Allemagne, Russie, Ukraine : les pièges du gazoduc

Des tuyaux jonchent le sol le long du gazoduc Nord Stream 2, près du village de Wrangelsburg, dans le nord-est de l'Allemagne, le 8 septembre 2020.
Des tuyaux jonchent le sol le long du gazoduc Nord Stream 2, près du village de Wrangelsburg, dans le nord-est de l'Allemagne, le 8 septembre 2020.  ©AFP - Odd ANDERSEN
Des tuyaux jonchent le sol le long du gazoduc Nord Stream 2, près du village de Wrangelsburg, dans le nord-est de l'Allemagne, le 8 septembre 2020. ©AFP - Odd ANDERSEN
Des tuyaux jonchent le sol le long du gazoduc Nord Stream 2, près du village de Wrangelsburg, dans le nord-est de l'Allemagne, le 8 septembre 2020. ©AFP - Odd ANDERSEN
Publicité

Comment le Nord Steam 2 accroît-il les tensions entre la Russie et l'Europe ?

Avec
  • Igor Iourgens Directeur de l’Institut de développement contemporain
  • Paul Maurice Chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Ifri,
  • Thierry Bros Professeur à Sciences Po, spécialiste de l'énergie
  • Céline Bayou Chargée de cours à l'INALCO, chercheure associée au CREE (Centre de recherches Europes-Eurasie) de l'INALCO et rédactrice en chef de la revue en ligne Regard sur l'Est.

160 km. Il ne reste que 160 km de tubes à poser sous la mer Baltique pour le terminer, et pourtant le gazoduc Nord Stream 2, qui doit alimenter l’Allemagne et l’Europe en gaz naturel russe, semble aller tout droit dans l’impasse. 

Menace extraterritoriale 

Impasse diplomatique pour Berlin qui, en plein contrecoup de l’affaire Navalny, est pris en étau entre Moscou, anxieux de vendre ses hydrocarbures, et Washington, hostile à une telle emprise russe au détriment de l’Ukraine, qui vit des rentes du transit gazier sur son territoire. 

Publicité

Impasse économique pour l’Union Européenne, divisée sur le projet, dont les entreprises se dérobent une à une sous la menace extraterritoriale des sanctions américaines. 

Impasse politique pour Angela Merkel qui, dans les derniers mois de son mandat et à la veille de scrutins régionaux importants pour sa coalition, veut poursuivre la transformation énergétique du pays au mieux de ses intérêts industriels. 

Comment sortir du boyau au moment où Américains et Européens, à l’unisson, font mine de durcir le ton vis à vis de Vladimir Poutine qui s’en moque ? La riposte la plus efficace à la politique de répression menée par le Kremlin serait l’abandon du gazoduc et des milliards investis. Jo Biden est pour. La Pologne aussi. Faut-il acculer davantage Angela Merkel à ses propres contradictions ? Ni Paris ni Bruxelles n’y sont prêts. S’agit-il d’un dossier européen visant à une politique énergétique commune, ou vaut-il mieux le circonscrire à un problème entre les États-Unis et l’Allemagne, qui rêve d’une nouvelle lune de miel transatlantique ? 

Christine Ockrent reçoit Céline Bayou, chercheure associée au CREE (Centre de Recherche Europe Eurasie de l’Inalco), chargée de cours à l’Inalco et rédactrice en chef de "Regards sur l'Est", autrice de l’article « L’énergie dans la région Baltique, un enjeu primordial de sécurité », parue dans la revue Stratégique en 2019

Thierry Bros, professeur à Sciences-Po, spécialiste des questions énergétiques, co-auteur du livre « Géopolitique du gaz russe : vecteur de pouvoir et enjeu économique », (Inventaire, 2017)

Igor Iourgens, directeur de l'Institut de développement contemporain 

Paul Maurice, chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Ifri, auteur d’un récent article sur le site Géopoweb, intitulé « Présidence allemande du Conseil de l’Union européenne (UE) : Quel bilan géopolitique ? » 

L'équipe