Alors que la Russie est le premier exportateur de cette céréale, quelle adaptation nécessaire pour l’agriculture européenne ?
- Caroline Dufy Maitre de conférences en économie et en sociologie à Sciences po Bordeaux, spécialiste de l'économie russe
- Estelle Brack économiste, spécialiste des questions bancaires et financières à l’iReMMO.
- Sébastien Abis Directeur du club DEMETER et chercheur associé à l’IRIS
- Philippe Chalmin Professeur d'économie à l'université de Paris Dauphine.
Au sommet de Versailles qui s’est terminé vendredi, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union Européenne ont une fois de plus illustré leur cohésion face à Vladimir Poutine en décidant de financer davantage l’achat d’armement pour l’Ukraine. Ils ont surtout mesuré la gravité des conséquences de la guerre d’Ukraine pour les quelque 448 millions d’Européens dont nous sommes.
Augmentation des prix
Il n’y a pas que la dépendance énergétique et la sécurité, qui préoccupe au premier chef les pays voisins du conflit, il y a aussi partout en Europe l’enjeu du pouvoir d’achat et de l’inflation, directement impactés par la hausse ininterrompue des prix du gaz, du pétrole et des matières premières. Parmi les armes dont dispose le Kremlin pour contrer les sanctions occidentales frappant son économie, il est une, majeure : l’arme du blé.
La Russie est le premier exportateur mondial, l’Ukraine le 4ème – 1/3 des exportations de blé dans le monde est ainsi concerné, et le blocage des ports de la Mer Noire menace directement l’alimentation de base de dizaines de millions de personnes dans le pourtour méditerranéen. Le blé c’est le pain, le pain c’est la vie disent en un même mot les Egyptiens – l’Egypte est le premier acheteur sur ce marché très particulier, bousculé par la demande croissante de la Chine.
Les Etats-Unis, le Canada et la France, gros producteurs, bénéficient de l’augmentation des prix – plus 70% depuis le début de l’année. Le blé mais aussi d’autres céréales comme le maïs ou le tournesol, importants pour la nutrition animale, les engrais, fabriqués à base de gaz – c’est toute la filière agro-alimentaire qui est impactée à la hausse, et les chaînes de valeur bouleversées.
Quelles conséquences pour nous, quelle adaptation nécessaire pour l’agriculture européenne au moment où la transition écologique imposerait d’autres priorités, quels risques pour la stabilité intérieure de nombre de pays du Moyen-Orient et du Maghreb, largement dépendants des importations alimentaires, quelles conséquences pour la Russie elle-même et pour l’Ukraine ?e :
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