre 1965 et 2016 ! Daniel Buren a réalisé plus d’un millier d’installations dans l’espace public, aux Terreaux à Lyon, sur le plateau de la Cour d’honneur du Palais royal à Paris, sur le quai des Antilles de Nantes, mais aussi en Allemagne, au Japon, en Italie ou en Espagne…

Ses actualités : 

  • L'exposition "Buren/Parreno: Simultanément travaux in situ et en mouvement" à la Galerie Kamel Mennour, à partir du 5 décembre. 
  • Recueil de textes de Daniel Buren, Il faut sérieusement douter, Editions Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts.
  • Site de l'artiste à retrouver ici
À quoi pensez-vous ?
2 min

Sons diffusés pendant l'émission : 

  • Le Menuet de la Sonate n°18 de Franz Schubert, interprétée par Paul Badura Skoda.
  • Extrait de "Picasso à Vallauris", émission diffusée sur la radio de l’ Unesco en mars 1958.
  • Sonate opus 111 de Beethoven, interprétée par Paul Badura Skoda.

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