Le 24 avril, l'Inde comptabilisait 40% des contaminations mondiales au Covid-19, avec 350 000 nouveaux cas positifs. Comment expliquer cette situation ? Quel impact sur la population ?
- Nicolas Gravel directeur du Centre de Ressources Humaines à New-Delhi
- Sandrine Prévot ethnologue, chercheure associée au Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS) à l'EHESS, autrice de “L’Inde, une société de réseaux” (Editions de l’Aube, avril 2021)
- Jean-Joseph Boillot Économiste, spécialiste des grands pays émergents
- Christophe Jaffrelot Directeur de recherche au CERI-Sciences Po/CNRS et co-directeur de l'Observatoire franco-allemand de l'Indo-Pacifique
La catastrophe est à la mesure, ou plutôt à la démesure de l’Inde et de son milliard 400 millions d’habitants: le pays est submergé par la Covid-19, et rien ne résiste à la pandémie, ni les infrastructures sanitaires, publiques ou privées, ni les approvisionnements en équipements de base, en oxygène, en denrées essentielles. D’un état à l’autre dans ce système fédéral, la situation diffère mais les responsables politiques renvoient le blâme au pouvoir central incarné par Narendra Modi.
La pharmacie du monde
Le premier ministre, promoteur sans merci du nationalisme hindou, qui donnait son pays en modèle, a maintenu les élections régionales dans l’espoir de conforter son pouvoir tout comme les grands rassemblements religieux qui ont accéléré encore la propagation du virus.
Il n’est pas question d’un nouveau confinement général – dans la capitale, le tournoi de cricket, le sport national, prestigieux et lucratif, suit son cours. Quant au nombre de victimes– plus de 400.000 nouveaux cas et 3.523 morts dans la seule journée d’hier - les statistiques officielles sont sans doute à multiplier par 10 ou par 30, notamment à New Delhi, à en juger par les bûchers funéraires improvisés jusque sur les parkings.
Pourquoi ce pays, surnommé la pharmacie du monde, tant ses industries du médicament sont puissantes, avec ses centres de recherche et ses propres fabricants de vaccin, pourquoi ce pays craque-t-il ainsi de toutes parts? Comment le régime, qui se flattait il y a quelques mois d’avoir jugulé le fléau, a-t-il perdu le contrôle de la situation sanitaire ?
Quelles conséquences économiques et sociales pour une population dont les souffrances se greffent sur des inégalités ancestrales ? La colère gronde malgré la censure. Qui en paiera la facture politique ? Les Etats-Unis, l’Europe mais aussi la Russie et la Chine rivalisent pour envoyer de l’aide. Le variant indien se répand, l’Inde doit renoncer à ses ambitions régionales. Quel retentissement sur le plan géopolitique?
Christine Ockrent reçoit Sandrine Prévot, ethnologue, chercheure associée au Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS) à l'EHESS, autrice de “L’Inde, une société de réseaux” (Editions de l’Aube, avril 2021)
Christophe Jaffrelot, directeur de recherche au CERI – Sciences Po et au CNRS, auteur de “L’Inde contemporaine” (Pluriel, 2019)
Jean-Joseph Boilllot, chercheur associé à l’Iris, auteur de “Utopies made in monde : le sage et l’économiste” (Odile Jacob, 2021)
Nicolas Gravel, directeur du Centre de Ressources Humaines à New-Delhi
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