Jean-Paul Salomé : "Si on a le comédien dans le bon costume, on peut presque partir en vacances"

Jean-Paul Salomé
Jean-Paul Salomé ©AFP - Loic Venance
Jean-Paul Salomé ©AFP - Loic Venance
Jean-Paul Salomé ©AFP - Loic Venance
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Le réalisateur Jean-Paul Salomé est au micro d'Arnaud Laporte. Technique, culture, inspiration ou économie ? Le pro du secteur s'empare avec décontraction de tous les sujets tendus.

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C’est une figure du blockbuster à la française. Cet automne, il signe La Daronne, une comédie survoltée dans laquelle   Isabelle Huppert est Patience Portefeux. Une interprète judiciaire français-arabe, spécialisée dans les écoutes pour la brigade « des stups » qui se retrouve catapultée à la tête d’un trafic conséquent. Il nous en parle au micro d'Arnaud Laporte et nous entraîne dans les coulisses de son parcours et de ses idées de cinéma. 

Quand on fait un film comme ça, on a envie de l'amener au public et on a envie qu'il ait la meilleure exposition. Tout devient important aujourd'hui. Ce n'est pas seulement une affiche, ce n'est pas seulement d'avoir les salles, ce n'est pas seulement d'avoir la critique. Il y a une telle masse d'images, une telle masse de films que pour sortir du lot, ça devient de plus en plus compliqué. Dans cette période, même s'il y avait moins de concurrence, ce n’était quand même pas simple de redonner l'envie aux gens et aux spectateurs d'aller au cinéma.

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Le cinéma populaire en bandoulière

Jean-Paul Salomé, réalisateur de Belphégor le fantôme du Louvre, d’Arsène Lupin, ou des Femmes de l’ombre, a signé son retour en 2020 avec La Daronne. Figure majeure du cinéma français, il porte avec fierté l’adjectif « populaire » accolé par la critique au cinéma qu’il fait. Ses fictions sont souvent des succès en salles et certaines, comme Belphégor, trouvent un public enjoué à l’étranger. De la page blanche à la promotion du film, en passant par l'écriture, le tournage, le montage et le montage, il nous donne sa vision des différentes étapes de la fabrication d'un film :

Pour moi, le tournage, c'est la récréation. C'est à dire que j'ai fait tout ça pour arriver là et pour, à un moment donné, être comme quand j'étais le petit garçon qui fait mettre des costumes à ses copains, ses copines, et qui tourne avec ses potes un petit court métrage. [...] J'ai du mal à comprendre ceux qui ont besoin du conflit sur les films, de créer des situations de tension pour arriver à faire sortir quelque chose. Pour moi au contraire il faut que ce soit un moment joyeux, festif. On bosse, ce n'est pas la zumba, mais j'ai besoin de sentir que les gens sont heureux. 

Le mixage, c'est là où beaucoup de choses se jouent quand même. Vous pouvez encore changer quasiment de dialogues où vous pouvez faire qu'on entend mieux ça ou ça. Le son prend une dimension, j'y apporte un soin particulier.  

Le Voyou de Claude Lelouch l’avait marqué alors qu’il était encore enfant et déjà hypnotisé par la toile. Plus tard, il assiste le réalisateur sur le tournage Des Uns et des autres. C’était le tout début des années 1980. Depuis, Salomé a huit films au compteur, sans compter ceux produits pour la télévision. Le réalisateur témoigne de son admiration pour Lelouch et de ce qu'il a apporté au cinéma français : 

Gamin, j'étais une sorte de fan […] On s'est suivi jusqu'au moment où j'ai fait des courts métrages que j'arrivais à lui montrer quand j'allais à Paris avec mon petit projecteur Super 8. Après, j'ai fait des courts métrages avec des comédiens en 16 mm. Il les a vus au fur et à mesure et quand j'ai eu 20 ans, il m'a proposé d'être stagiaire sur « Les uns et les autres ». Ça a été l'occasion de voir son rapport au cinéma, le fait d'arriver à enchaîner des films, et surtout l'enthousiasme qu'il mettait, la force et l'énergie à emmener une troupe presque comme un général. 

On oublie un peu mais c'est un type qui a beaucoup innové sur la technique, qui cherchait à tourner avec des caméras de plus en plus légères. 

A voix nue
28 min

De l'importance du collectif dans le septième art

Jean-Paul Salomé sait s'entourer. Il a dirigé Michel Serrault, Annie Girardot, Sophie Marceau, Romain Duris… et maintenant, Isabelle Huppert.  Il nous explique l'importance que revêt le choix d'un acteur ou d'une actrice: 

Si on a le comédien dans le bon costume, on peut presque partir en vacances. C'est important de trouver la bonne personne et ce n'est pas toujours évident mais c'est de là que viennent les vraies alchimies.

Impliqué dans le monde du septième art au de-là de ses propres œuvres, le cinéaste ne s’interdit pas de parler du modèle économique de son secteur, des décisions publiques ou même des évolutions dans la manière de consommer du film. Il a passé quelques années loin des plateaux de tournage durant lesquelles il a dirigé UniFrance, un organisme de promotion du cinéma français à l'étranger. 

Le métier de cinéaste est un métier très solitaire finalement, et pour éviter de devenir dingue, j'ai toujours eu besoin de m'investir dans des actions collectives.

Son actualité : Sortie DVD du film La Daronne__, Le Pacte éditions.

Sons diffusés pendant l'émission : 

  • Claude Lelouch parle des facteurs de réussite d’un film et du charisme du voyou au cinéma à propos de son film "Le voyou", émission Inter actualités de 13H00, sur France Inter, diffusée pour la première fois le 19/11/1970.
  • Le discours d'Annie Girardot aux César 1996 quand elle reçoit le César du second rôle féminin pour « Les Misérables » de Claude Lelouch.
  • Extrait du final de la bande originale réalisée par Thomas Newman pour le film "Le Pont des Espions" de Steven Spielberg.
  • Bande annonce de “La Daronne” de Jean-Paul Salomé. 

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