Biden : une conférence pour la démocratie

Dans l’élan de sa campagne présidentielle, au printemps de l’année dernière, Joe Biden avait promis d’organiser un sommet des démocraties pour souligner l’urgence de combattre à la fois les populismes et les régimes autocratiques. 

Critères ambigus 

En ligne de mire, les émules de Donald Trump, la Russie et bien sûr la Chine. A l’époque déjà, en Europe et à Paris, l’idée de se ranger ainsi sous la bannière étoilée ne suscitait pas grand enthousiasme. Plus d’un an et quelques crises plus tard, le projet semble embarrasser tout le monde, jusqu’aux organisateurs du département d’état à Washington. 

Ce sommet des démocraties, devenu sommet pour la démocratie, doit avoir lieu vendredi et samedi prochain par visioconférence. Le format empêchera a priori tout échange. La liste des invités surprend : on y trouve la Pologne mais pas la Hongrie, le Brésil mais pas la Turquie – les priorités stratégiques américaines l’emportent visiblement sur des valeurs aux critères parfois ambigus. L’administration Biden se serait-elle piégée elle-même en imposant un tel exercice au moment où l’état de la démocratie aux Etats-Unis est particulièrement alarmant ? 

Clivages politiques, radicalisation des extrêmes à droite comme à gauche, fêlures sociales et culturelles jusque dans le combat contre le Covid – pas question, entend-on à Washington, de donner des leçons de conduite mais bien de consolider un front, notamment sur le plan technologique, contre le rival principal : le régime de Xi Jinping. 

Quelle est la riposte de Pékin, que signifie la publication il y a deux jours de ce livre blanc qui affirme précisément que la démocratie triomphe en Chine ? Comment réagit le Kremlin ? Confrontation ou affrontement des modèles, mise à l’épreuve des solidarités occidentales et asiatiques – quels sont les enjeux de ce sommet ? Les Européens seront-ils tous sur la même ligne ?