Mathilda May : "Enlever les mots m'a permis de débrider mon imaginaire"

Mathilda May
Mathilda May - Richard Schroeder
Mathilda May - Richard Schroeder
Mathilda May - Richard Schroeder
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A l'occasion de la création du spectacle "Echos" au 104, à Paris, la comédienne et metteure en scène, Mathilda May revient au micro d'Arnaud Laporte sur ses diverses pratiques et expressions artistiques, son expérience à l'international ainsi que ses méthodes de travail.

Avec

Karin Haïm, exprime le souhait dès l'âge de 8 ans, de changer son nom. Son père, Victor Haïm, dramaturge d'origine juive sépharade et sa mère, Margareta Hanson, professeure de ballet et chorégraphe, décident de satisfaire le besoin de leur fille et appellent ainsi  la jeune fille Mathilda May. Enfant discrète, Mathilda May trouve un moyen de s'exprimer et s’épanouit grâce à la danse classique. Elle devient par la suite actrice, chanteuse, comédienne et autrice avant de faire de la mise en scène. Aujourd'hui, nous la retrouvons au 104 à Paris pour son spectacle Echos à l’occasion de la 6ème édition du Festival des Singulier.e.

La danseuse classique devient actrice de cinéma

Mathilda May intègre l’Opéra de Paris pour un stage de 3 mois avec l'espoir de devenir petit rat de l'Opéra. L’audition arrive, elle n’est pas sélectionnée mais la jeune fille rebondit rapidement car l’année suivante, elle devient élève au Conservatoire de Paris et obtient à la fin de son cursus le premier prix. Après avoir passé le concours de Lausanne, Mathilda May part danser aux Etats-Unis avec le New York City Ballet, chez Balanchine et de retour à Paris elle est figurante dans Les Indes Galantes mais n'en n'est pas satisfaite ; c'est alors qu'un appel va changer le cours de son destin.

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La rencontre avec l'actrice Myriam Bru alors qu’elle avait 10 ans est pour  Mathilda May déterminante. L’actrice, devenue agent artistique, revient voir Mathilda May et lui propose de passer des essais pour Nemo d’Arnaud Selignac en 1984. Elle obtient le rôle et joue pour la première fois, à l’âge de 18 ans aux côtés de Carole Bouquet et de Michel Blanc. Mathilda May arrête ainsi la danse et se lance dans le cinéma.   Après Les Rois du gag (1985) de Claude Zidi, elle interprète le rôle d’une extraterrestre dans le film de science-fiction américain Lifeforce (1985) de Tobe Hooper. Elle joue par la suite  dans La Vie dissolue de Gérard Floque de Gorges Lautner en 1987 ainsi que dans Le Cri du hibou (1987) réalisé par Claude Chabrol et passe deux mois en montagne pour le tournage. Elle reçoit le prix Romy Schneider en 1989, récompensant le jeune espoir du cinéma francophone. Un an après, en 1998 elle tournera avec Yves Montand dans le film Trois places pour le 26 réalisé par Jacques Demy.

Une carrière à l'international et en France

Sa carrière semblait bien se dérouler mais elle décide de partir à l’étranger pendant trois ans.  A l’internationale, Mathilda May joue dans Naked Tango en 1990 de Leonard Schrader et passe six mois à Buenos Aires. La danse classique lui a apporté la discipline et l’endurance, ce qui lui a permis de supporter les conditions de tournage. Mathilda May s’envole pas la suite en Patagonie pour Cerro Torre : Le Cri de la roche de Werner Herzog en 1991 ; en Allemagne et à Bordeaux pour Devenir Colette (1991) de Danny Huston (fils de John Huston).  Elle tourne également en Tunisie pour Isabelle Eberhardt de Ian Pringle en 1992 où elle incarne cette journaliste, écrivaine, aventurière disparue dans la crue d’un oued saharien à l’âge de 27 ans. Mathilda May passe trois mois dans le désert.

Après trois années d’errances à l’international, Mathilda revient en France avec le polar Toutes peines confondues de Michel Deville en 1992 avec Patrick Bruel et Jacques Dutronc. En 1994, elle rencontre Gérard Darmon lors d’un casting et joue avec lui dans Le Voleur et la Menteuse de Paul Boujenah. Elle joue le rôle de Suzanne, la menteuse et Gérard Darmon interprète un séducteur, le voleur.

"Ce grand questionnement profond et existentiel, où l'on se demande ce qui nous définit, quelle est notre singularité, permet de trouver sa place. Ce sont des questions qu'on devrait tous se poser et  je ne l'ai pas fait en temps et en heure car j'étais sur un chemin déjà tout tracé."

D'autres moyens d'expressions

Mathilda May a été élevée dans la musique, elle considère que là sont ses vraies racines et c'est en 1992 qu'elle s’essaye à la chanson.  Elle enregistre son premier album funk en anglais Mathilda May  à Londres réalisé par Tom Powell avec le label Columbia. Se consacrant à la musique et au cinéma, Mathilda May ne s'arrête pas là. Après avoir tourné en 1997 dans le film américain Le Chacal avec Richard Gere et Bruce Willis, elle se lance sur les planches en jouant de 2008 à 2010, dans le spectacle Plus si affinités co-écrit et joué avec Pascal Legitimus au théâtre du Splendid.

En 2014/2015, Mathilda May écrit et met en scène Open Space dont elle a également composé la musique au Théâtre Jean-Vilar, à Suresnes (Hauts-de-Seine). La pièce se déroule dans une compagnie d’assurance où six employés se supportent dans une ambiance burlesque, sans parole. La pièce est jouée au Théâtre du Rond-Point, au Théâtre de Paris et a été comparée au burlesque muet de Jacques Tati.  L’année suivante, en 2016, Mathilda May met en scène trois danseurs de hip-hop dont un beatboxeur : Amala Dianor, Bboy Junior et Sly Johson dans Trio, à l’affiche du festival Suresnes Cités Danse, au Théâtre Jean Vilar. Enfin après avoir obtenu  le Molière du metteur en scène dans un spectacle de théâtre public en 2019 pour Le Banquet au Théâtre du Rond-Point, elle crée en 2020 Monsieur X avec Pierre Richard au Théâtre de l’Atelier.

"Ma spécificité est le mélange des disciplines pratiquées, notamment la musique qui est mon ADN principal et mon socle de vie et puis la danse qui est là et qui sera toujours là ; ainsi qu'un goût pour un certain type d'humour, plutôt visuel. Alors qu'est ce que je peux faire avec tout ça ? Je cherche un autre langage, c'est la raison pour laquelle dans mes spectacles il n'y a pas de parole."

Après la danse, le cinéma, la musique, le théâtre et la mise en scène, Mathilda May s’exprime également par l’écriture et publie son premier Personne ne le saura en 2007 aux éditions Flammarion ; et en avril 2018 elle revient avec un second ouvrage, son récit autobiographique « V.O » sorti chez Plon.

Son actualité : Création du spectacle  Echos du mardi 18 au samedi 22 janvier au 104, à Paris, dans le cadre de la 6ème édition du Festival des Singulier.e.s

Sons diffusés pendant l'émission :

  • Extrait de Françoise Dolto lors de l'émission Apostrophe (Bernard Pivot) le 12 janvier 1987
  • Extrait de Françoise Platel pour l'émission A quoi pensez-vous ?
  • Red Room de Hiatus Kayiote de l'album Mood valiant (2021) , label : BRAINFEEDER RECORDS
  • Extrait de Michelle Deville pour l'émission Projection privée ; il distingue le théâtre et le cinéma.
  • Extrait du spectacle Echos de Mathilda May