Chine : le 2e sacre de Xi

Xi Jinping avec les membres du Comité central du Parti communiste à Pékin le 30 septembre 2017
Xi Jinping avec les membres du Comité central du Parti communiste à Pékin le 30 septembre 2017 ©AFP - GREG BAKER
Xi Jinping avec les membres du Comité central du Parti communiste à Pékin le 30 septembre 2017 ©AFP - GREG BAKER
Xi Jinping avec les membres du Comité central du Parti communiste à Pékin le 30 septembre 2017 ©AFP - GREG BAKER
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A quelques jours du 19e congrès du PC chinois, qui va sacrer à nouveau Xi Jinping, jusqu'où le rêve chinois qu'il entend incarner s'est-il concrétisé au cours de son premier mandat?

Avec
  • Pierre Grosser historien, spécialiste des relations internationales, membre du Centre d’histoire de Sciences Po.
  • François Godement Historien et sinologue, conseiller pour l’Asie à l’Institut Montaigne, membre associé du Carnegie Endowment for International Peace
  • Sébastien Jean Professeur d'économie au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)
  • Valérie Niquet Politologue, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique

Censure alourdie, sécurité renforcée, recadrage politique et idéologique : à l'orée du 19e congrès du PC chinois, tout l'appareil du pouvoir se raidit dans l'Empire du Milieu. Le rituel paraît immuable et pourtant le 18 octobre prochain, il s'agira bien d'un nouveau sacre pour le président Xi Jinping qui entamera ainsi un deuxième mandat de cinq ans. Au-delà du culte de la personnalité, désormais installé et de l’élargissement sans précédent de ses prérogatives à tous les secteurs clés du système, Xi Jinping doit officialiser une nouvelle équipe dirigeante et réaffirmer les objectifs assignés à la deuxième puissance économique du monde. Si les ambitions stratégiques de la Chine se sont affirmées sur le plan économique comme sur le plan militaire, les réformes annoncées ont-elles abouti ? La personnification accrue du pouvoir va-t-elle multiplier ses propres écueils?

Avec Valérie Niquet, Responsable du pôle Asie, à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Elle publie le 12 octobre prochain, La puissance chinoise en 100 questions, chez Tallandier.

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François Godement, professeur des universités à Sciences Po, directeur du programme Chine de l'European Council on Foreign Relations, il a publié Que veut la Chine ? : de Mao au capitalisme chez Odile Jacob en 2012.

Pierre Grosser, historien, spécialiste des relations internationales qu'il enseigne à Sciences Po-Paris. Il a publié Traiter avec le diable ? et plus récemment L'histoire du monde se fait en Asie : une autre vision du XXe siècle (chez Odile Jacob en 2017).

Sébastien Jean, Directeur du CEPII (Centre de recherche français dans le domaine de l’économie internationale). Directeur de recherche à l**'INRA**.

Ouvrages de V. Niquet, de F. Godement et de P. Grosser
Ouvrages de V. Niquet, de F. Godement et de P. Grosser
- Tallandier / Odile Jacob

- La chronique d’Éric Chol

Pour prolonger :

"Xi Jinping dans les pas de Mao" : « Le Monde » publie des extraits de l’essai « Dans la tête de Xi Jinping », dans lequel François Bougon, chef adjoint du service International du quotidien, dresse le portrait du leader discret et méconnu de la deuxième puissance économique mondiale. LE MONDE | 02.10.2017

Extraits de l'ouvrage de Valérie Niquet, La puissance chinoise en 100 questions, chez Tallandier.

  • Extrait de l'introduction

La Chine souffre de nombreuses faiblesses : impasse environnementale, faillite des valeurs morales et sentiment d’insatisfaction, qui vont bien au-delà des simples enjeux économiques 1. Les Chinois, des dirigeants aux analystes en passant par une blogosphère qui reste dynamique en dépit des contrôles, sont les premiers à le constater. Mais, si cette capacité de diagnostic est impressionnante, la mise en oeuvre des réformes, que chacun sait indispensables, s’avère problématique, malgré le pragmatisme dont le régime a su faire preuve. Au niveau local, le pouvoir fait face à une résistance molle de la part de fonctionnaires qui ont perdu beaucoup de leur motivation avec la lutte contre la corruption. Au niveau central, la priorité demeure la survie du régime de Parti unique et non sa transformation graduelle en un système plus ouvert. Les objectifs de réforme et de développement sont subordonnés à cette exigence qui tient lieu de stratégie à long terme.

Les dirigeants chinois, qui ont lu Tocqueville, savent qu’une trop grande ouverture dans un système figé est susceptible de faire basculer l’ensemble de l’édifice – le contre-exemple de l’effondrement de l’URSS de Mikhaïl Gorbatchev demeure présent à leur esprit. Le régime est confronté à des défis considérables. Ne pas réformer, c’est prendre le risque d’une aggravation des blocages dont souffre le pays. À l’inverse, réformer, c’est prendre le risque de mesures qui touchent au cœur du fonctionnement du régime. Cette contradiction n’est pas résolue, et il n’est pas certain qu’elle puisse l’être sans crise majeure.

  • Extrait de la question n°42 "Qui dirige la Chine ?"

Si l’on a pu parler d’un triangle du pouvoir en Chine entre le Parti, l’État et l’armée, l’autorité réelle est concentrée au sein du Parti communiste chinois. C’est au titre de secrétaire général du Parti communiste, président de la Commission militaire centrale (CMC) du Parti, que le président chinois détient sa véritable puissance.

Depuis la disparition de Mao Zedong et de son successeur réformiste Deng Xiaoping, le Parti communiste a connu un processus d’institutionnalisation qui, même imparfait, impose des garde-fous pour éviter un retour aux dérives de la Révolution culturelle et garantir un système de transition apaisé. Le président de la République ne peut effectuer plus de deux mandats de cinq ans consécutifs. Des règles non officielles d’âge limite, fixé depuis 2007 à soixante-huit ans, ont été mises en place. Surtout, au sein du Comité permanent du bureau politique du Comité central, un système de direction collective – toujours fragile – a été instauré. Néanmoins, l’autorité suprême du Parti communiste et de ses instances dirigeantes n’est nullement remise en cause.

Le Congrès du Parti communiste chinois réunit à Pékin tous les cinq ans, généralement au mois d’octobre, plus de 2 200 délégués représentant les 89 millions de membres du Parti. Il élit, sur une liste de candidats quasi identique au nombre total de sièges, les 376 membres permanents et suppléants du Comité central, ainsi que ceux de la Commission centrale d’inspection de la discipline. Le Comité central nomme le secrétariat général du Comité central, les membres de la Commission militaire centrale du Parti, les membres du bureau politique et le Comité permanent du bureau politique, l’instance la plus élevée du pouvoir en Chine. Dans la réalité, l’ensemble de ces nominations dépend d’un jeu de cooptations et de réseaux, et résulte de tractations entre différentes factions. Depuis le 18e Congrès qui s’est tenu en 2012, le nombre de membres du Comité permanent du bureau politique est passé de neuf à sept membres, avec à leur tête Xi Jinping, secrétaire général du Parti communiste.

Si, en théorie, le Congrès du Parti communiste est le détenteur du pouvoir à l’intérieur du Parti communiste, en pratique, ce sont les décisions du Comité permanent du bureau politique qui s’imposent aux instances du Parti comme à celles de l’État. Le fonctionnement de ce Comité permanent demeure opaque, et il est difficile d’évaluer le degré de collégialité de la prise de décision, même si l’on s’accorde à considérer que, depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, l’autorité s’est resserrée entre les mains du secrétaire général.

Extraits de l'introduction de Pierre Grosser, L'histoire du monde se fait en Asie : une autre vision du XXe siècle (chez Odile Jacob en 2017).

Extrait de Pierre Grosser, L'histoire du monde se fait en Asie
Extrait de Pierre Grosser, L'histoire du monde se fait en Asie
- Odile Jacob
Extrait de Pierre Grosser, L'histoire du monde se fait en Asie
Extrait de Pierre Grosser, L'histoire du monde se fait en Asie
- Odile Jacob
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