Biélorussie : un protectorat stalinien en Europe

Des agents des forces de l'ordre arrêtent des partisans de l'opposition lors d'un rassemblement pour protester contre les résultats de l'élection présidentielle biélorusse à Minsk, le 15 novembre 2020.
Des agents des forces de l'ordre arrêtent des partisans de l'opposition lors d'un rassemblement pour protester contre les résultats de l'élection présidentielle biélorusse à Minsk, le 15 novembre 2020.  ©AFP
Des agents des forces de l'ordre arrêtent des partisans de l'opposition lors d'un rassemblement pour protester contre les résultats de l'élection présidentielle biélorusse à Minsk, le 15 novembre 2020. ©AFP
Des agents des forces de l'ordre arrêtent des partisans de l'opposition lors d'un rassemblement pour protester contre les résultats de l'élection présidentielle biélorusse à Minsk, le 15 novembre 2020. ©AFP
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Comment analyser le vol détourné par le régime d'Alexandre Loukachenko, le 23 mai dernier ?

Avec
  • Tatiana Kastouéva-Jean Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri
  • Alexandra Goujon Maîtresse de conférences à l’Université de Bourgogne, enseignante à Sciences Po Paris et spécialiste de l’Ukraine et de la Biélorussie
  • Cyrille Bret maître de conférences à Sciences Po Paris et co-auteur du blog EurAsiaProspective.net.
  • Amélie Zima Docteure en science politique et chercheuse au Centre Thucydide (Université Panthéon-Assas)

« Abject, inacceptable, sans précédent, piraterie d’état, acte  terroriste d’un état criminel »…. Depuis dimanche dernier et le détournement par la Biélorussie d’un vol Ryanair et de ses 170 passagers pour s’emparer d’un opposant au régime, le langage des chancelleries est sorti du corset traditionnel. 

Durcissement autoritaire

Les gouvernements occidentaux ont  rivalisé d’épithètes pour condamner les agissements d’Alexandre Loukachenko, qui préside depuis 27 ans aux destinées de ce pays tampon entre la Russie et l’Union Européenne, le dernier despote à la mode  stalinienne sur notre continent. 

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Vendredi, à Sotchi, Vladimir Poutine a reçu son féal avec ce mélange de dédain et de fausse bonhomie qui, selon  certains, fait son charme. Mieux que les messages de soutien, une façon  pour le Kremlin de signifier aux Occidentaux que certes les deux  dirigeants ne sont pas sur le même pied mais qu’ils ont maintenant partie liée. 

Unité, rapidité, sanctions : cette fois l’Union Européenne  n’a pas tergiversé, l’espace aérien biélorusse est contourné, des  mesures sectorielles vont frapper l’économie biélorusse et ses  dirigeants. Embarrassée et divisée à chaque fois qu’il lui faut définir  sa politique vis à vis de Moscou, l’Europe est néanmoins au pied du mur.  

Comment réagir face à une Russie au discours anti-occidental de plus en  plus offensif, au recours croissant aux cyberattaques, en plein durcissement autoritaire elle aussi ? Comment protéger en Lituanie, en Pologne, en Ukraine et ailleurs les milliers de Biélorusses qui ont fui  la répression et qui maintenant craignent pour leur sécurité ? 

Dix mois après sa réélection contestée, le président biélorusse muscle son  régime, emprisonne à tour de bras ; le pire est à craindre pour Roman Protassevitch et sa compagne, capturés en plein ciel, l’opposition  faiblit, et l’isolement du pays aggrave la situation. 

L’opération  biélorusse, spectaculaire, fait-elle le jeu de Vladimir Poutine ou lui  complique-t-elle la partie ? Que peuvent les démocraties face à un tel  mépris des normes juridiques internationales ? Le Conseil de Sécurité  est impuissant, l’OTAN temporise, le Royaume Uni  prépare le G7,  Emmanuel Macron demande qu’on y invite la dirigeante de  l’opposition biélorusse, et le 16 juin prochain, Joe Biden rencontrera  Vladimir Poutine à Genève. Que pèse donc l’Europe en de telles  circonstances ?

Christine Ockrent reçoit Tatiana Kastoueva-Jean, directrice du Centre Russie/NEI de l'Ifri, autrice de « La Russie de Poutine en 100 questions » (Tallandier, 2020) 

Alexandra Goujon, maîtresse de conférences à l’université de Bourgogne, rattachée au Centre de recherche et d’étude en droit et science politique (Credespo), autrice d’un article intitulé « L’Ukraine face aux crises », dans le Ramsès 2021 

Cyrille Bret, maître de conférences en géopolitique à Sciences Po Paris, auteur de « Dix attentats qui ont changé notre monde : comprendre le terrorisme au XXIe siècle » (Armand Colin, septembre 2020) 

Amélie Zima, chercheuse au Centre de civilisation française de l’Université de Varsovie, autrice de “L’OTAN”, (Que Sais-Je, avril 2021) 

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