Soprane à la voix céleste et aux aigues stratosphériques, Sabine Devieilhe renoue avec la musique ancienne, son premier amour, dans le disque « Bach & Handel » avec l’Ensemble Pygmalion, et l’opéra « Alcina ». Retour, en sa présence et au micro d'Arnaud Laporte, sur son parcours d’artiste totale.
- Sabine Devieilhe Soprano française (1985, Ifs - )
Hier jeune espoir du chant lyrique, aujourd’hui artiste incontournable courtisée par les grandes scènes internationales, Sabine Devieilhe ne cesse de nous enchanter par sa virtuosité musicale et théâtrale. Elle renoue aujourd’hui avec ses premiers amours pour la musique ancienne dans son dernier disque Bach - Handel avec l’Ensemble Pygmalion dirigé par Raphaël Pichon, mais aussi sur la scène de l’Opéra de Paris où elle interprète Morgana dans le célèbre opéra Alcina d’Haendel servi par la mise en scène de Robert Carsen.
"Là où, chez Bach, on est dans une dimension quasi instrumentale de notre voix, chez Haendel, c'est le sentiment qui est le maître, c'est l'incarnation"
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Une voix toute tracée
Héritière de la prestigieuse lignée des coloratures françaises, de Marie van Zandt à Mady Mesplé, en passant par Lily Pons, Mado Robin, ou Liliane Berton, Sabine Devieilhe possède cette quinte aiguë si prisée du répertoire lyrique français. Pourtant, c’est d’abord en tant que violoncelliste que la soprane est entrée en scène. Après ses débuts à l’école de musique d’Ifs puis aux Conservatoires de Caen et de Rennes, Sabine Devieilhe troque son violoncelle contre un autre instrument, sa voix, qu’elle perfectionne au Conservatoire National de Musique de Paris dont elle sort avec le premier prix du jury.
"J'ai été porté par cette par cette fougue de la jeunesse et ça a marché"
Depuis ses débuts en 2012 au Festival d’Aix en Provence dans Serpetta de La finta giadiniera, son premier Mozart, Sabine Devieilhe a multiplié les prises de rôles remarquées. Parmi elles, citons notamment ses prestations en Amina dans La Somnambula, en Zerbinetta dans Ariane et Naxos, en Soeur Constance du Dialogues des carmélites, mais surtout en Lakmé de l’opéra éponyme de Léo Délibes et La Reine de la Nuit de La Flute enchantée de Mozart_._ Au cours de l'entretien, elle revient sur ce dernier rôle :
"C'est un grand rendez-vous pour une soprano colorature de faire sa première Reine de la nuit à l'Opéra Bastille. Le travail millimétré et tellement humain de Robert Carsen m'a servi à me tricoter ma propre reine de la nuit, à la composer véritablement. On a beaucoup parlé de la froideur naturelle et merveilleusement rayonnante de Catherine Deneuve qui, finalement, nous donne tellement envie d'aller vers elle."
Le naturel de son chant, la pureté de ses aigus et l'agilité de ses vocalises lui ont valu d’être sacrée « artiste lyrique de l’année » aux Victoires de la musique en 2015.
Une intelligence du jeu
De l’Opéra de Lyon à l’Opéra de Paris, en passant par La Scala et le Royal Opera House de Londres, Sabine Devieilhe s’est imposée sur les scènes les plus prestigieuses comme artiste totale grâce à sa capacité d’incarnation. Face au public, elle donne une rare intensité aux rôles qu’elle endosse et fait montre d’une grande présence théâtrale naturelle.
"Au début, c'était plus un vertige qu'autre chose. Moi qui sortais du groupe, le groupe me manquait finalement. Je faisais aussi beaucoup de chœurs, je chantais en ensemble. De me retrouver sur le devant de la scène c'était un peu flippant au début. Et puis, je pense que la rencontre avec Lakmé, cette jeune femme qui s'apprend pendant cet opéra, a été vraiment décisive pour moi. C'est le moment où j'ai compris que mon rapport avec le public, par ce rôle, était en train de se tisser"
Avec ses prestations dans Lakmé de Léo Delibes à l’Opéra-Comique en 2014, elle a marqué le rôle de la jeune hindoue en transformant le tintinnabulant Air des clochettes en véritable scène tragique, affirmant par-là son intelligence du jeu en plus de son timbre aérien.
"Le goût du détail, c'est aussi ce qui sert à une jeune artiste à se définir et à se faire"
La musique classique en partage
Immense soliste, Sabine Devieilhe reste toutefois très attachée à la musique faite « en famille ». Après des débuts dans le Chœur de Rennes, elle conjugue en effet la solitude du chanteur de fond des grandes scènes lyriques par des collaborations ponctuelles avec des ensembles. Pour son premier disque, consacré à la musique de Jean-Philippe Rameau, un compositeur qu’elle fréquente assidûment depuis ses années de conservatoire, la soprane a collaboré avec l'ensemble des Ambassadeurs dirigé par Alexis Kossenko. Avec Mirage, un disque d'airs d'opéra et de mélodies françaises dont l'héroïne de l’opéra Lakmé de Delibes est la clé de voute, elle s'est associée avec l'ensemble Les Siècles de François-Xavier Roth.
En 2015, elle a signé avec L’ensemble Pygmalion et leur chef Raphaël Pichon (son mari à la ville) le disque Mozart - The Weber Sisters en 2015 dans lequel ils suivent la rencontre de Mozart avec les sœurs Weber, trois chanteuses filles d'un musicien de Mannheim, pour qui il composé des airs et des rôles inoubliables. Avant de renouveler sa collaboration avec Pygmalion pour son dernier disque, Sabine Devieilhe a également signé le disque Chanson d'amour accompagné par le piano complice d'Alexandre Tharaud .
Sabine Devieilhe est aussi engagée dans le soutien et l’accompagnement de la génération émergente.
Ses actualités:
- Album : Bach & Handel chez Warner Classics, avec Raphaël Pichon et l'Ensemble Pygmalion.
- Opéra: reprise d'Alcina de Georg Friedrich Haendel, mise en scène de Robert Carsen, à l'Opéra de paris du 25 novembre au 30 décembre 2021. Avec Jeanine de Bique, Gaëlle Arquez, Sabine Devieilhe (25 nov. > 17 déc.), Elsa Benoit (19 > 30 déc.), Roxana Constantinescu, Rupert Charlesworth et Nicolas Courjal. Résumé de l'histoire, en quelques mots, sur le site de l'Opéra de Paris:
"L’histoire de l’opéra n’a cessé d’être hantée par des femmes ensorcelant les hommes. Alcina ne fait pas exception : elle séduit ses victimes jusqu’à leur faire oublier leur propre patrie. Danger de l’amour déréglé ou délices de l’abandon de soi ? Par-delà le merveilleux, le génie de Haendel s’attache à peindre en Alcina une femme blessée, profondément humaine et pathétique : le chant de la magicienne déchue nous inspire une étrange compassion. De cette ambiguïté, du clair‑obscur des sentiments et des travestissements du désir, la mise en scène de Robert Carsen, qui fit entrer l’oeuvre au répertoire de l’Opéra de Paris, sait jouer avec finesse."
Sons diffusés pendant l'émission :
- Christophe Béguin, violoncelliste et écrivain, lit un extrait de son premier ouvrage « Guerre de beauté » en 2012 sur France Culture.
- Extrait de la cantate de Bach BWV 51 (plage 23) sur le disque Bach & Handel chez Warner Classics, de Sabine Devieilhe avec Raphaël Pichon et l'Ensemble Pygmalion.
- Wesendonck-Lied numéro 4 de Wagner interprété par Julia Varady, sous la direction de Dietrich Fischer-Dieska.
- Jean-Claude Malgoire, en mars 2018 sur France Musique, à propos de Haendel.
- Extrait de l’oratorio la Passion selon Brockes (plage 12) sur le disque Bach & Handel chez Warner Classics, de Sabine Devieilhe avec Raphaël Pichon et l'Ensemble Pygmalion.
L'équipe
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