

Mohamed Rouabhi, auteur dramatique, comédien et metteur en scène français, est au micro d'Arnaud Laporte. Le texte qu’il signe pour la pièce "Moi, Jean-Noël Moulin, Président sans fin joué" est l’occasion de retracer avec lui son parcours, son imaginaire et son processus créatif.
- Mohamed Rouabhi comédien, dramaturge, metteur en scène, auteur d'une pièce sur Malcolm X.
C’est un monologue, écrit sur mesure pour son complice Patrick Pineau, qui l’amène à venir dialoguer au micro d’Arnaud Laporte. Mohamed Rouabhi renouvelle sa collaboration avec le comédien dans Moi, Jean-Noël Moulin, Président sans fin mis en scène par Sylvie Orcier. Un spectacle à la fois insolite et poétique qui fait une étape au théâtre MC93 du 23 septembre au 3 octobre avant de partir en tournée dans toute la France.
Avec Patrick, on s'est beaucoup concertés. On a essayé d'extraire une espèce de nectar, des choses essentielles pour comprendre l'histoire. Il est au milieu de la nature, une nature qui n'est plus une nature hostile mais qui est une nature en train de mourir. Lui qui s'est retiré pendant des années, il décide finalement de faire quelque chose. L’occasion se présente : Il va faire quelque chose pour l'humanité. Un ermite s’est être retiré de ce monde, sauf qu'il lui reste une chose qui est essentielle et qui se retrouve dans beaucoup de mes textes : c’est la radio. La radio, c'est le vecteur de toutes les révolutions et de toutes les évolutions.
Publicité
De quoi est fait l’imaginaire de l’artiste, d’où vient sa vocation, qu’elles sont ses inspirations et ses méthodes de travail, tentative d'approche du processus de création de Mohamed Rouabhi...
L’émergence d’une vocation
Marqué par les récits de captivité de sa mère, ex-militante FLN, et de son père, ouvrier métallurgiste qui combattit dans l’Armée Française pendant la Seconde Guerre Mondiale au sein des Bataillons Indigènes, Mohamed Rouabhi est aujourd’hui un artiste engagé. Né en 1965, le futur artiste exerce d’abord différents métiers sur les chantiers puis se découvre un intérêt pour la poésie.
Il y avait le métro et ce métro faisait beaucoup de bruit. Il était insalubre, il y avait énormément de gens. On était debout. Et moi, je lisais énormément. Je lisais pour aller entre chez moi et le boulot. Je lisais tout le temps, debout, en marchant, et c'est comme ça que j'ai pris le goût. Le travail m'a fait aimer la poésie, la littérature.
Le théâtre c'est le livre, c'est l'écrit et c'est ça qui me plaisait. J'étais amoureux des livres, de la poésie. Que ça soit Rostan, Racine, Koltès... On commence par là. J'avais déjà une relation particulière avec le livre. Donc tout naturellement, je suis arrivé au théâtre.
Se rêvant meilleur orateur, Rouabhi cherche à parfaire sa diction et entre pour ce faire au conservatoire municipal de Drancy puis est admis à la Rue Blanche (ENSATT) en 1985 où il travaille avec Marcel Bozonnet, Stuart Seide et Brigitte Jaques. Il. A peine sorti de l’école, il remplace au pied levé un comédien d’une troupe palestinienne invitée par le Théâtre du Soleil.
Quand on a commencé au début après la rue Blanche, ce n'est pas qu'on avait envie de tout casser, mais on avait envie d'inventer un nouveau répertoire, de parler d'aujourd'hui. Mes premiers textes étaient sur le monde ouvrier. C'est des choses qu'on connaissait. C'est le côté populaire et le côté qu'on aimait au théâtre et qu'on avait envie de défendre et de montrer. C'était ces écritures nouvelles et tout ça, ça manquait beaucoup. Il faut aller contre une espèce de mode, même si j'aimais bien évidemment les spectacles de Chéreau, de Grüber, etc. Ce n'est pas se mettre en concurrence avec ça, mais c'est à un moment donné, aujourd'hui, ici et maintenant, comment faire du théâtre? À qui? Pour quoi faire? C'est toujours les questions posées auxquelles on essaie de répondre, on avait vingt-cinq balais et c'est ce qu'on essayait de faire.
Un artiste acharné
Touche à tout, Rouabhi créé avec Claire Lasne la compagnie « Les Acharnés » en 1991 qui produira Les Acharnés, Les Fragments de Kaposi, Ma petite Vie de Rien du Tout, Jeremy Fisher, ou encore Les nouveaux Bâtisseurs. L’auteur dramatique s’est fait remarquer avec Malcom X en 2000 qu’il met en scène, puis Requiem opus 61 et Soigne ton droit. Il joue également dès l’âge de vingt ans dans de nombreux spectacles montés par Claire Lasne, Patrick Pineau, Jean-Christophe Baüly, Arnaud Des Pallières, Marcel Bozonnet, Anne Torrès et bien d’autres. On peut notamment relever Providence Café en 2003, l’année où il reçoit le Prix SACD Nouveau Talent Théâtre.
Je suis quelqu'un d'assez éclectique, c'est à dire je fais du théâtre, mais aussi j'aime beaucoup faire des voix pour les documentaires, pour France Culture, tout ça. J'aime cette diversité des choses. Parce qu'au cœur de tout ça, il y a vraiment des textes. Il y a des rencontres avec l'histoire avec un grand H, mais aussi avec notre quotidien, notre vie. Tous les jours, il y a le temps de la réflexion qui est important. Il faut laisser un peu macérer. Dès fois, on se plante, on va dans un endroit pour faire marche arrière. Le temps était un luxe pour nous dont je voulais user pour pouvoir améliorer l'écriture. Prendre le temps aussi de voir des gens et puis d'essayer de fomenter des projets avec eux.
Un artiste conteur
L’artiste convoque les histoires individuelles, l’Histoire de France mais aussi internationale sous le prisme de la question coloniale, la problématique relative à la représentation de la banlieue ou encore les textes d’activistes noirs. Ces différentes thématiques sont parfois mises en dialogue avec des archives et documents dans ses pièces. Rouabhi créé également des pièces de théâtre pour le jeune public et anime de nombreux ateliers d’écriture en milieu carcéral et scolaire en France et à l’étranger, notamment à Ramallah et à Bethléem.
On fait du théâtre pour des gens. Ça parait bête mais on travaille pour un public. Et moi, j'écris pour des acteurs. C'est très particulier. On a un rapport continuel, c'est un fil qui ne doit pas se briser. Sans ça, ça n'a pas de sens. On n'écrit pas du théâtre pour que ça soit lu, on écrit du théâtre pour que ça soit joué. Cette littérature, elle doit prendre corps, être vivante, bouger.
Son actualité :
Moi, Jean-Noël Moulin, Président sans fin, texte de Mohamed Rouabhi, mis en scène par Sylvie Orcier, du 23 septembre au 3 octobre au MC93
En tournée : le 12 septembre au Théâtre Firmin Gémier / La Piscine, Châtenay-Malabry ; le 13 novembre au Théâtre Le Scénograph à Saint-Céré; le 19 novembre au Théâtre Le Canal à Redon, du 25 au 27 mars au Théâtre-Sénart à Lieusaint.
Présentation : Depuis une trentaine d’années, Jean-Noël Moulin vit reclus dans les bois seul avec son chien. Une nuit, il apprend par les ondes que l’avion qui transportait le « Président » a percuté la montagne...
Sons diffusés pendant l'émission :
- Mahmoud Darwich qui lit un de ses poèmes, extrait d’un documentaire de Simone Bitton et Elias Sanbar (1997).
- Allocution de Bertrand Lamber, marche sur le LARZAC organisée par les Paysans-Travailleurs (25 et 26 août 1973). Mis en ligne sur Soundclound par Mohamed Rouabhi.
- Archive d'un entretien entre Jean-Pierre Elkabach et Maurice Papon en octobre 1991, diffusé sur la Cinq.
- Charles Mingus, « Non sectarian blues », album : Dave Brubeck : « Summit Sessions » (1971).
Générique de l’émission : Succession, Season 1 (HBO Original Series Soundtrack) de Nicholas Britel.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration
- Production déléguée
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation