

Maroussia Diaz Verbèke présente “23 fragments de ces derniers jours”, un spectacle qu’elle a réalisé en partenariat avec la compagnie brésilienne « Instrumento De Ver ». L’occasion de revenir sur son parcours et sa recherche de nouvelles écritures du cirque.
- Maroussia Diaz Verbèke circographe et artiste de cirque
Circographe, voilà l'appellation que l’acrobate et chercheuse Maroussia Diaz Verbèke s’est choisie pour définir sa pratique si singulière, à rebours des termes « metteuse en scène » ou « chorégraphe » empruntés au théâtre et à la danse. Car c’est à la recherche d’un langage propre au cirque qu’elle s’affaire, depuis près d’une décennie maintenant. Formée au Centre National des Arts du Cirque, comme Vimala Pons, Tsirihaka Harrivel et Erwan Larcher, elle forme avec eux le collectif Ivan Mosjoukine, avant de s'élancer seule, en funambule, vers de nouvelles écritures. Ce sera le Troisième Cirque, nom donné à la compagnie qu’elle fonde en 2015, pour sortir de la confrontation entre le cirque classique et le cirque contemporain. Dans Circus Remix, son œuvre manifeste, Maroussia Diaz Verbèke organisait, seule en scène, une parade kaléidoscopique, au rythme d'un colossal montage d'archives radiophoniques, pour revisiter le cirque.
Tour à tour acrobate, régisseuse de piste, clown, et dompteuse, cette maîtresse du détournement sait tout faire, mais aussi s’entourer. Après avoir circographié le spectacle FIQ ! (Réveille-toi !) pour le Groupe Acrobatique de Tanger en 2020, elle signe 23 fragments de ces derniers jours, réalisé en partenariat avec la compagnie brésilienne « Instrumento De Ver ». Le temps d’un entretien au long cours, elle nous en dit plus sur cette ambition, mais aussi sur son parcours et son processus créatif.
Sur la piste du cirque
En 2007, Erwan Ha Kyoon Larcher, Maroussia Diaz Verbèke, Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel co-fondent le collectif Ivan Mosjoukine, avec pour objectif de « faire parler le cirque ». Un moment charnière dans l'élaboration de sa pensée sur son art, qu'elle raconte au cours de l'entretien :
« Je suis issue d'une culture qui a fait table rase du cirque classique, ce qui était sûrement nécessaire à une période. Avec le collectif Mosjoukine, on va tellement loin dans cette direction qu'à un moment, je me souviens de m'être demandée si ce qu'on était en train de faire avait encore quelque chose à voir avec du cirque. Ma réponse à l'époque a été non, parce que sans toutes les composantes du cirque classique desquelles je pense qu'on était un peu complexés, on est allé tellement loin que je me suis éloignée de cette passion que j'avais eu enfant, ce moment de flash où je m'étais dit qu'il fallait que je fasse ça. A partir de là, je me demande : si le cirque manque, alors qu'est-ce que le cirque ? […] C'est le départ de mon changement de regard vis-à-vis du cirque, en se disant que ce qu'on peut lui reprocher est en fait une de ses spécificités » Maroussia Diaz Verbèke
En 2015, Maroussia Diaz Verbèke imagine un « Troisième cirque », nom donné à sa compagnie, ainsi que la notion de « Circographie » :
« Le mot "circographe" déclenche la discussion, donne l'idée et me permet de nommer mon métier. Mais derrière, je pense qu'il y a tout un lexique du cirque à inventer. Il y a beaucoup de choses qui existent au niveau théorique sur la dramaturgie et maintenant sur la conception d'un scénario avec les films et les séries, mais le cirque propose un autre imaginaire qui est encore très flou, très inexploré. Et je pense que les mots permettent tout simplement de mieux s'y repérer, de mieux créer » Maroussia Diaz Verbèke
Émanciper le cirque du théâtre
L’interrogation sur l’essence du cirque chevillée au corps, Maroussia Diaz Verkèbe lit, interviewe, et rencontre différentes personnes en lien avec le cirque. De là est née, entre autres, sa réflexion sur la distinction entre deux mots : l’acrobatie et le cirque. Elle nous explique son point de vue :
« Ça pose un problème de faire un amalgame entre le cirque et l'acrobatie, parce que donc il n'y a plus de termes pour définir le moment où on compose un spectacle. Jusqu'ici, le sous-entendu était qu'on va faire appel à un vrai art, un art noble, donc la danse ou le théâtre, parce que le cirque n'est pas vraiment capable de composition. C'est problématique et c'est pour ça que je me suis autorisée à utiliser un mot qui n'existe pas, qui est circographie, pour nommer justement l'absence de terme qui est très symptomatique, du fait de ne pas pouvoir envisager la spécificité de la composition d'un spectacle de cirque » Maroussia Diaz Verbèke
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L'artiste s'est également penchée sur un autre hiatus, et pas des moindres : celui du rapport du cirque à la parole.
« Un spectacle de cirque travaille complètement différemment du théâtre, on le voit dans l'Histoire. J'ai été très étonnée d'apprendre qu'en 1806-1807, il y a un décret en Angleterre et en France qui interdit la parole au cirque. Il n'y a pas d'académie qui dit le cirque doit être ça et ça, il y a juste une interdiction qui est de ne pas être du théâtre. C'est vraiment fondateur et fondamental puisque, derrière, c'est le corps qui est mis au centre. La parole, quand elle revient, restera périphérique avec Monsieur Loyal. C'est là aussi où les animaux peuvent devenir des stars, même si aujourd'hui on est dans une autre perspective. Et ça donne enfin la dimension cosmopolite et transgénérationnelle du public, ainsi que artistes, puisqu'il n'y a pas cette barrière de la langue. Donc c'est un art qui s'est vraiment construit à la négative du théâtre, qui a créé une autre manière de voir le monde » Maroussia Diaz Verbèke
“23 fragments de ces derniers jours”, un spectacle créé entre le Brésil et la France
« Je suis retournée dix fois au Brésil, en dix ans. J'ai d’abord appris la langue et j'ai découvert le carnaval qui est une fête incroyable. Le cirque est peut-être une pièce de puzzle du grand tout qui était carnaval à l'origine. Et puis j'ai rencontré le collectif Instrumento De Ver lors de festivals où j'étais allée travailler. Elles m'ont invité à jouer mon spectacle là-bas et puis on a commencé un projet ensemble à partir de leurs recherches en cours, sur le rapport du cirque aux objets »
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Plus d'informations sur ses actualités
- Spectacle : “23 fragments de ces derniers jours”, réalisé par Maroussia Diaz Verbèke, en partenariat avec la compagnie brésilienne « Instrumento De Ver », se joue au
Monfort à Paris jusqu’au 18 février 2023. Le DJ Set La Ola Tropical par Loïc Diaz Ronda aura lieu à partir de 22h le samedi 11 février au Théâtre Monfort après la représentation de 23 fragments de ces derniers jours Toutes les informations ici :
https://www.lemonfort.fr/programmation/dj-set-la-ola-tropical.
Le spectacle “ 23 fragments de ces derniers jours ” tourne ensuite au Cirque Jules Verne à Amiens le 2 mars 2023, et à la Maison des Métallos à Paris pour la CoOp, du 3 au 21 juin 2023. - Spectacle : Circus Remake, la recréation du spectacle solo Circus Remix pour deux interprètes, est à découvrir dans le cadre d’un portrait en novembre 2023 à l’Azimut à Anthony.
- Découvrez le site du "Troisième Cirque", la compagnie de Maroussia Diaz Verbèke, ici
Sons diffusés pendant l'émission :
- Le metteur en scène Moise Toure dans "Surpris pas la nuit", sur France Culture, en 2008.
- Extrait de la courte vidéo " Circographie" de Maroussia Diaz Verbèke et Elodie Royer pour Figures libres d'ArtCena.
- Extrait du court métrage " Circus Remix (by night)", créé par Maroussia Diaz Verbèke pour Arte en Scène et la Blogothèque inspiré de Circus Remix.
- Annie Fratellini, au micro de Thierry Beccaro dans "Atout coeur", en 1982.
- Le choix musical de l'invitée : "Ó" du groupe As Mercenárias.
Références bibliographiques :
- Du théâtre équestre au cirque : le cheval au coeur des savoirs et des loisirs (1760-1860) de Caroline Hodak, Belin, 2018.
- Le cirque du monde : une allégorie de la modernité de Corine Pencenat, Circé, 2012.
L'équipe
- Production
- Production déléguée
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- Collaboration
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- Réalisation
- Lise RipocheStagiaire