

Maître du non-sense, l’auteur et dessinateur Glen Baxter, alias le Colonel Baxter, est au micro d’Arnaud Laporte pour nous emmener dans les coulisses de ses imaginaires et de ses œuvres burlesques qui ne cessent de nous déstabiliser.
Qu’on ne l’accuse pas de faire du réchauffé, Glen Baxter ne cesse de nous surprendre avec son humour à froid, au point de nous provoquer des frissons. En ce début d’année, l’auteur mais aussi dessinateur britannique expose ses fameux dessins légendés à la Galerie Isabelle Gounod à Paris. L’occasion, au micro d’Arnaud Laporte, de revenir sur le parcours et les imaginaires burlesques de cet artiste à l’humour typiquement… baxtérien.
Des cow-boys, du tofu et du tweed
Pour Glen Baxter, tout commence avec les livres et les films, avec l’amour des mots et des images, mais aussi avec un handicap qu’il a su tourner en force. Enfant, Glen Baxter est bègue et imagine les mots avant de les prononcer. Devenu un auteur et un dessinateur à la fois reconnu et inclassable, il conserve aujourd’hui une passion pour les mots compliqués à partir desquels il joue sur la sonorité et l’ambigüité visuelle. Les cow-boys, les mœurs des scouts, les poissons rouges, le tofu, le tweed ou encore le bricolage sont autant de mots et d’images qui peuplent ses œuvres burlesques.
Trois fois par semaine, on allait au cinéma pour fuir tout. On rentrait dans ce cinéma au milieu du film parce qu'à l'époque, ça passait en boucle. Alors on n'y comprenait rien. La narration était totalement distordue, on voyait du milieu jusqu'au milieu du film suivant et puis finalement, on revenait vers l'arrière. C'est peut-être pour ça que je n'ai pas l'esprit bien clair.
A l’Art School où il se forme, Baxter tombe éperdument amoureux du surréalisme et du dadaïsme, davantage pour l’esprit que pour les images. Inspiré par les collages de Max Ernst, il met en place un style proche de l’imagerie populaire pour adolescents des années 30 à 50, un graphisme à la fois universel et faussement didactique. Boudé à ses débuts par les éditeurs, l’artiste quitte Londres pour New York où il perce rapidement dans le milieu de la poésie underground. Depuis son retour dans son pays natal, Glen Baxter expose dans de grandes institutions et ses dessins humoristiques légendés sont entrés dans de prestigieuses collections telles que Beaubourg et la Tate Gallery.
J'ai été très impressionné par la manière dont Max Ernst avait utilisé des gravures pour illustrer des textes complètement absurdes. De la même manière, je suis parti sur le marché aux puces et j'ai retrouvé ces livres pour enfants avec des dessins très fins. J'ai décidé de détourner cette gravure victorienne pour en créer une version beaucoup plus moderne, pour créer quelque chose aussi d'assez étrange. Les lignes étaient très intenses. Max Ernst avait vraiment la manière de combiner des images avec les mots.
Lorsque j'ai découvert Raymond Roussel, j'ai rencontré une imagination débordante. Et puis il y a eu Marcel Duchamp, Apollinaire et des expositions que j'ai pu visiter à Paris. Ça m'a inspiré. Marcel Duchamp a aussi été inspiré par certains de nos artistes. C'est amusant de voir de quelle manière la boucle se boucle
Le Colonel du non-sens
Difficile de recenser l’entièreté des livres graphiques de Glen Baxter tant il en a signé depuis The Impending Gleam en 1981_._ Nombreux sont publiés aux éditions Hoëbeke tels que Ma Vie, L’heure du Thé, Le Livre de l’amour, Haro sur le suif, Le Monde de Glen Baxter, Tempête sur le tweed, et bien d’autres. Baxter travaille également pour la presse. Surnommé Colonel Baxter depuis sa rubrique « Les terres du colonel Baxter » dans The Independent on Sunday, il continue de dessiner dans la presse, pour le New Yorker, Le Monde, mais aussi l’Actualité Poitou Charentes.
Je vis un petit peu dans un monde de rêve et j'essaye, à ma manière baxtérienne, d'assembler ces morceaux de monde comme un seul.
Maître du non-sense, l’artiste déploie dans ses œuvres un humour pince-sans rire qui déstabilise. Dans Ma Vie comme dans sa rubrique du Colonel Baxter, l’artiste cultive un sens aiguë de l’autodérision. Il n’hésite pas à user de nombreux stéréotypes sur les anglais, jusque dans son humour au flegme typiquement britannique. Il est également célèbre pour employer plusieurs effets de non-sens simultanément. S’il se sent davantage du côté de l’écriture que de l’image, il est difficile pourtant de déterminer qui du texte ou de l’image commente l’autre dans ses œuvres.
C'est un peu comme un film de David Lynch, on a l'impression que tout est normal, mais vous comprenez bien en regardant que les choses sont un peu distordues, étranges.
Le cow-boy est un archétype. Je peux l'utiliser et le monde entier, les gens de la Russie en passant par le Japon et la France vont le comprendre immédiatement. Je l'utilise pour créer ce que vous appelez en français un frisson, ce petit quelque chose qui va se développer entre l'image et le texte.
Pour découvrir le site de l'artiste, cliquez ici.
Son actualité : Exposition : « Absolutely Baxter » du 2 janvier au 7 février à la galerie Isabelle Gounod à Paris.
Sons diffusés pendant l'émission :
- Bande Annonce du film “Le Massacre de Fort Apache” réalisé par John Ford en 1948.
- Morceau "Hey Good Looking" de Hank WILLIAMS.
- Morceau "Mon Bon Vieux Mari" de Dewey Balfa , Marc Savoy & DL MENARD.
- Yodelling de Franzl Lang
- Extrait du film à sketch "And now for something completely different" de Monty Python (1971).
- Morceau "Life on Mars" de David Bowie repris par The Ukulele Orchestra of Great Britain.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration
- Production déléguée
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation