Debbie Harry, célèbre chanteuse du groupe Blondie, a marqué la mythologie du rock et de la pop par sa voix lascive et son énergie radioactive. Retour, en sa présence et au micro d’Arnaud Laporte, sur ses imaginaires, son processus de création et son parcours hors norme d’icone libre et inclassable.
- Debbie Harry Chanteuse et actrice américaine
Déesse de glace dans la mythologie du rock, Debbie Harry est une brindille qui a poussé sur le terreau de l’underground new yorkais avant d’embraser le monde aux sons de Hearth of glass ou Call Me. Chanteuse du groupe Blondie, ses tubes planétaires électrisent encore aujourd’hui les pistes de danse et les radios. Si Debbie Harry est de celles et ceux dont le nom nous évoque automatiquement l'effervescence pop rock des années 1970-80, la chanteuse n’a pourtant cessé de traverser les époques et leurs bouleversements musicaux depuis. Elle raconte ses métamorphoses, de jeune fille se rêvant en Marilyn Monroe à figure iconique du rock et de la new wave, dans Face It son autobiographie parue aux Editions Harper. Au micro d’Arnaud Laporte, elle revient sur les étapes qui ont jalonné son parcours et l’ont imposé comme la diva punk et féministe de référence.
J'avais une espèce de vocation. J'étais attirée par la scène. Mais évidemment il y a une courbe d'apprentissage qu'il faut suivre, c'est un parcours.
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Blondie, l'inclassable
En 1974, dans le New York interlope où le folk, le rock et la LSD explosent et l’effervescence artistique est sans précédent, Blondie naît de la rencontre entre Chris Stein, Clem Burke, Gary Valentine, Jimmy Destri, mais surtout Debbie Harry. Crinière de lionne peroxydée, présence radioactive, elle enchaîne les petits boulots, danseuse go-go et Playboy Bunny, avant de se révéler avec Blondie.
Les places sont chères dans le domaine de la musique. J'ai eu de la chance. J'ai essayé de me hisser pour me faire une place au soleil. Il se trouve que quand on s'est lancé, les gens ont bien aimé ce qu'on faisait. C'était un pari.
Durant sept folles années, leur succès ne cesse de croître, le groupe est une machine à tubes d’une efficacité redoutable qui enflamme autant le CBGB – un club où débutent les Ramones ou les Talking Heads – que les scènes et les radios aux quatre coins du globe.
Le CBGB c'était un petit peu comme l'école, une espèce de centre de formation pour moi. Au début, il fallait que j'apprenne tout un tas de choses, c'était une opportunité formidable. J'étais ravi de pouvoir y être très souvent.
Ces années ont été les années les plus précieuses de ma vie. Avec Chris Stein, on passait de très bons moments, on a bien rigolé. C'était une époque difficile du point de vue économique, mais en tant qu'artiste, on s'amusait bien.
Porté par le talent de mélodiste du guitariste Chris Stein, le groupe signe notamment les tubes Heart of Glass, Atomic, Call Me, The Tide is High, Denis, Denis et Hanging on the Telephone ou encore Rapture, premier rap “blanc” en hommage à Grandmaster Flash, paru en 1980. Au total, Blondie a sorti six albums entre 1976 et 1982 qui mêlent pulsations disco, mélodies pop, énergie punk, sonorités rocks, rap, et modernité new-wave.
C'était de la musique expérimentale dans une certaine mesure, notamment au niveau de la conception. On essayait tout un tas de choses différentes, des variations différentes d'un même thème.
Bien souvent, la sensibilité exprimée par la musique me donne des idées pour raconter une histoire par les paroles.
Huit ans après son ascension fulgurante, Blondie signe l’album The Hunter puis éclate en plein vol. En cause, la maladie de Chris Stein, un manager véreux, les dissensions au sein du groupe, mais aussi la drogue. En 1998, le groupe se reforme après une interruption de près de quinze ans et sort cinq nouveaux albums dont Pollinator, le petit dernier.
Les filles comme moi qui ont joué dans des clubs dans les centres des grandes villes et qui n'ont pas une relation véritablement commerciale avec le monde peuvent peut-être être considérées comme faisant partie de l'underworld.
Une Marilyn de l'underworld
Sexy et glaçante à la fois, lascive et vénéneuse, Debbie Harry est une brindille d’acier à la puissance scénique folle qui aimante tous les regards. Le monde de la mode succombe à son charme, Iggy Pop la décrit comme une « Barbarella sous amphétamines », Andy Warhol la prend pour muse et en fait sa Marilyn des temps modernes.
J'avais beaucoup d'admiration pour Marylin, une comédienne formidable, une magnifique femme en plus. Et puis évidemment, c'était une héroïne tragique, je trouvais cela très romantique. Elle a vécu une vie à la fois de célébrité, mais aussi de tragédie. Tout ça s'est chargé d'émotion pour moi
Seule femme dans le monde masculin et machiste du rock de l’époque, la chanteuse lance le Girl Power en s’affirmant comme une femme puissante, maîtresse de son corps, de sa sexualité et de son propre destin. Elle a ainsi ouvert la voie à des artistes telles que Madonna, Beyoncé ou Lady Gaga.
J'ai des messages à faire passer et la musique, c'est une occasion pour moi de le faire.
J'étais de nature opiniâtre. J'étais très déterminé et très concentré, car je visais un seul but. J'étais déterminée à faire de la musique et à mener des activités qui était importante pour moi. Je ne cherchais pas à être une figure de proue de quelque mouvement que ce soit. Je voulais simplement être une artiste, m'exprimer et il fallait que je reste simple et c'est comme ça que ça a fonctionné.
En solo, notamment durant la coupure entre les premières années de Blondie et leur comeback, Debbie Harry partage sa carrière entre musique et cinéma. Elle sort plusieurs albums salués comme Rush Rush et Def, Dumb & Blonde, Rockbird et Debravation, chante également au sein de The Jazz Passengers et signe avec eux les albums Individually Twisted et Live un Spain. Au cinéma, on a pu la voir dans de nombreux films dont Hairspray de John Waters et Videodrome de David Cronenberg.
Au cinéma, les choses sont différentes des concerts. Il y a des caractéristiques particulières. Dans les deux cas, ça donne des frissons d'être devant un public nombreux, particulièrement si le public connaît la musique. Au début, je me souviens que lorsqu'on jouait devant le public, on se demandait si les gens me connaissaient, s'ils avaient déjà entendu la musique. Donc il y avait des points d'interrogation partout dans la salle. Au cinéma, c'est complètement différent.
Son actualité : Son autobiographie Face It a paru aux éditions Harper Collins.
Sons diffusés pendant l'émission :
- “French kiss in the usa” extrait de l'album solo de Debbie Harry "Blackbird".
- “Heart of glass” en live pour The Special Midnigh le 5 octobre 1979.
- “Atomic” en live en 1980
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