Romeo Castellucci : "La liberté n'a aucun sens dans l'art"

Romeo Castellucci est né en 1960 à Cesena, en Italie.
Romeo Castellucci est né en 1960 à Cesena, en Italie. - ©Eva Castellucci
Romeo Castellucci est né en 1960 à Cesena, en Italie. - ©Eva Castellucci
Romeo Castellucci est né en 1960 à Cesena, en Italie. - ©Eva Castellucci
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Le metteur en scène de théâtre Romeo Castellucci revient au micro d'Arnaud Laporte sur son parcours personnel et son processus de création.

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Dans un entretien au long cours au micro d'Arnaud Laporte, le metteur en scène de théâtre Romeo Castellucci revient sur son parcours personnel et son processus de création.

Avec sa compagnie Societas Rafaello Sanzio, le metteur en scène Romeo Castellucci est l'auteur de pièces de théâtres qui ont fait le tour du monde pour laisser une trace indélébile dans l'esprit des spectateurs et des critiques, ainsi que dans la définition même du théâtre contemporain. Sa dernière oeuvre en date est une installation intitulée Le Troisième Reich, présentée du 10 au 11 mars 2021 au Phénix, scène nationale de Valenciennes.

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Né à Cesena, en Italie, en 1960, Romeo Castellucci est diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Bologne en scénographie et en peinture. A l'âge de 15 ans, il découvre dans le théâtre municipal de Cesena un spectacle du comédien et metteur en scène Carmelo Bene. Vécue comme un choc propulsé par le hasard, cette rencontre fondatrice lui fait prendre conscience des potentialités du théâtre. A 21 ans, en 1981, il fonde sa compagnie théâtrale Societas Rafaello Sanzio. Il se nourrit théoriquement avec la pensée de Jerzy Grotowski et son ouvrage Vers un théâtre pauvre.

La vision de Carmelo Bene m'a choquée et fait comprendre que le théâtre est un champ de bataille. Une gigantesque lutte avec notre corps et celui de la société, avec le langage qu'on a et qui nous possède. J'ai appris la philosophie profonde du théâtre : pas de réponses, pas d'illustrations, il s'agit vraiment d'allumer un feu. Ça a été la leçon de violence de Carmelo Bene, une violence encadrée dans l'esthétique, ce qui fut une énorme découverte, une clé pour la vie.      
Romeo Castellucci

Il faut se libérer du discours. Le lieu est la caverne où l'on allume un feu pour former un cercle. La chaleur de ce feu peut éclairer la caverne, mais brûler également. C'est un geste primitif. Le contenu est secondaire, là est le paradoxe. Le plus important est de créer un lieu. Si l'on en est capable, on est alors capable de créer un temps nouveau. C'est la puissance inouïe du théâtre que de pouvoir créer un temps toujours nouveau.      
Romeo Castellucci

Depuis plus de vingt ans, Romeo Castellucci présente ses spectacles en France, en commençant par livrer sa vision de L'Orestie d'Eschyle, au Maillon à Strasbourg, en 1997. Suivront Giulio Cesare d'après Shakespeare et Voyage au bout de la nuit d'après le roman de Céline au festival d'Avignon. En 2008, il est artiste associé du festival, où il présente un triptyque autour de l'oeuvre de Dante : Inferno, Purgatorio et Paradisio. Depuis 2011, il a également mis en scène de nombreux opéras et oratorios, ainsi que des spectacles créés à partir d'oeuvres de musique classique, comme celui qu'il présente à Aix-en-Provence en 2019 d'après le Requiem de Mozart. 

Il faut se libérer du costume du théâtre, pour imaginer et oser une création. Créer, c'est un geste mégalomane et arbitraire qui ne peut arriver qu'avec une violence envers soi-même, envers son égo.      
Romeo Castellucci

La liberté n'a aucun sens dans l'art. L'exercice de la création a toujours a faire avec les limites et les contraintes.      
Romeo Castellucci

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